Service de remplacement cherche salariés !

« Faute de salariés, notre activité est en baisse, nous gérons la pénurie. » La présidente du Service de remplacement (SR) Loire, Véronique Murat, n’a pas tourné autour du pot lors de l’assemblée générale du 26 mars. Elle a dévoilé un rapport d’activités en recul. En 2018, les missions des agents du service de remplacement ont représenté l’équivalent de 52,45 ETP (Équivalent temps plein) contre 65,19 l’année précédente. « Mais notre volonté n’est pas de créer de l’activité à tout prix. On souhaite trouver le meilleur compromis entre répondre aux besoins sans pour autant user nos salariés », justifiait Laetitia Plassard, présidente de la structure Loire-Nord.
Un coût adhérent modéré
Car les besoins des 2 195 adhérents, dont 1 524 au contrat groupe, sont toujours là. Les maladies/accidents/décès représentent encore le motif le plus régulier (52 %), loin devant les congés (26 %) et les maternités/paternités (17 %). La baisse d’activité s’élève sur le département à 7,40 %, plus au nord (9,81 %) qu’au sud (5,06 %). Grâce aux subventions, et notamment celle du Département, le Service de remplacement peut facturer en-dessous du coût réel à ses adhérents (la journée coûte 179,32 euros, elle a été facturée 164 euros en moyenne en 2018) et avec les prises en charge diverses selon les motifs (MSA, etc.), le coût moyen pour l’adhérent revient à 42 % du coût réel.
La présidente regrettait par ailleurs que le SR doive trop régulièrement assurer un remplacement en urgence un week-end chez un agriculteur pas à jour de son adhésion, pourtant faible (12 euros). Le SR a donc décidé de mettre en place un droit d‘entrée pour freiner ce comportement. Mais le défi principal restera le recrutement des salariés. « On pourrait facilement embaucher dix CDI en plus », poursuivait Véronique Murat. Mais il faut déjà s’atteler à conserver les agents en place, en leur offrant des rythmes de travail acceptables et donc une meilleure qualité de vie : « Désormais, nos salariés ont un week-end sur deux de repos et ils apprécient. »
Parmi les pistes de recrutement explorées, un projet de partenariat avec l’enseignement agricole privé pour « accueillir en doublon des stagiaires avec nos salariés afin qu’ils découvrent le métier d’agent de remplacement », a été évoqué par Gilles Rouchouze (président, Loire-Sud). Par ailleurs, des sessions de MRS (Méthode de recrutement par simulation) ont été mises en place avec Pôle Emploi. Sur quinze candidats, deux ont réussi les tests. Il faut ensuite les former. Véronique Murat estime d’ailleurs urgent de revoir les formations existantes.
La présidente suggérait enfin que les futurs exploitants puissent réaliser des stages au sein d’un SR : « C’est une très bonne école pour voir des systèmes d’exploitation différents et affiner son projet d’installation. » Elle précisait d’autre part que, « si l’agriculteur trouve un salarié, nous l’embauchons car on se rend compte qu’un jeune dira plus facilement oui à l’agriculteur qu’il connait. Nous pouvons aussi embaucher des salariés plus âgés en reconversion professionnelle ».
Coup de gueule
Véronique Murat a terminé son rapport par un coup de gueule : « Revenons aux fondamentaux du service de remplacement : sauver l’exploitation si l’homme est défaillant. On ne compte plus les artisans ou commerçants qui déposent le bilan suite à un problème de santé. En agriculture, nous avons la chance d’avoir une solution que les aînés ont inventée. » Une solution existante mais parfois sous-exploitée : « Le nombre d’agriculteurs qui nous appellent en catastrophe car ils n’ont pas de contrat et ne peuvent plus travailler a augmenté… »
A ses yeux, ceux qui arrêtent leur contrat maladie accident font preuve « d’une inconscience pure ». Elle pointe du doigt les prétextes fallacieux : « On est assez nombreux sur l’exploitation », « ça coûte cher », « le salarié ne me convient pas », etc. « Il faut être capable de se mettre dans le rôle d’employeur, c’est obligatoire en tant que chef d’entreprise. Nos salariés ne sont plus des valets de ferme ! Il faut accepter que le travail ne soit pas fait à l’identique, que les agents ne soient pas performants dans tous les systèmes et sur tous les outils. » Elle concluait par un message à destination des futurs installés : « Il est urgent de les sensibiliser à la gestion du risque humain. C’est un des fondamentaux du métier. »