« La force de Paysans de la Loire, c’est la qualité de son information »
2025 marque les 80 ans d’existence de Paysans de la Loire. Le premier journal a été imprimé en début d’été 1945. Focus, une fois par mois, sur ce qui a marqué l’histoire de ce média agricole et rural du département de la Loire, qui a évolué avec l’agriculture : aujourd'hui, retrouvez le témoignage de Bernard Denis gérant de 1993 à 2022.

S’investir pour la presse agricole départementale n’était, à l’origine, pas une vocation pour Bernard Denis. Et pourtant. Il accepte la gérance de Paysans de la Loire en 1993, après qu’on lui a « un peu forcé la main », comme il le raconte en riant. « On était à une époque où on s’était tous retroussé les manches et il fallait continuer le travail engagé (référence à la scission syndicale, lire la prochaine page anniversaire, NDLR) ; on voulait remettre de l’ordre dans les organisations agricoles. Après les élections à la Chambre d’agriculture de 1987 où j’ai été élu, Claudius Piot, mon prédécesseur, et Robert Duclos (alors président de la chambre consulaire) sont venus me chercher et m’ont dit : “Bernard, faut y aller.” J’ai commencé par dire : “Non, non.” » Et puis, l’agriculteur, syndicaliste convaincu (FDSEA), a fini par céder.
Une responsabilité qui va l’accompagner pendant presque trois décennies. « La force de l’hebdomadaire, c’est la qualité de son information et le fait qu’il l’explique. Les décryptages sont faits par des professionnels et les journalistes savent de quoi ils parlent », détaille l’ancien agriculteur, retraité depuis bientôt 17 ans.
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Alors que le XXe siècle touchait à sa fin, Bernard Denis a vu le journal se doter d’une nouvelle identité. Pour ses 60 ans, un nouveau logo a été imaginé. « On est passé des lettres gothiques à de la couleur, c’était vraiment différent ! » Lorsqu’il prend la gérance du média, Bernard Denis travaille en binôme avec Erick Roizard, alors directeur de la structure et à l’initiative de l’hebdomadaire La Loire cette semaine. « L’idée, c’était d’utiliser les pages des ‘’cantons’’ de Paysans de la Loire que les agriculteurs, surtout les retraités, aimaient bien, et de les compléter avec des articles d’actualité rurale et de vie pratique comme des recettes... Le journal était vendu en kiosque et on touchait des lecteurs dans la plaine, les monts du Lyonnais ou du Forez ! » se souvient notre homme.
A la même époque, Paysans de la Loire se replace au cœur des manifestations agricoles du département. « Il faut vous imaginer qu’à une période, l’hebdomadaire n’était pas présent dans les écuries du comice par exemple ! Aujourd’hui, ce serait impensable. Nous sommes le journal des organisations professionnelles et des agriculteurs. Nous nous devions d’être à leur côté lors de la Fête du labour, de la Sainte-Catherine, du Charolais... »
Dans les années 2000, le journal poursuit son accompagnement du secteur agricole et propose de plus en plus de hors-séries thématiques. « Le but, c’était d’aborder des sujets émergents. A l’époque, on parlait beaucoup d’environnement, aujourd’hui, plus de l’installation... » explique l’ancien élu. Un travail de fond, réalisé en collaboration avec les techniciens de la Chambre d’agriculture de la Loire et parfois d’autres structures. « Ces documents ont été imaginés pour être conservés plusieurs années. Ils sont des outils de travail pour les agriculteurs. »
Le virage numérique
En 2006, l’équipe de Paysans de la Loire développe un magazine gratuit. L’objectif est avant tout économique. « Quand j’ai pris la gérance du journal, on tirait à 13 000 exemplaires. Mais avec la baisse du nombre d’agriculteurs, le nombre d’abonnements a diminué et il a fallu trouver une nouvelle solution. C’est là qu’est arrivé Couleur Forez mag. On en a parlé à nos actionnaires, ils étaient d’accord alors on s’est lancé ! »
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Pour la presse, l’arrivée d’Internet a été un tsunami qui a profondément modifié le rôle et le poids des journaux papiers. L’hebdomadaire rural n’y a pas échappé. « Avant l’arrivée d’Internet, Paysans de la Loire était vraiment le lien de communication entre les agriculteurs du département, c’est lui qui faisait circuler les informations, on l’attendait dans les boîtes aux lettres », se souvient l’ancien gérant. Mais pour lui, le lien partagé entre les agriculteurs, les actionnaires et le journal ne s’est jamais rompu. « Les grands organes qui entourent l’agriculture n’ont jamais lâché Paysans de la Loire, même lors des transformations. Ils ne l’ont jamais renié et l’ont toujours soutenu depuis sa création. »
Pour l’ancien gérant, le journal a peut-être plus que jamais un rôle à jouer. « Aujourd’hui, alors qu’on est submergé d’informations instantanées, pas expliquées, Paysans de la Loire apporte des articles qui dissèquent l’information et la rendent compréhensible pour les lecteurs. Chacun peut ensuite se faire son opinion avec du recul et sans être trop dans l’émotion. »
ABP
Pour moi, Paysans de la Loire, c’est…

« Premier emploi à la fin de mes études, être journaliste à Paysans de la Loire représentait un travail permettant d’allier agriculture, écriture et photographie. A fil du temps, mes missions et mes responsabilités se sont développées : rédactrice en chef puis directrice depuis bientôt quatre ans, tout en continuant la rédaction d’articles.
Depuis plus de 20 ans, Paysans de la Loire représente des reportages dans des conditions très diverses, de nombreuses fermes visitées, des dizaines de carnets de notes, des centaines d’articles, des milliers d’heures devant l’ordinateur, des rencontres qui ont pu conduire à de belles relations humaines ou encore des engagements dans des événements. C’est aussi l’animation d’une équipe d’une dizaine de personnes, sans oublier le travail de projection pour construire un avenir à ce média, en collaboration avec le gérant, François Garrivier, ainsi qu’avec les responsables du syndicalisme majoritaire et de la Chambre d’agriculture. Paysans de la Loire représente de la satisfaction, des doutes, du bonheur, des larmes, des sourires et surtout du plaisir chaque jour à travailler en faveur de l’agriculture ligérienne. »