La Loire aux 3 vignobles
« L’organisation du salon, une remise en question continue »

Du 8 au 10 novembre, l’emblématique salon des vins ligérien tiendra sa 25e édition à l’hippodrome de Saint-Galmier. Et ce quart de siècle présentera quelques nouveautés. Entretien avec Jean-Marie Vial, son président.

« L’organisation du salon, une remise en question continue »
Jean-Marie Vial, président du salon de La Loire aux 3 vignobles, se tient prêt pour cette nouvelle édition de la Loire aux 3 vignobles.

Jean-Marie Vial est viticulteur au sein de son domaine éponyme basé à Saint-André d’Apchon, associé avec son frère Philippe. Exposant au salon La Loire aux 3 vignobles depuis les premières éditions, il en est le président pour la deuxième année consécutive.

Avec le recul, que retenez-vous de votre premier salon La Loire aux 3 vignobles (LL3V) l’an passé en tant que président ?

J-M V. : « Ma première année s’est bien déroulée, nous n’avons pas vraiment rencontré de couacs. On a vu un peu plus de monde, avec près de 4 000 entrées. Mais le changement de clientèle s’est fait ressentir. Autrement dit, on a connu une petite baisse sur le vinodrive (moins d’achat de cartons à l’unité), mais le public achète plus de diversité. Cela s’explique un peu par le changement de génération : les plus anciens se tournaient en moyenne vers deux ou trois vignerons chez qui ils prenaient leurs vins ; maintenant, les jeunes achètent une bouteille auprès d’une dizaine, si ce n’est plus, de vignerons différents. Les consommateurs agrandissent leur gamme, alors qu’avant, la fidélité était de mise. »

Avant d’évoquer cette nouvelle édition, que dire sur le millésime 2024 ?

J-M V. : « L’incidence de la pluie sur la récolte a engendré pas mal d’aléas. Au printemps, l’eau a fait couler la fleur, puis il y a eu quelques épisodes de grêle ici et là, sans forcément toucher tous les secteurs. La pluviométrie de juillet a fait développer le mildiou. À mi-récolte, on se retrouvait avec du raisin sec, mais aussi du raisin sain, en passant par des intermédiaires pas très jolis avec un peu de pourriture. Les grains ont dû être enlevés. Cela a nécessité un gros travail au niveau de la vendange, avec seulement 30 à 35 hl de raisin (contre 50 à 55 hl pour une année normale). On compte donc pas mal de pertes en quantité. Par contre, la qualité est au rendez-vous, ce sont des beaux et bons produits. On est sur une lignée qui présentera des vins tanniques, avec une belle matière colorante et une belle maturité, ainsi qu’une aromatique bien présente. Les taux de sucre sont également bons. On était bien mal parti, mais la maturité s’est faite sur le tard. C’était vraiment une année de patience. On était un peu dérouté de vendanger vers la fin septembre (autour du 23, NDLR). Avoir un si gros écart en un an de temps, on n’avait pas vu pareille situation depuis 2013. Les vins ligériens ont connu la même dynamique : le sud a attaqué vers le 12 septembre, mais a fait du rétropédalage pour reprendre la semaine suivante, car les maturités n’étaient pas suffisantes. L’année a été compliquée dans la Loire et même au niveau national. Il n’y a pas vraiment de vignobles qui ont tiré leur épingle du jeu, à part peut-être quelques rares exceptions. »


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Quels sont les objectifs pour cette 25e édition de la Loire aux 3 vignobles ?

J-M V. : « On souhaite faire toujours plus en termes de fréquentation. J’estime qu’il ne faut jamais viser moins. On s’aperçoit que certaines portes sont encore à ouvrir avec la clientèle départementale : des personnes vont chercher du vin ailleurs car elles ne connaissent pas encore très bien ceux de leur territoire. Pour cette 25e édition, on a fait le choix d’arrêter le concours départemental des vins et ce pour trois raisons : l’œnophile qui vient avec ses compétences mais qui n’apporte pas une clientèle forcément acheteuse, le désintéressement du professionnel au concours et la baisse d’impact des prix sur les particuliers. À la place, nous lançons un évènement mercredi 30 octobre, de 15 à 21 heures, dans lequel on se recentrera sur les professionnels qui viendront déguster parmi les 36 stands. Ils pourront ainsi goûter une variété de vins avec les vignerons qu’ils auront en face d’eux. S’ensuivra une conférence de presse. L’AS Saint-Etienne jouera aussi son rôle de partenaire, puisque le club invitera ses professionnels (comité d’entreprise et partenaires) : on proposera donc deux stands ludiques et un jeu-concours via un quiz, en plus de les mêler à une dégustation immersive. C’est une première aventure ! Pour l’instant, cela marche bien, on pense accueillir entre 400 et 500 personnes. Finalement, pour la 25e année, on change pas mal de choses. On évolue au fil des éditions tout en conservant l’essence du salon. C’est une remise en question continue, il y a toujours des éléments à repenser et à modifier, peu importe les années anniversaires. Une idée nouvelle peut permettre d’élargir la clientèle. »

Pourquoi le choix de Frédéric Roux comme parrain de cette édition ?

J-M V. : « La tradition nous avait habitués à nommer comme parrain des cuisiniers. Mais on a aussi pensé aux sommeliers, étant donné que l’on est régulièrement en contact avec eux et que l’on parle du même produit. Si l’on souhaite recevoir quelqu’un qui aie un impact sur la clientèle présente, c’est bien ce type de métier qui doit être à l’honneur. Frédéric Roux, sommelier au Château Blanchard à Chazelles-sur-Lyon, parlera de manière sans doute plus technique des vins, certains professionnels pourront ainsi être renseignés sur divers produits. On avait accueilli son frère, Sylvain Roux, il y a quelques années, qui est chef cuisinier du restaurant »

Le salon se tiendra du 8 au 10 novembre à l’hippodrome de Saint-Galmier. Pourquoi n’a-t-il pas été prolongé au lundi 11 novembre, jour férié ? 

J-M V. : « En 2022, le 11 novembre était un vendredi et nous avions ouvert les portes du salon toute la journée au public (contre seulement l’après-midi en temps normal, NDLR). Mais cette année, avec le jour férié le lundi, cela aurait fait ouvrir une journée en plus. C’est un choix qui a été fait. Les horaires sont par ailleurs inchangés : de 15 à 20 heures le vendredi, de 10 à 19 heures le samedi et de 10 à 18 heures le dimanche. »

Combien de viticulteurs seront présents ?

J-M V. : « Ils seront 36. On a trois arrivées (dont un retour) et un départ. L’objectif reste de continuer à bien représenter chaque vignoble du département ; il y aura donc 17 vignobles du sud, 8 du Forez et 11 du Roannais. Aussi, comme les années précédentes, on pourra retrouver entre 220 et 250 références de vins. »

Comment inciter le public à se rendre au salon LL3V ?

J-M V. : « Participer à ce salon permet d’être directement en contact avec le vigneron qui travaille ses vignes et vinifie. Il est sur le stand et fait découvrir ses cuvées, il répond à toutes les questions que l’on peut se poser quand on veut ouvrir une bouteille de vin. Ce sont des petites choses mais l’essentiel est là. Il y a quand même un fossé avec les foires aux vins de la grande distribution »

Axel Poulain

Paysans de la Loire lance Agri 42 !
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Vincent Giraudon, habitué du salon et de la dégustation
Vincent Giraudon fera partie des 36 vignerons présents lors de la 25e édition du salon de La Loire aux 3 vignobles. ©Côte roannaise
Portrait

Vincent Giraudon, habitué du salon et de la dégustation

Viticulteur basé à Saint-Alban-les-eaux, Vincent Giraudon est exposant au salon La Loire aux 3 vignobles depuis une dizaine d’années. 

Petit déjà, Vincent Giraudon rêvait d’être agriculteur. Son grand-père, anciennement sommelier chez Troisgros, lui fait rapidement découvrir le vin, qu’il commence à goûter très jeune, vers ses 10-11 ans. Une révélation qui lui ouvre les yeux sur les différentes formes d’agriculture et qui le fait se tourner vers la viticulture. Après ses études, il loue un demi-hectare de terrain et crée un domaine sur la Côte roannaise. À cette époque, il travaille en parallèle avec son père, lequel tenait un restaurant à Renaison. Son domaine s’est développé pour atteindre aujourd’hui 4 hectares : « Au début, j’avais des vignes un peu partout sur la Côte roannaise. Mais il y a une quinzaine d’années, je les ai recentrés vers Villemontais, bien que mon cuvage et ma maison soient à Saint-Alban-les-Eaux. Cela reste des communes limitrophes. »

Depuis une vingtaine d’années dans le monde du vin, Vincent Giraudon se remémore la première fois où il s’est rendu au salon La Loire aux 3 vignobles : « À cette époque, il se tenait au Parc expo de Saint-Étienne, puis pendant plusieurs éditions au stade Geoffroy-Guichard, avant de prendre ses quartiers à l’hippodrome de Saint-Galmier. » Celui-ci s’est ensuite vu y rentrer comme exposant il y a une dizaine d’années, en raison d’un nombre limité de places et de la volonté clairement assumée de conserver un équilibre entre les trois appellations : « Aujourd’hui, on a un peu plus de place pour la côte roannaise ou les côtes-du-forez, mais il y a une époque où j’ai attendu un ou deux ans pour le refaire », se rappelle-t-il.

Pour lui, cet évènement est un rendez-vous important. Au niveau des ventes, d’une part : « Les premières années n’ont pas été énormes, mais le chiffre n’était pas négligeable pour autant. Les éditions ont ensuite été variables et aujourd’hui je stagne. Donc je sais quel volume de bouteilles je vends chaque année, il commence à y avoir une certaine régularité. » Il confie par ailleurs avoir connu « une année-record lors de l’euphorie post-covid », avant de retrouver ses standards. Mais Vincent apprécie également ce salon pour son organisation, gérée par les vignerons via l’association : « On en maitrise la forme », apprécie-t-il.

S’il ne participe pas à toutes les réunions et assemblées, Vincent Giraudon est toutefois partie intégrante de la structure. Celui qui a vu passer Dominique Rivière, Thierry Farjon et, depuis deux ans maintenant, Jean-Marie Vial à la gérance, apprécie l’esprit coopératif. « Ces dernières années, trouver un président n’était pas facile, parce que cela demande du temps et de l’investissement. Au début, ils demandent beaucoup d’aide aux anciens présidents et leur “mandat” reste souvent dans la continuité, les deux premières années. Puis on voit apparaitre les premiers changements, à l’image de Jean-Marie Vial qui lance ce nouveau salon au stade Geoffroy-Guichard à destination des professionnels. Chaque président essaie d’apporter un peu sa patte. »

Justement, ce changement d’envergure est une bonne chose pour le vigneron, qui apprécie le virage pris pour amorcer un vent de fraicheur : « L’arrêt du concours départemental des vins sera une première, donc on verra bien ce que cela donnera. Mais c’est un point que l’on voulait faire évoluer depuis quelques années, pour nous recentrer sur le professionnel. C’était très axé sur le concours, ça prenait beaucoup de temps et ça demandait une grosse organisation. »

Si la « conjoncture n’est vraiment pas bonne pour la viticulture en ce moment », Vincent Giraudon reconnait qu’un salon comme celui-ci est désormais bien ancré, avec un nombre de visiteurs qui reste relativement stable : « Il est devenu plus linéaire, en termes d’affluence comme de ventes. »

Parmi les habitudes, le vigneron en apprécie une tout particulièrement : le repas préparé par d’anciens viticulteurs le vendredi, avant le début de chaque salon : « C’est un moment vraiment convivial qui est renouvelé annuellement. On se retrouve entre vignerons des trois territoires et un lien un peu plus fort se créé. »

Axel Poulain