La Chambre d’agriculture de la Loire et Loire conseil élevage proposent un suivi hebdomadaire de la croissance de l’herbe pour aider les éleveurs ligériens à bien maîtriser le pâturage et la récolte de l’herbe. Voici le bulletin du 27 mai.

Comment bien gérer les refus ?

A retenir pour cette semaine : ces deux dernières semaines, les cumuls de pluie et la rareté de journées vraiment « ressuyantes » ont quasiment bloqué toute intervention mécanique dans les prairies de fauche (comme dans les futures parcelles de maïs fourragers). Le pâturage a également été entravé par le déficit prononcé de portance. Le rythme de pâturage, comme le niveau d’ingestion en herbe, ont dû être réduits alors que l’offre en herbe ne faisait qu’augmenter ces dernières semaines (maintien de la croissance en herbe, avancement accéléré des cycles végétatifs, …). Actuellement, de nombreuses prairies pâturées présentent des stades végétatifs des graminées (et légumineuses) trop avancés ; une appétence de l’herbe fortement réduite, avec des valeurs alimentaires déficitaires et une régression de la consommation d’herbe par animal créant des refus ; des hauteurs d’herbe pour l’entrée des animaux dans la parcelle beaucoup trop hautes ; des refus cumulés lors des cycles de pâturage précédents.

Repères des sommes de températures :

- ensilage et enrubannage pour les prairies multi-espèces : cumuls de températures largement dépassés depuis deux à trois semaines sur l’ensemble du département ;

- foin précoce (lactogène) : 900-1 000°CJ (depuis 01/02), le stade est dépassé sur une bonne part du département ;

- foin tardif : 1 100-1 250 °CJ (stade floraison, depuis 01/02).

Les sommes de températures depuis le 1er février et le cumul pluviométrique sur le mois de mai dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France au 25/05/2024) : 

- Bard, 845°C, 146 mm ;

- Noirétable, 977°C, 141 mm ;

- Saint-Sauveur-en-Rue, 985°C, 126 mm ;

- Violay, 987°C, 110 mm ;

- Chazelles-sur-Lyon, 1 068°C, 98 mm ;

- Fourneaux, 1 139°C, 132 mm ;

- La Valla-en-Gier, 1 112°C, 116 mm ;

- Panissières, 1 076°C, 109 mm ;

- Saint-Georges-en-Couzan, 1 034°C, 107 mm ;

- Arthun, 1 129°C, 100 mm ;

- Balbigny, 1 192°C, 138 mm ;

- Nandax, 1 182°C, 116 mm ;

- Pélussin, 1 266°C, 138 mm ;

- Savigneux, 1 135°C, 133 mm ;

- Veauchette, 1 180°C, 97 mm.

Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département :

- Saint-Héand (575 m) : 13,1 cm ; 60,1 kg de MS/ha/jour ;

- Soleymieux (630 m) : 10,2 cm ; 50,6 kg ;

- Périgneux (680 m) : 11,5 cm ; 52 kg ;

- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 8,5 cm ; 20,3 kg ;

- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 8,1 cm ; 39,4 kg ;

- Champoly (660 m) : 9,7 cm ; 37,5 kg.

- Lay (430 m) : 8,2 cm ; 57 kg ;

- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 9,9 cm ; 50,5 kg ;

- Violay (700 m) : 10,5 cm ; 78 kg ;

- Violay (720 m) : 10,2 cm ; 80 kg.

Du côté de la technique :

- des refus aux conséquences trop souvent négligées : la maîtrise des refus se révèle complexe en ce printemps 2024 humide, avec un avancement rapide des cycles végétatifs des prairies (permanentes comme temporaires). Beaucoup de prairies en pâturage strict de printemps présentent actuellement des proportions significatives de refus (> 25-30% de la surface prairiale en refus). Le maintien de ces refus risque de réduire la surface réellement pâturée pour les cycles de pâturage suivants, d’accentuer par conséquence le surpâturage entre les refus, d’assurer la régression de certaines espèces prairiales d’intérêt nutritionnel, de favoriser la multiplication d’adventices vivaces et de graminées d’appétence moindre ou d’épiaison précoce. Toutes ces conséquences dues au maintien de refus sur une longue durée génèrent directement une baisse de la durée du pâturage et de son potentiel nutritionnel sur le moyen/long terme, et donc une régression de la pérennité des prairies. Plusieurs leviers ont été proposés dans les bulletins précédents (fauche des refus à un stade végétatif stratégique, débrayage des parcelles avec excès de refus, broyage très précoce en saison, sévérité du pâturage précoce). Il convient de bien observer les refus ces prochains jours afin de prendre les meilleures décisions pour le pâturage 2024.

Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire

Stéphane Laurent, Loire conseil élevage