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La Ferme Digitale

« Le monde agricole doit s’emparer de l’intelligence artificielle »

La Ferme Digitale, créée en 2016, valorise l’innovation dans le monde agricole. Elle est également à l’origine du récent projet Gaïa, un outil d’intelligence artificielle au service de l’agriculture.

« Le monde agricole doit s’emparer de l’intelligence artificielle »
La raison d’être du projet Gaïa réside dans la mise à disposition des données au service des usages agricoles, tels que la gestion administrative, l’assistance vétérinaire, la conduite des troupeaux ou des cultures. ©AdobeStock

Les défis à relever étant toujours plus nombreux, les agriculteurs se laissent doucement séduire par l’intelligence artificielle qui pourrait bien leur être d’une aide précieuse dans leur quotidien. David Joulin est lui-même issu du monde agricole, il connaît bien ses enjeux et les difficultés inhérentes à ces métiers. Cofondateur de l’association La Ferme Digitale, il s’implique depuis 2016 pour regrouper entreprises innovantes et startups agricoles, afin de créer une unité en faveur de l’innovation. « Aujourd’hui, nous comptons 120 adhérents, parmi eux des startups majoritairement, des partenaires techniques et des entreprises telles que le Crédit agricole, Groupama, Onepoint… Ce projet nous a permis de gagner en visibilité et d’aider à faire connaître les différentes innovations pensées pour l’agriculture », explique-t-il.

Mais en 2024, c’est un tout nouveau projet qui a vu le jour : un outil collaboratif en open source, lui aussi dédié tout particulièrement au monde agricole : le projet Gaïa. « Gaïa est né d’une initiative commune entre Hervé Pillaud, ancien éleveur vendéen, aujourd’hui président d’honneur de la Ferme Digitale, et moi. Nous nous sommes accordés sur la nécessité de démocratiser l’intelligence artificielle dans le monde agricole, puisque nous connaissons, lui comme moi, ses limites », explique le cofondateur. « Hervé et moi avons toujours travaillé dans le but d’améliorer le quotidien des agriculteurs par le prisme de la technologie. C’est notre objectif premier. J’ai grandi dans une ferme en polyculture-élevage que je n’ai pas voulu reprendre car je ne sais que trop bien comment le métier fonctionne. Mais étant attaché au monde agricole, j’ai souhaité continuer à le soutenir d’une autre manière ».

Des données dédiées aux usages agricoles

Créé en 2024, Gaïa a été présenté officiellement la même année lors de son premier hackathon (contraction de « hack » et « marathon », qui désigne un évènement collaboratif dans lequel les différents participants conçoivent un projet en un temps limité, ndlr). « Nous avons testé l’outil en questionnant des agriculteurs sur leurs différentes problématiques, en tentant d’y trouver des solutions en moins de 48 heures. L’outil a donc vocation à répondre à toute problématique agricole, en trouvant une réponse dans ce délai », affirme David Joulin.

La raison d’être du projet Gaïa réside dans la mise à disposition des données au service des usages agricoles, tels que la gestion administrative, l’assistance vétérinaire, la conduite des troupeaux ou des cultures… « En voyant l’intelligence artificielle prendre sa place un peu partout, nous ne pouvions pas rater l’occasion d’en faire quelque chose de précieux pour les agriculteurs : un gain de temps, la capacité à effectuer des tâches difficiles, l’accélération de la productivité des entreprises… », affirme David Joulin.


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Des milliers de paramètres, des milliards d’informations sont donc mobilisées sur un problème en particulier, ce qui donne lieu à un raisonnement fulgurant puis une réponse. « En élevage, nous avons créé un assistant IA qui permet de prédire toutes les maladies qui vont potentiellement arriver sur l’élevage, avec un taux de probabilité et une solution. Nous avons repris l’un des modèles existants, ajouté des données scientifiques, des données métiers ou des données techniques afin d’enrichir le modèle, puis nous le spécialisons pour une tâche précise ».

Gaïa propose également des solutions en cas d’urgence médicale : « Je donne par exemple des symptômes de l’une de mes vaches. L’IA apporte une réponse adaptée, qui permet à l’éleveur d’agir à son échelle en attendant l’arrivée d’un professionnel de santé animale ». Pour David Joulin, il est aujourd’hui indispensable de prendre en considération l’intérêt de l’IA dans le domaine agricole, et de s’en emparer au plus vite pour traverser plus sereinement les transitions. « L’IA ne prendra pas la place des humains, mais ceux qui risquent de perdre leur métier sont ceux qui ne s’y adaptent pas. L’intelligence artificielle est un réel bénéfice pour les entreprises agricoles et augmentera indubitablement la productivité des métiers. D’autre part, c’est une très bonne nouvelle en ce qui concerne le renouvellement des générations et la problématique du recrutement de salariés dans les entreprises agricoles », conclut-il.

Charlotte Bayon