Gagner du temps au travail : comment mais surtout pourquoi ?
La partie statutaire de l’assemblée générale de Loire conseil élevage était suivie d’une intervention de Sophie Marçot, consultante et formatrice, sur le thème « Cultiver son temps, organiser son travail ».

Une chaise, des cailloux ou encore des grains de blé sont autant d’indices sortis du sac de Sophie Marçot, consultante et formatrice dans le monde agricole, lors de son intervention à l’issue de l’assemblée générale de Loire conseil élevage. Ils devaient aider l’assistance à trouver les étapes pour mettre en œuvre une démarche de changement sur sa ferme en vue de mieux s’organiser et de gagner du temps. Les enjeux sont avant tout personnels : s’épanouir au travail et en dehors, privilégier sa santé physique et mentale, adopter une attitude plus proactive ou encore avoir une posture de chef d’entreprise. Mais aussi collective, comme par exemple favoriser l’attractivité du métier d’agriculteur ou encourager la montée en compétences.
Se poser
Sur le ton de l’humour et parfois provocateur, Sophie Marçot utilisait tour à tour ses indices en s’appuyant sur la métaphore de l’implantation d’une culture dans un champ. La chaise signifiait la nécessité de se poser pour réfléchir et décider. Dans le cadre de l’organisation du travail, plusieurs questions sont à étudier : de quoi je souffre ? ai-je envie de changer malgré la situation inconfortable ? le changement est-il cohérent avec ma stratégie d’entreprise et partagée avec mes associés ? quels sont les inconvénients de l’amélioration ?
« Parfois, le blocage pour entreprendre un changement est émotionnel », poursuivait la formatrice. Il peut être lié à la peur, la colère ou la tristesse. « Tant que ces émotions ne sont pas traitées, il est impossible de semer. Il ne faut pas hésiter à se faire aider par un thérapeute pour comprendre et dépasser ces émotions. »
Se préparer
Après avoir réfléchi et décidé, assis sur sa chaise, il convient de passer à la deuxième étape : celle de la préparation du terrain pour le semis en enlevant les cailloux – le deuxième indice -, qui constituent des obstacles. Cela passe d’abord par la chasse au gaspillage de temps : désordre, journées non structurées, réunions trop longues, travail pénible ou mal équipé, mauvaise communication entre les associés, non-dits ou conflits. Sophie Marçot donnait alors quelques idées : avoir un lieu pour échanger, ranger le bureau et l’atelier, se former et avoir une bonne hygiène de vie.
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Dans le processus, il est nécessaire d’alléger sa charge mentale. « Le problème est le stress qu’elle génère, qui conduit à la saturation. » Pour éviter d’en arriver là, la consultante incite à écrire pour se libérer l’esprit, parler de ses émotions et de ses doutes ou encore apprendre pour monter en compétences (« Ne pas être compétent génère du stress, comme par exemple la gestion des outils informatiques »). Il convient aussi de prendre soin des relations, mais aussi de bien se connaitre soi-même (ses besoins, ses valeurs, ses émotions et son ressenti).
Semer
La troisième phase est le semis, d’où le bocal de graines en guide de troisième indice. « Il est impossible d’arriver à cette étape sans avoir franchi les précédentes, insiste Sophie Marçot. Parfois, le simple fait de s’être assis et d’avoir enlevé les cailloux contribue à faire pousser sans avoir à trop travailler. » Si ce n’est pas le cas, la troisième étape consiste à avoir des temps de qualité pour parler du travail et des projets, gagner en compétences en se formant, piloter son entreprise (choix d’investissement, prévisions, embauche d’un salarié ou association), vivre des émotions positives au travail et surtout prendre soin de soi.
A chacun de le décider
En guise de résumé, Sophie Marçot insistait sur la nécessité qu’il revient à la personne elle-même de « décider de faire du vide » en ôtant ce qui empêche de trouver des solutions (nettoyer, évacuer, assainir) avant de « décider avec quoi je fais le plein » comme par exemple semer les graines de l’organisation ou/et prendre du temps pour soi. Les personnes qui gravitent autour des agriculteurs (proches, techniciens…) peuvent les encourager, accompagner, soutenir et comprendre dans cette quête de changement mais ne peuvent pas le faire à leur place.
La matinée se terminait par le témoignage de deux agriculteurs, Nicolas Jambin (Chatelneuf) et Thomas Tixier (Roche-en-Forez), qui emploient un salarié avec un Gaec. Ils ont fait part de leur parcours professionnel, des raisons qui les ont poussés vers le salariat partagé et de leur organisation. Tous deux avouent que cette solution leur apporte de la souplesse dans la gestion de leur temps, tout en nécessitant de l’anticipation. « Financièrement, il ne faut pas s’écarter, mais c’est tellement important de passer du temps avec ses enfants », intervenait Nicolas. « Les agriculteurs ont eux aussi le droit d’avoir du temps libre, insistait Thomas. Il ne faut pas tenir compte du regard des autres. »