Le sol n'est pas qu'un support à l'agriculture ou la forêt : c'est un univers qui permet la vie animale et végétale, mais qui reste «caché», complexe, très organisé et fragile. Pourtant, ses propriétés conditionnent l'enracinement, la réserve en eau et en éléments nutritifs pour les plantes. Un bon entretien du sol est donc primordial pour assurer une production agricole de qualité. Cultiver un sol vivant, c'est le nourrir en maintenant un taux de matière organique satisfaisant (2 à 4 %) et conserver une structure poreuse pour permettre les échanges gazeux, l'infiltration de l'eau et le développement racinaire.

Les évolutions climatiques sont bien réelles et touchent directement les agriculteurs du département de la Loire. En effet, entre les périodes 1980-1985 et 2010-2015, la mise à l'herbe des troupeaux a été avancée de 5 jours, les foins précoces de 12 jours et les tardifs de 11 jours. Le sol est l'interface entre les cultures et leur réserve en eau, ressource de plus en plus sollicitée. Pour cette raison, la Chambre d'agriculture et la Fédération des Comités de développement agricoles ont choisi d'investir du temps durant le premier semestre 2016 sur la question du travail du sol, de la matière organique et du pilotage de l'irrigation. La journée technique du 14 juin est l'aboutissement de ce travail. Cette journée se décompose en deux temps : la matinée en salle et l'après-midi sur le terrain.

Interventions de spécialistes, en salle

Le matin, à la Chambre d'Agriculture à Feurs, une table ronde est organisée pour repositionner la place du sol dans un contexte de changement climatique. Didier Grivot, conseiller irrigation à la Chambre d'agriculture de la Loire, présentera, en introduction, l'évolution climatique depuis près de 40 ans et les conséquences sur les itinéraires des agriculteurs. Face à ces changements, le sol doit être remis au centre des pratiques agricoles pour favoriser la fertilité.

En tant que référent irrigation au sein de la Chambre d'agriculture de la Loire, Didier Grivot intervient sur les questions d'hydraulique et assure la réalisation du bulletin irrigation. Conseiller au sein de l'équipe agro-environnement, il a une vision globale des exploitations de la Loire. En effet, avant d'être spécialisé dans le domaine de l'irrigation, il a travaillé sur les itinéraires techniques grandes cultures et les systèmes économes en intrants.

Christian Barneoud, pédologue à la Chambre d'agriculture de Bourgogne – Franche-Comté, définira ensuite les trois piliers de la fertilité des sol - biologique, physique et chimique -, et les mettra en relation avec la matière organique. Pour illustrer son propos, il présentera un bilan à mi-parcours de l'expérimentation longue durée sur la reconquête de la fertilité des sols, portée par la coopérative Interval, en partenariat avec la Chambre d'agriculture régionale. Un des leviers mis en place est la réduction du travail du sol.

Pédologue, certifié par l'Association française pour l'étude du sol, Christian Barneoud travaille dans les domaines des grandes cultures, de l'élevage, de la vigne ou encore forestier. Il a participé à des travaux d'aménagement comme la ligne LGV Grand Est. Il intervient régulièrement dans les formations pour les agriculteurs, mais aussi dans le réseau des conseillers en agronomie (chambres d'agriculture, coopératives) et de l'enseignement agricole.

Enfin, un membre du Gaec de Stivan, Régis Duchampt, viendra témoigner sur la mise en place des techniques culturales simplifiées dans son exploitation laitière dans l'Ain. Il sera accompagné de Jean-Marc Contet, responsable de l'équipe agronomie-environnement à la Chambre d'agriculture de l'Ain, qui apportera des références sur le temps de travail, les charges de mécanisation et l'évolution des propriétés du sol.

Le Gaec de Stivan, constitué de sept associés, cultive 600 ha, dont 400 ha en cultures dans la Bresse. Cette exploitation a un cheptel de 250 vaches laitières. Depuis cinq ans, les membres du Gaec ont entrepris de simplifier le travail du sol (seulement 16 ha étaient labourés en 2015), tout en développant les couverts végétaux. Leur objectif est de limiter les coûts de mécanisation, le temps passé et de relier élevage et cultures via les couverts fourragers.

Jean-Marc Contet est responsable de l'équipe Agronomie-Environnement à la Chambre d'agriculture de l'Ain. Il intervient auprès des agriculteurs sur les questions liées à la qualité de l'eau : directive nitrates, protection de captages. Il accompagne également des agriculteurs s'intéressant à la simplification du travail du sol depuis près de dix ans (TCS, strip-till, semis direct).

Ateliers sur le terrain

L'après-midi, des ateliers sur le terrain seront organisés dans deux exploitations pour échanger sur les aspects techniques de la gestion des sols. Sur chaque exploitation sera abordée une thématique particulière : l'eau dans le sol à Saint-Laurent-la-Conche, chez Hervé Bouard, et la fertilité des sols à Saint-Romain-la-Motte, chez Alain Moncorgé. Les participants devront choisir l'une des deux exploitations.

Sur chacun des sites, un profil de sol sera réalisé. Cet accès direct au sol permet l'observation de la structure, de la porosité, de la colonisation racinaire et de la vie biologique des différents horizons. A Saint-Romain-la-Motte, un focus sera fait sur la matière organique et son évolution dans les sols, alors qu'à Saint-Laurent-la-Conche, l'accent sera mis sur l'infiltration, la circulation et le stockage de l'eau dans le sol.

L'eau est un élément indispensable pour le développement végétal. En effet, c'est le moyen de transport de tous les éléments nutritifs et un constituant majeur des cellules végétales. Mais aujourd'hui, c'est une ressource de plus en plus sollicitée. Il est donc nécessaire de piloter les apports d'eau au plus juste. Un atelier sera consacré au pilotage de l'irrigation à partir des sondes tensiométriques et du bulletin hebdomadaire d'irrigation. Les installations pour irriguer ont un coût à la construction, mais aussi à l'entretien. Un focus sera fait sur le coût de l'irrigation par hectare, aussi bien en collectif qu'en individuel. Enfin, du matériel permettant de faire des économies d'eau et d'énergie sera présenté.

Le travail du sol a un impact direct sur la qualité des sols. De la charrue au semis direct, il y a tout un panel de techniques simplifiées qui nécessitent souvent l'implantation de couverts. Le GIEE avec la Cuma de la Pacaudière investit à partir de ce printemps dans du matériel pour limiter le travail du sol. Julien Livet, le président, sera présent pour présenter le projet du GIEE. Il sera accompagné de Sylvain Rancon de la FDCuma, qui présentera les techniques culturales simplifiées ainsi que du matériel. La luzerne est une légumineuse intéressante à la fois pour la structure des sols, et pour l'apport d'azote aux cultures précédentes. Alain Moncorgé témoignera de l'introduction importante de cette culture sur son exploitation (itinéraire technique, ration...).

Enfin, une présentation du co-compostage (effluent avec des déchets verts) et de ses intérêts pour la fertilité des sols sera faite à partir d'enquêtes réalisées chez des agriculteurs qui utilisent ce produit depuis près de 20 ans.

Les personnes intéressées pour participer à cette journée, le matin, l'après-midi ou tout la journée, sont invitées à s'inscrire via le coupon-réponse ci-contre. Il est également possible de s'inscrire directement sur terresdeloire.fr via Actualités ou Cahiers techniques/Sol. Pour les scolaires, merci de contacter directement Flore Saint-André ou Florence Berlier à la Chambre d'agriculture.

Flore Saint-André, Chambre d'agriculture de la Loire

Pour plus de renseignements : Flore Saint-André ou Marie-Françoise Fabre, Chambre d'agriculture de la Loire, 04.77.92.12.12.

Programme de la journée « Cultivons le potentiel de nos sols »