Interviews croisées
Foncier, eau, phyto : facteurs de compétitivité de l’agriculture ligérienne

Mickaël Mazenod, membre du conseil d’administration de la FDSEA, et Baptiste Vial, administrateur chez JA (Jeunes agriculteurs) Loire, expliquent comment leur réseau respectif travaille et se positionne sur des dossiers comme la gestion de l’eau, du foncier, mais aussi l’utilisation des produits phytosanitaires.

Foncier, eau, phyto : facteurs de compétitivité de l’agriculture ligérienne
Mickaël Mazenod, membre de la commission environnement de la FDSEA de la Loire, et Baptiste Vial, membre du conseil d’administration de Jeunes agriculteurs Loire. ©PdlL et A42

Quels sont les combats actuellement menés par les réseaux FDSEA et JA concernant la gestion de l’eau ?

Mickaël Mazenod : « Nos travaillent régulièrement avec l’administration sur le sujet de l’irrigation. Parmi les combats, nous suivons les contrats de rivière, comme par exemple sur le Gier sur mon secteur. Il est important d’éviter toute surtransposition réglementaire sur ces sujets qui sont déjà complexes. L’autre volet consiste à rechercher des solutions viables pour l’apport d’eau pour l’irrigation ou pour l’abreuvement sur les exploitations agricoles. C’est un axe essentiel pour elles dans le contexte de changement climatique que nous connaissons actuellement. »

Baptiste Vial : « Nous nous battons également au quotidien pour préserver du mieux possible notre autonomie alimentaire départementale. Pour ce faire, nous participons à toutes les rencontres en lien avec l’arrêté cadre sécheresse. Nous sommes actifs dans la réflexion autour du projet d’irrigation de la rive droite de la Loire. Nous rappelons régulièrement à l’administration que l’irrigation des parcelles en plaine du Forez permet de produire des fourrages utiles à la fois aux cheptels de la plaine, mais également aux cheptels des monts (du Forez, du lyonnais…). Si les fourrages, du fait du manque d’eau, ne sont pas produits dans la Loire, ils sont alors importés d’autres régions, voire d’autres pays où l’irrigation est autorisée. L’impact carbone est alors catastrophique, d’où l’importance de maintenir l’irrigation en local. Parallèlement à ces travaux sur l’irrigation, nous travaillons sur le stockage de l’eau. En effet, nous nous battons, par exemple, pour la mise en place de projets de retenues sur les coteaux du département. Enfin, nous travaillons sur l’optimisation de la ressource, par exemple par le biais de formations et de la modernisation des systèmes. »

Quels travaux sont conduits par vos réseaux concernant les produits phytosanitaires ?

Mickaël Mazenod : « La production de la cerise, par exemple, connait une situation catastrophe en raison de l’interdiction des solutions phytosanitaires, diméthoate et phosmet. Tant que des solutions alternatives ne sont pas trouvées, nous demandons que les existantes soient prolongées. Ce travail est mené par les réseaux FNSEA et ses associations spécialisées, et les JA au niveau national. Pour toutes les productions, notre position est simple : pas d’interdiction, sans solution ! »

Baptiste Vial : « Nous, agriculteurs, avons réalisé de nombreux efforts pour diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires depuis les vingt dernières années et on nous demande encore d’en faire sans prendre en compte les résultats déjà réalisés précédemment. De plus, on souhaite nous imposer des zones de non traitement toujours plus drastiques. Dans un département urbanisé comme le nôtre, nous souhaitons les limiter. »


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Quels sont les batailles actuellement menés par les réseaux FNSEA et JA concernant foncier ?

Mickaël Mazenod : « La loi Zéro artificialisation nette (ZAN) est une grande victoire : c’est un marqueur pour freiner l’artificialisation. La préservation du foncier agricole est une obligation de tous, gage de notre souveraineté alimentaire. Il faut souligner aussi le travail mené auprès des collectivités comme le suivi des PAEN (Périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels). Cela doit permettre d’éviter le mitage du foncier agricole dans un département très urbanisé. Enfin, un travail important d’échanges parcellaires est conduit pour limiter les déplacements et faciliter le travail. Seize territoires se sont engagés dans la démarche. »

Baptiste Vial : « L’accès au foncier est un parcours long et difficile pour les jeunes. La majorité des agriculteurs y parviennent par la location. Le fermage est un bon outil à pérenniser et moderniser. Les instruments de régulation du foncier sont complémentaires et favorisent l’installation, mais des lacunes restent encore à combler. JA et FNSEA demandent qu’une loi foncière soit rapidement votée. Nous souhaitons également que la restructuration parcellaire soit facilitée. Pour cela, la gestion des haies doit s’assouplir. Enfin, nous demandons la mise en place d’un accord-cadre pour la remise en état des parcelles agricoles pour tout projet de carrière. »

JA et FDSEA