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Élevage allaitant

Les effectifs de la race Aubrac en constante évolution depuis 2012

Plus d'une vingtaine d'éleveurs, adhérents comme nouveaux venus, se sont rendus à la traditionnelle assemblée générale de l'Association Loire Rhône Aubrac (Alra), jeudi 15 décembre. Cette année, rendez-vous était donné à Savigny, dans le Rhône, pour dresser le bilan des différents rapports statutaires et parler conjoncture.

 Les effectifs de la race Aubrac en constante évolution depuis 2012
La visite de l'après-midi a conduit la vingtaine de participants à l'assemblée sur l'exploitation de Clément Cherblanc en élevage bovin d'Aubrac, située à Savigny. Mais une météo compliquée aura perturbé le bon déroulement de la visite.

C'est à quelques kilomètres de l'Arbresle, jeudi 15 décembre, que l'Association Loire Rhône Aubrac (Alra), présidée par Thierry Pallandre, a mené son assemblée générale coutumière. Cette réunion dans le Rhône témoigne d'une volonté de n'oublier personne, « avec près de deux tiers d'éleveurs dans la Loire et un tiers dans le Rhône au sein de l'association. Alors, tous les quatre ou cinq ans, on se réunit chez nos voisins pour notre assemblée générale », justifiait le président, en fonction depuis 2017.

Parmi les centaines d'invitations envoyées aux éleveurs de race Aubrac possédant a minima dix vaches, seuls 23 d'entre eux ont répondu présent à l'assemblée. Thierry Pallandre regrettait alors « la difficulté de mobiliser les éleveurs ». L'association, qui compte dans ses rangs 35 adhérents, a eu en revanche la belle surprise de compter sur la présence de quelques nouveaux venus.

Comme dans bon nombre de regroupements similaires, la journée s'est divisée en deux temps : assemblée générale le matin, visite d'une exploitation l'après-midi. Thierry Pallandre exprimait sa satisfaction après le temps d'échange matinal, heureux de constater que « la moitié des participants sont des jeunes (25-35 ans). C'est très important pour la suite, de voir des jeunes motivés par l'élevage et par la race aubrac dans sa globalité. »

Retour sur 2022

Durant la matinée, les différents évènements organisés au cours de l'année 2022 ont été résumés. Laquelle a débuté le 9 avril, avec une vente de génisses et de taureaux reproducteurs sur l'exploitation de Thierry Pallandre, à Saint-Christo-en-Jarez. Un évènement monté en grande partie par trois élèves du lycée de Roanne Chervé, en BTS Acse. « Une belle réussite, dans le cadre de leur projet scolaire, où les élèves se sont chargés de la vente des animaux et de la communication. » Les adhérents ont ainsi proposé des animaux, à savoir onze génisses et quatre mâles. Seuls quelques-uns restaient à vendre en fin de journée. La semaine suivante, trois d'entre eux ont été vendus. « Nous avons eu environ 180 visiteurs, c'était une bien belle journée ».

Les 3 et 4 septembre a eu lieu le week-end convivial interdépartemental. Chaque année, outre la Loire et le Rhône, des éleveurs de l'Ardèche, de l'Allier, de Haute-Loire et du Puy-de-Dôme organisent tour à tour un week-end touristique. « Cette année, c'était au tour de la Loire », lançait le président. Différentes visites (ferme Gaec des Epilobes à Sauvain, Moulin des Massons, bourg de Saint-Bonnet-le-Château, etc.) ont ainsi été organisées avec un groupe d'une cinquantaine de personnes.

Le week-end du 11 septembre a été marqué par le concours départemental à Saint-Héand. Grande nouveauté de cette édition, celui-ci a été jumelé avec la Fête de la batteuse. Les organisateurs ont recensé entre 5 000 et 6 000 visiteurs sous un soleil battant. « Pour le concours, on avait 27 animaux présents pour six élevages, dont quatre de la Loire et deux du Rhône. Cela permet de faire connaître la race au grand public et c'est important d'expliquer que la plupart de nos vaches sont élevées à l'herbe et pas à l'ensilage de maïs. »

Enfin, les 15 et 16 octobre, tous les éleveurs participant au week-end de début septembre se sont retrouvés au concours interdépartemental à Varennes-sur-Allier, « un événement convivial » organisé tous les deux ans. Plus de de 170 animaux pour 36 élevages étaient réunis, dont trois élevages de la Loire avec 20 animaux

Outre le rapport financier de 2022, qui aura présenté des résultats positifs de 4 558 euros, et le rapport d'activité évoqué plus haut, la progression de la race Aubrac a été l'un des temps forts de l'assemblée. En nette augmentation depuis 2012, elle est celle qui recense la plus large augmentation de ses effectifs en dix ans (2012-2022), avec +48%. Dans un contexte où les effectifs bovins toutes races confondues sont en baisse depuis dix ans en France (7,172 millions contre 7, 770 en 2012), la race Aubrac sort du lot en passant de 160 000 à 237 000 vaches, bien qu'elle ne représente que 3% du total des vaches en 2022. « Certains disent qu'elle est à la mode, mais elle a aussi des caractéristiques intéressantes d'élevage : sa facilité de vêlage, des veaux vigoureux et qui tètent dans la demi-heure suivant leur naissance, la rusticité et les aplombs solides. Elle valorise des parcours difficiles, qui ne sont pas mécanisables. Toutes ces caractéristiques lui procurent un certain attrait. Sans oublier que c'est aussi une vache capable de produire de la viande avec ce qu'il y a sur l'exploitation  », justifiait Thierry Pallandre. Par son nombre de vêlages également, la race Aubrac subit une véritable transformation depuis la création de l'association en 2009, passant d'environ 1 700 à 5 700 aujourd'hui. Dans le Rhône, leur nombre augmente également en un an, passant de 1 215 en 2021 à 1 375 en 2022.

Une conjoncture qui inquiète

Le président évoquait son inquiétude quant à l'avenir : « On ne sait pas trop comment va tourner l'agriculture dans les années à venir, avec le prix de la viande, le changement climatique, etc. Alors, si on ajoute à cela l'augmentation des charges... C'est difficile, lorsque l'on démarre un élevage, de faire des crédits et de dépendre de la météo et des cours de la viande, par exemple. Vu la décapitalisation du troupeau français, tous ces éléments font diminuer l'élevage bovin en France. C'est un contexte délicat en ce moment. » Avant d'ajouter : « Ce n'est pas à mon échelle, c'est à celle du gouvernement de prendre à bras le corps le problème. Il en va de la souveraineté alimentaire. Il ne faudrait pas que la viande bovine finisse comme des productions telles que le poulet, où aujourd'hui, on en importe 50% ou le mouton qu'on importe plus de 80%. On est un pays où l'on peut être autosuffisant en alimentation. »

C'est après le déjeuner que la vingtaine de personnes présentes s’est rendue dans un élevage à Savigny, « chez Clément Cherblanc, qui a présenté des bêtes au concours départemental de Saint-Héand pour la première fois. On a voulu mettre un jeune à l'honneur qui a créé son élevage. Il démarre avec de bons animaux. Malheureusement, la visite a été écourtée en raison d'une météo compliquée. »

Axel Poulain