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GDS

« Ensemble, relevons le défi du sanitaire ! »

Le Groupement de défense sanitaire de la Loire (GDS) tenait son assemblée générale jeudi 20 mars à Chalain-le-Comtal. L’anticipation, la rigueur, la prévention et l’engagement collectif constituent la base du fonctionnement de la structure et des décisions que prennent les responsables.

Par Lucie Grolleau-Frécon
« Ensemble, relevons le défi du sanitaire ! »
©LGF
David Duperray, président du GDS, a souligné la bonne collaboration avec les services de l’Etat départementaux, le Département, la Chambre d’agriculture et l’ensemble des structures d’élevage de la Loire en faveur du sanitaire.

Dès les premiers mots du rapport moral et d’orientation, le président du GDS (Groupement de défense sanitaire) voulait mettre en exergue le lien entre les arbitrages politiques, le sanitaire en élevage et les cours des produits. « Les décisions politiques prises depuis de nombreuses années imposent d’innombrables échanges commerciaux au niveau planétaire, commençait David Duperray. Ceci n’est pas sans risque. Toutes les productions d’élevage sont ou seront impactées à un moment ou à un autre. La FCO (Fièvre catarrhale ovine), la MHE (Maladie hémorragique épizootique), la grippe aviaire, la peste porcine africaine ou encore l’arrivée du frelon asiatique en sont la preuve, sans oublier le retour inquiétant de la fièvre aphteuse sur notre territoire européen. Si nous voulons garder un élevage dynamique, de qualité, tout en continuant d’accompagner le bien-être animal, ne faisons pas d’économie sur le sanitaire. »

Il poursuivait sur la ligne de conduite du GDS de la Loire ces dernières années : rigueur, anticipation, prévention et engagement collectif. « Nous avons la réputation d’être trop rigoureux, parfois plus que d’autres départements, convenait le président. Ce travail a permis d’améliorer la situation sanitaire, aujourd’hui très bonne, malgré les 50 000 introductions annuelles de bovins dans la Loire. Les résultats en BVD, IBR, besnoitiose sont excellents. Nous souhaitons continuer dans ce sens. Nous devons rester vigilants quant aux contrôles lors de mouvements d’animaux et savoir rappeler à l’ordre ceux qui viendraient à sortir du cadre. »

Vers l’éradication de la BVD et de l’IBR

Le rapport d’activité de l’année écoulée a confirmé que le travail, piloté par la section bovine (2 930 adhérents), pour éradiquer la BVD (objectif 2030) et l’IBR (2027) se poursuit. « Les responsables du GDS et les salariés se font régulièrement reprocher par les éleveurs les décisions prises visant à anticiper la réglementation, intervenait David Duperray. C’est contraignant, mais les troupeaux de la Loire sont prêts lorsque les règles entrent en application. » Dans l’objectif de protéger les troupeaux vis-à-vis de la besnoitiose, le GDS, avec le soutien financier du Département, demande sa recherche systématique à l’introduction d’un animal dans un cheptel, en complément des maladies recherchées via le « kit intro » (néosporose et paratuberculose).

La même logique est appliquée aux autres sections du GDS. A commencer par celle dédiée aux ovins et caprins. En plus de la prophylaxie, l’association encourage les éleveurs ovins à s’intéresser au statut sanitaire de leur troupeau pour connaitre les maladies qui y circulent et ainsi éviter d’acheter des animaux dans un élevage qui n’a pas le même statut sanitaire. Ils sont également incités à entrer dans le protocole Oscar, qui vise à connaître les causes des avortements. Du côté de l’espèce caprine, treize élevages sont qualifiés indemnes de Caev et deux sont en cours.  

En 2025, les éleveurs ovins ont bénéficié d’aides exceptionnelles face à l’épidémie de FCO : un euro par brebis cotisante et vaccinée contre les sérotypes 8 et 3 de la FCO et renforcement de l’aide sur les statuts sanitaires pour des reconstitutions de cheptel. Ceci est possible grâce à la contribution financière du Département.

Vers toujours plus de sensibilisation

La section porcine, qui compte 158 adhérents (principalement des éleveurs engraisseurs), travaille sur la biosécurité en élevage et le bien-être des animaux. Cela se traduit par des rencontres entre éleveurs, des visites d’ateliers, des formations et la proposition d’audits. « La PPA (Peste porcine africaine) est à nos portes. La biosécurité constitue un réel enjeu. Nous nous devons d’accompagner les éleveurs sur ce sujet », assurait le président du GDS.

La section volailles est en cours de mise en place. « Ce n’est pas facile car les éleveurs qui ne rencontrent pas de problèmes sanitaires ne voient pas l’intérêt des démarches collectives », déplorait David Duperray La section propose des formations sur la biosécurité et le bien-être animal. Les salmonelles sont au cœur des préoccupations avec des réunions spécifiques et l’accompagnement des éleveurs concernés.

La section équine est également en cours de constitution. Les premières actions vont concerner la gestion du parasitisme et la communication autour des modalités d’équarrissage.

 « Les apiculteurs sont aussi des éleveurs et leur activité est liée à l’agriculture », intervenait David Duperray. La section qui leur est dédiée rassemble 440 adhérents. Elle propose deux commandes de médicaments par an et a été à l’initiative de la campagne de piégeage des fondatrices, ces femelles frelons asiatiques à l’origine de nouveaux nids.

Le GDS de la Loire organise deux journées par an à destination des jeunes installés pour échanger avec eux sur le rôle de la structure et les sensibiliser à l’importance du sanitaire dans les élevages. Outre un chéquier de 400 euros à faire valoir sur des actions sanitaires, ils peuvent bénéficier d’une visite personnalisée pour répondre aux problématiques ciblées de l’exploitation.

La structure propose à tous ses adhérents divers services et prestations en plus des suivis des maladies : collecte des fûts à Dasri (qui commence le 31 mars, lire dans le journal de la semaine dernière), analyse de l’eau d’abreuvement, diagnostic d’ambiance des bâtiments ou encore accompagnement sanitaire sur les produits laitiers fermiers.

Assises du sanitaire

Bien évidemment, lors de l’assemblée générale du GDS, il a été question de la gestion de la FCO (lire ici) et de la mise en place récente des assises du sanitaire par la ministre de l’Agriculture. « J’espère que les acteurs sauront analyser en profondeur les problèmes de la situation actuelle », indiquait David Duperray. « Ces assises ont pour objet de réfléchir à un nouveau schéma de gestion du sanitaire, précisait Patricia Roose, directrice adjointe de la DDPP. Les filières ont été sollicitées pour faire des propositions. Des groupes de travail sont en place. Le préfet de la Loire a demandé à avoir des informations pour que les professionnels et les services de l’Etat du département puissent se positionner. » Elle invitait les éleveurs à contribuer à la réflexion.

David Duperray revenait également sur « la cohésion entre les différents acteurs de l’élevage de notre département », qu’il considère comme « une force ». « Beaucoup de collègues d’autres départements sont surpris de voir que nous arrivions naturellement à travailler tous ensemble, de façon constructive, dans l’intérêt de notre élevage. » Flora Gérossier, membre du bureau de la Chambre d’agriculture de la Loire, confirmait cette bonne entente, notamment pour gérer la FCO.

Fort soutien du Département

Les comptes de l’exercice 2024 présentés par Alain Grange, trésorier du GDS, sont similaires à l’exercice précédent, avec un résultat s’établissant à 7 000 euros pour un chiffre d’affaires d’1,9 million d’euros. Les comptes prévisionnels pour 2025 intègrent une augmentation des cotisations de 4%, adoptée par les adhérents lors de l’assemblée générale. « L’objectif est de poursuivre l’investissement pour le sanitaire », indiquait le président.

La subvention du Département passe de 452 000 à 500 000 euros entre 2024 et 2025. « Je défends au mieux le sanitaire, mais je ne suis pas sûre de pouvoir maintenir ce montant les années suivantes », dans un contexte de restriction budgétaire, intervenait Chantal Brosse, vice-présidente du Département en charge de l’agriculture. En complément des 500 000 euros relatifs à la convention signée entre le GDS et la collectivité, cette dernière octroie 250 000 euros au laboratoire Terana et 140 000 euros d’aide aux prophylaxies.

Lors de la présentation des comptes, Alain Grange a fait savoir qu’il mettait un terme à sa mission. David Duperray a lui aussi fait comprendre qu’il ne souhaitait pas renouveler son mandat de président du GDS. Un nouveau bureau et un président seront désignés lors de la prochaine réunion du conseil d’administration.

Trois maladies menaçantes

Lors de l’assemblée générale du GDS de la Loire, Patricia Roose, directrice adjointe de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), intervenait sur trois maladies préoccupantes pour les élevages français et ligériens :

- la Peste porcine africaine (PPA) est une maladie virale qui concerne les suidés. Elle évolue de proche en proche par contact ou par consommation d’aliments contaminés par les sangliers et les porcs. Chaque Etat a pour obligation de l’éradiquer. La France est indemne mais fortement menacée en raison de cas à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec l’Allemagne et l’Italie. Face à cette situation, l’Etat français cherche à contenir le virus, maîtriser les populations de sangliers et à améliorer la biosécurité dans les élevages de porcs.

- l’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) : en France, la situation est maîtrisée et satisfaisante, comparativement aux années précédentes, même si des cas en faune sauvage sont relevés de manière diffuse sur le territoire.

- le fièvre aphteuse : la dernière introduction de la maladie en France date de 2001 via le Royaume-Uni. « Il faut donc sensibiliser les jeunes éleveurs à cette maladie car ils ne la connaissent pas », d’autant que deux foyers ont récemment été détectés en Europe (Allemagne et Hongrie).