Jeunes agriculteurs Loire

Laura Chalendard, détermination, sourire et féminisme

Petite, les yeux clairs et les cheveux bruns, Laura Chalendard paraît douce de prime abord. Ne vous y fiez pas, l’agricultrice, installée en ovins viande et en poules pondeuses sur les hauteurs de Rive-de-Gier, bénévole pour le concours de labour 2024, n’hésite pas à taquiner, voire même à répondre vertement à ses collègues de l’organisation. Pas sa langue dans sa poche et militante féministe, l’exploitante avait lancé en 2023 un compte Instagram pour dénoncer les violences sexuelles dans le monde agricole : le #metooagricole. Elle y relaie des témoignages glaçants (dont elle a d’ailleurs fait part lors de l’assemblée générale de la MSA en avril dernier) et pointe la perte de femmes entre leur parcours scolaire et leur installation. Alors que la parité semble respectée à l’école, seulement un quart d’entre elles parviennent à devenir cheffes d’exploitation, coexploitantes ou associées selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. 

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Laura Chalendard se revendique d’un parcours agricole classique : bac agricole, BTS gestion agricole, salariée agricole avant de s’installer, hors cadre familial, à la Ferme de la Micale par « passion des animaux d’élevage », assure-t-elle. La jeune femme, 29 ans, arbore un grand sourire quand elle parle de son amour pour ce domaine qui l’anime et fait briller son regard. 

Aujourd’hui, 90 brebis et 2 800 poules ont trouvé leur place au lieu-dit la Micale, dans la vallée du Gier. Les premières sont tondues avant les agnelages. La laine est ensuite triée sur la ferme avant de partir au centre de lavage du Gévaudan, à Saugues en Haute-Loire. Ensuite, direction la Creuse où la laine est transformée en fils à la filature Terrade avant de revenir en terres ripagériennes. Elle est alors mise en bobines de 50 à 100 grammes qui sont vendues au détail dans la boutique. Mais Laura Chalendard, créative, ne se contente pas de commercialiser ces seuls produits : sa laine, elle la modèle pour en créer toute sorte d’accessoires, de la broderie aux tours de cou en passant par des bandeaux, des boucles d’oreille, des coussins, des chouchous, des oreillers... La jeune femme propose aussi de la vente directe de viande d’agneaux et d’œufs. 

« On est plus efficace dans l’urgence »

Si elle devait choisir trois mots pour décrire sa profession, Laura Chalendard choisirait « passion » en premier. Elle réfléchit une seconde avant d’ajouter acharnement, consciente que les problématiques du monde agricole sont complexes et qu’il est parfois difficile de jongler entre toutes. 

L’agricultrice, également administratrice d’une caisse Crédit agricole de la vallée du Gier, a rejoint Jeunes agriculteurs l’année de son installation, en 2019. « Je voulais m’intégrer au sein du canton, dans un groupe dynamique, vivant et passionné par le métier », raconte-t-elle. 

En 2024, le canton JA auquel elle adhère organise le concours départemental de labour. Laura Chalendard décide de s’investir dans un projet, qui, pas une seconde, ne la fait trembler. « On a l’habitude d’organiser un gros concours cantonal, alors le départemental ne nous fait pas peur », se marre la jeune femme. 

Si la mise en place d’un tel événement requiert de la préparation, l’exploitante parvient sans trop de difficulté à la glisser dans son emploi du temps. « La plupart de nos réunions se font en soirée, c’est pas mal parce que ça ne coupe pas la journée. Ce qui est sympa, c’est qu’on arrive quand même tous à se rendre disponibles pour être présents », analyse Laura Chalendard. Des liens tissés importants qui permettront de se serrer les coudes le jour J. 

Pour l’heure (l’interview a été réalisée le 17 juin, ndlr), l’organisation du concours se passe bien. « Même si, c’est sûr, on est plus efficaces dans l’urgence », plaisante-t-elle. Elle attend le Fest’Agri en étant sereine. Pour elle, le concours de labour tient en ces trois mots : festivité, jeunesse et compétition. 

Alexandra Pacrot