En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. De novembre 1943 à janvier 1944 sont constitués les comités qui deviendront les syndicats agricoles locaux. Quels événements ont marqué ces 140 ans, et plus spécifiquement ces 80 ans ? Focus, sur les dates importantes d’août.
Au début des années 1960, une nouvelle génération de responsables syndicaux émerge dans la Loire comme en France, celle de Michel Debatisse, agriculteur dans le département voisin du Puy-de-Dôme. Il a été secrétaire général de la JAC (Jeunesse agricole catholique) de 1954 à 1958, puis du CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs). Il a ensuite été secrétaire général (1966 à 1970) et président (1971 à 1978) de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles).
Comme lui, de nombreux jeunes agriculteurs et futurs responsables passent par la JAC. Pour eux, l’amélioration du revenu des agriculteurs dépend de l’aménagement des structures, de la taille minimum, des structures, de la diminution du nombre d’agriculteurs et des débouchés. Comme a pu le dire à plusieurs reprises Robert Duclos, secrétaire général du CDJA puis de la FDSEA : « Cela ne sert à rien de se battre pour des prix s’il n’y a rien à vendre. Un bon prix multiplié par zéro égale toujours à zéro. » A l’échelle nationale, alors que le syndicalisme jeune défend la maîtrise du sol par les agriculteurs et de leur produit, misant sur une nouvelle politique agricole, de nouvelles équipes politiques au pouvoir se demandent quelle voie tracer pour l’agriculture française.
Un tournant pour l’agriculture
Effectivement, avec la suppression de l’indexation des prix lors du retour du Général de Gaulle au pouvoir et avec la perspective du marché commun, le gouvernement en place se voit dans l’obligation de définir une nouvelle politique agricole. Pour cela, après de multiples rencontres et séances de travail, il s’inspire des propositions du CNJA : politique sociale, politique des structures, organisation des productions et des marchés. Une loi d’orientation agricole est publiée le 5 août 1960, mais elle se met lentement en place. Le 24 août 1961, Edgar Pisani remplace Henri Rochereau au ministère de l’Agriculture. En juin 1962, le Premier ministre présente à la FNSEA et au CNJA les textes d’un projet de loi complémentaire à celle de 1960. Il est finalement publié le 8 août 1962, avec des évolutions du texte qui ne vont pas toujours dans le sens de ce que souhaitait le syndicalisme.
L'histoire du syndicalisme au fil des mois précédents et des années : janvier, février, mars, avril, mai, juin et juillet.
Selon les responsables agricoles ligériens de l’époque, l’arrivée au ministère de l’Agriculture Edgar Pisani coïncide avec le tournant pour l’agriculture française, qui a besoin d’être modernisée. L’idée la plus révolutionnaire de la loi est celle de confier à la profession agricole la gestion des politiques mises en œuvre au lieu de l’Etat. Le volet économique de la loi d’orientation vise à l’organisation des marchés afin d’obtenir les meilleurs prix. Il faut également augmenter la production mais pas au-delà d’un certain volume pour éviter que les prix chutent. Dans le cadre du volet structure, la création de la Safer et l’instauration de son droit de préemption limitent la surenchère sur les prix des terres agricoles dans la Loire. La loi aide à fixer des objectifs de taille des exploitations dans le département pour permettre aux jeunes agriculteurs de vivre de leur métier.
Concours de labour et promotion de l’agriculture
Depuis les années 1950, le mois d’août est synonyme de concours de labour avec les phases de sélection dans les cantons, puis les finales départementales et régionales. Le point d’orgue est la finale nationale. La première se déroule dans la Marne en 1954. Quelques années plus tard, en 1958, la Loire accueille cet événement dans la plaine du Forez, à l’aérodrome de Feurs-Chambéon. Plus de 16 000 personnes font le déplacement.
A cette époque, le championnat de labours vise « non seulement à créer un climat d’émulation parmi les jeunes ruraux, mais aussi à attirer leur attention sur l’importance prépondérante du labour bien fait dans le cycle cultural », peut-on lire dans l’édition d’août 1958 de Paysans de la Loire.
Progressivement, au fil des années, les concours de labour deviennent pour le réseau Jeunes agriculteurs (JA) de véritables outils de promotion de l’agriculture. Les Terres de Jim (nom désormais donné à l’événement national) drainent plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Les épreuves régionales, de moindre envergure, ne déméritent pas. Le dernier en date dans la Loire, intitulé En plaine terre, se déroule à Civens les 28 et 29 août 2021. Désormais, dans notre département, la finale départementale de labour constitue un événement majeur pour le syndicalisme jeune : vie interne, animation du milieu rural, communication avec le grand public, promotion des produits du terroir mais aussi mise en lumière du métier d’agriculteur. Effectivement, une des missions de JA est d’œuvrer en faveur du renouvellement des générations en agriculture. Chaque année, une équipe cantonale est missionnée pour préparer l’édition à venir.
En route pour la finale nationale
Des laboureurs ligériens sont entrés dans l’histoire un mois d’août en commençant leur cheminement vers la finale nationale de labour. Dimanche 25 août 1985 à Rivas, Pascal Brosse, de Champdieu, se qualifie pour l’épreuve régionale dans la catégorie de labour en planche, puis dimanche 8 septembre en Haute-Savoie pour l’épreuve nationale, qui se tient quelques jours plus tard dans la Somme. 32 ans plus tard, Stéphane Goutagny, de Saint-Héand, suit le même parcours : sélections départementale en août 2017 et régionale début septembre. Il décroche aussi son ticket pour la finale nationale de 2018. Son frère lui a emboîté le pas en 2021 (3e place nationale) et en 2022 (4e).
LGF
Lois d’orientation de 1960 et 1962 : des avancées pour moderniser l’agriculture
Plus précisément, la loi d’orientation de 1960 pose des jalons importants pour l’avenir de l’agriculture. Le titre I définit les principes généraux d’orientation de la politique agricole et précise le principe d’une sélectivité dans l’application des moyens accordés : aides à l’installation, agrandissement et intensification octroyées aux petites et moyennes exploitations de type familial. Le titre II améliore le salaire différé et quelques articles du statut des baux ruraux. Le titre III donne naissance aux Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). Le titre IV concerne la mise en valeur du sol. Le titre V conforte l’organisation de la production et des marchés en apportant quelques modifications au Fonds d’orientation et de régularisation des marchés agricoles (Forma), donne des précisions sur les prix d’objectifs, améliore la législation sur les labels agricoles, prévoit une politique mieux ordonnée pour les importations. Le titre VI assouplit les Statuts des sociétés d’intérêt collectif (Sica) et prévoit un projet de loi sur la coopération. Le titre VII annonce une loi sur les calamités agricoles avant janvier 1962.
La loi complémentaire de 1962 apparaît directement opérationnelle. Le titre I concerne l’aménagement foncier. Il comporte la mise en valeur des bien sans maître et des terres incultes, l’acte de naissance des groupements agricoles fonciers et des Groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec), le droit de préemption de la Safer, la réglementation des cumuls, la procédure de reconstitution de l’agriculture dans les périmètres où elle est perturbée par des expropriations pour les grands ouvrages. Le titre II prévoit un projet de loi sur l’hydraulique. Le titre III renforce l’organisation économique et donne naissance aux groupements de producteurs et aux comités économiques agricoles. Il tente également d’instituer une politique de qualité des produits agricoles. Le titre IV crée le Fonds d’action sociales pour l’amélioration des structures agricoles (Fasasa) dont le but est d’inviter les agriculteurs âgés à libérer leurs terres en leur octroyant une indemnité viagère de départ (IVD), de faciliter le transfert d’agriculteurs vers des exploitations rentables, de favoriser les mutations professionnelles, de maintenir par des aides appropriées les agriculteurs des zones déshéritées.