FDSEA et Jeunes agriculteurs
Dégâts causés par la faune sauvage : réguler et indemniser !

Au-delà des pertes économiques causées par la faune sauvage, les agriculteurs sont parfois confrontés à une véritable usure psychologique. Point sur la situation dans la Loire et sur ce que la FDSEA et les Jeunes agriculteurs défendent.

Dégâts causés par la faune sauvage : réguler et indemniser !
Régulièrement, la FDSEA et les JA de la Loire font des propositions au sein de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) pour mieux réguler les populations de sangliers, qui causes des dégâts importants sur les cultures. ©LGF

Avec plus de 60 millions d’euros de dégâts indemnisés et près de 12 000 animaux domestiques prédatés chaque année par le loup en France, les dégâts causés par la faune sauvage pèsent sur l’activité agricole. L’absence de solution de régulation, notamment pour les espèces protégées, et la non prise en compte du préjudice réel sont deux problématiques sur lesquelles la FNSEA et les Jeunes agriculteurs font des propositions.

Réguler les sangliers…

Dans la Loire, plus de 3 200 sangliers ont été tués lors de la saison de chasse 2023-2024. Le montant des dégâts indemnisés a diminué depuis le record de la saison 2019-2020. Cependant, en matière de dégâts de faune sauvage, la vigilance est être de mise. « Ce printemps, les dégâts de sangliers sur semis de maïs ont été importants sur certains secteurs de la plaine avec jusqu’à 40 ha concernés », souligne Madeleine Chaut, présidente de la Commission dégâts de gibier de la FDSEA. C’est pourquoi, souvent, la FDSEA et les JA de la Loire font des propositions au sein de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) pour mieux réguler cette espèce. « La balle est dans le camp des chasseurs, en premier lieu. Mais lorsqu’aucune solution n’est trouvée localement, l’intervention administrative doit se mettre en place », souligne-t-elle.

Régulièrement, la FDSEA et les JA proposent aussi d’élargir la boîte à outils pour lutter contre les dégâts, comme par exemple le piégeage, « efficace notamment en zone péri-urbaine, pour des raisons de sécurité. Il devrait aussi être utilisé lorsqu’il y a des dégâts sur des silos. »


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Depuis 2024, la chasse est possible en avril et mai. Cette ouverture, sous autorisation préfectorale, vise à lutter contre les dégâts sur céréales de printemps. « C’est l’une des avancées de l’accord national entre la profession agricole et la FNC (Fédération nationale de la chasse) », souligne Jérémy Louat, en charge du dossier chez JA Loire. D’autres propositions, issues de cet accord, ont été déclinées dans notre département : par exemple, le tir autour des parcelles en cours de récolte, où l’accent a été mis sur la sécurité. Concernant l’agrainage, « nous avons obtenu de réduire la période par rapport aux possibilités réglementaires, ainsi que l’interdiction de l’agrainage au bidon » explique Rémi Jousserand, membre du bureau de la FDSEA.

Avancées sur les dégâts de gibier

L’action menée par JA - FNSEA a permis d’aboutir à un accord global signé en 2023 avec la Fédération nationale des chasseurs visant à réduire les dégâts agricoles via :

- la possibilité de mettre en œuvre des moyens de régulation exceptionnels (tir autour des parcelles en cours de récolte, extension de la période de la chasse à avril et mai) ;

- l’encadrement strict des conditions de recours à l’agrainage dissuasif ;

- l’amélioration de la procédure d’indemnisation des dégâts avec un seuil unique de 150 € / exploitation / an ;

- l’affirmation d’un contrat d’objectif conjoint entre les signataires ;

- l’engagement de l’État dans sa mise en œuvre, et son suivi.

… et les cervidés

Le chevreuil occasionne des dégâts sur la zone arboricole du Jarez, où il trouve refuge et nourriture, sans pouvoir être prélevé. Les dégâts sur arbres fruitiers sont lourds de conséquence, et, ce, pour plusieurs années. « En zone péri-urbaine, la seule solution est parfois l’intervention administrative en bonne intelligence avec les chasseurs locaux, indique Madeleine Chaut. Nous défendons l’autorisation du tir à plomb. Le plan de chasse doit aussi prendre en compte la spécificité de cette zone, sensible aux dégâts. »

Autre cervidé, le cerf, arrivé dans le département depuis une dizaine d’années. Après les opérations de comptage de l’animal, « il est aujourd’hui grand temps qu’un plan de chasse soit mis en place dans le département ». FDSEA et JA défendent l’objectif que celui-ci évite l’accroissement de la population de cerfs, tant en nombre que dans de nouveaux territoires, grâce à des bracelets et des prélèvements en nombre suffisants. Si le cerf provoque des dégâts importants dans les forêts, son impact sur la production fourragère peut être non négligeable, sans compter le risque sanitaire pour les troupeaux de ruminants.

Sujet de satisfaction autour du grand gibier : l’amélioration de la procédure d’indemnisation des dégâts avec l’abaissement du seuil d’indemnisation (unique à 150 euros par an et par exploitation). Cette nouvelle possibilité vise à prendre en compte les dossiers récurrents, souvent sur prairies, qui pèsent sur le moral des producteurs. « Nous continuons de défendre que l’indemnisation tienne compte de la valorisation du produit et de la réalité des dommages subis par les agriculteurs», souligne Madeleine Chaut, qui participe aussi à la Commission Faune sauvage de la FNSEA.

Des solutions face aux espèces protégées

La problématique des espèces protégées est de plus en plus prégnante : les populations se développent et laissent les victimes de dégâts sans solution pour intervenir. Dans la Loire, c’est le cas pour le choucas des tours, avec des dégâts sur les semis de céréales ou en maraichage. « Pour ces espèces, des quotas de prélèvement doivent se mettre en place, comme pour le cormoran », explique Madeleine Chaut. Une revendication qui se heurte pour l’instant au carcan administratif et aux environnementalistes, qui oblige au recensement des populations de cet oiseau.

Autre espèce protégée, le loup. Plusieurs incursions dans la Loire ont été confirmées. Aujourd’hui, le département est classé en front de colonisation, ce qui permet aux éleveurs d’ovins de bénéficier d’un soutien pour l’achat et l’entretien de chiens de protection. « La présence du loup n’est pas compatible avec la pratique du pâturage largement répandue dans la Loire », estiment les responsables FDSEA et JA. « Sur cette espèce, les sujets sont nombreux, entre l’indemnisation des pertes et la défense des troupeaux, en passant par la protection juridique de l’éleveur en cas d’incident avec des chiens de protection. » La FNSEA et les JA ont obtenu plusieurs avancées (voir encadré). L’annonce récente de l’amorce de la démarche pour déclasser le loup d’espèce strictement protégée à espèce protégée est considérée comme « un premier pas essentiel vers l’assouplissement de son statut juridique. D’autres étapes, que nous suivons de près au niveau européen, seront nécessaires. »

Avancées sur la prédation

Sur le dossier de la prédation, le réseau FNSEA-JA a obtenu :

- la mise en œuvre simplifiée des tirs de défense simple et le maintien des tirs de défense renforcée ;

- l’autorisation des lunettes de tirs à visée nocturne et la fin de l’obligation d’éclairage préalable de la cible ;

- le recours à des dispositifs de repérage (amplification de lumière, détection thermique) ;

- la réduction des délais d’intervention des louvetiers et la possibilité d’intervenir pour des tirs de défense simple ;

- la revalorisation des barèmes d’indemnisation et prise en compte progressive des pertes indirectes ;

- la mise en place d’un registre de tirs dématérialisé d’ici 2025 ;

- la pérennisation du tir de défense simple sur bovins, équins et asins.

Recenser les dégâts de la faune sauvage

D’autres espèces occasionnent régulièrement des dégâts : corbeau freux, corneilles noires, pie bavarde, renard ou encore fouine. « Il est essentiel que chaque agriculteur déclare ses dégâts, faute de quoi l’espèce ne peut plus être classée “nuisible“ », soulignent les responsables FDSEA et JA. En jeu, par exemple, la régulation des corvidés lors des semis. Pour simplifier la tâche, une application est développée depuis septembre 2023 sur le département par le réseau des chambres d’agriculture (à découvrir ici). Facilement téléchargeable sur le téléphone, son utilisation est rapide. « Si vous n’avez pas de smartphone, la déclaration peut aussi se faire en ligne. Et un questionnaire “papier“ est régulièrement diffusé dans le journal » (à télécharger ici pour l'imprimer).

JF, FDSEA