Election à la Chambre d’agriculture
JA+FDSEA : derniers échanges avant la clôture du scrutin

La réunion de ce mardi 28 janvier à Chalain-le-Comtal était le point final de la campagne menée par la liste JA+FDSEA pour l’élection à la Chambre d’agriculture. En compagnie de deux élus nationaux FNSEA et JA, les responsables syndicaux ligériens sont revenus sur les points essentiels de leur projet.

JA+FDSEA : derniers échanges avant la clôture du scrutin
De gauche à droite : Mathieu Vassel, président de Jeunes agriculteurs Loire ; Anne Geiger, administratrice nationale JA ; Christophe Chambon, secrétaire général adjoint de la FNSEA ; Jean-Luc Perrin, président de la Loire. ©PdlL

Après un mois sur le terrain pour aller à la rencontre avec les agriculteurs ligériens, 32 réunions dans des fermes, des centaines de kilomètres parcourus et des heures d’échanges sur des sujets très variés (lire ici), les responsables de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs (JA) Loire terminaient la campagne pour l’élection à la Chambre d’agriculture dans une salle de réunion chauffée, mardi 28 janvier à Chalain-le-Comtal, en présence de deux responsables nationaux : Aude Geiger, administratrice nationale Jeunes agriculteurs, et Christophe Chambon, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

« C’est la dernière ligne droite pour l’élection », lançait ce dernier, le scrutin se terminant le 31 janvier. « L’objectif est de faire voter à minima tous nos adhérents. Du taux de participation dépendra la crédibilité des représentants des agriculteurs. » Il remerciait au passage les élus et les équipes de salariés pour leur engagement dans cette campagne. Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA, et Mathieu Vassel, président de JA Loire, en faisaient de même. Ils remerciaient aussi les quelque 450 à 500 agriculteurs venus à leur rencontre lors des réunions. « Nous avons eu des échanges très intéressants et constructifs », assurait Jean-Luc Perrin.


Pour tout savoir sur les modalités de vote, c'est par là.


Après avoir expliqué comment les listes JA+FDSEA avaient été construites (LIRE ICI) et une présentation de l’agriculture ligérienne à l’attention des deux élus nationaux faite par Etienne Murat (vice-président de JA Loire), les responsables syndicaux départementaux revenaient sur les grandes lignes du programme électoral (à découvrir ici).

Une rémunération attractive

La liste JA+FDSEA porte un projet qui défend des agricultrices et des agriculteurs vivant dignement de leur métier, avec une rémunération attractive, des moyens de production disponibles pour entreprendre et le renouvellement des générations. « Pendant toute la campagne, nous avons orienté nos propos sur la production, précisait Jean-Luc Perrin. Elle doit être remise sur le devant de la scène quand on évoque l’agriculture, avant même de parler d’écologie et de social. Tant qu’il y aura des agriculteurs, inévitablement, on pourra parler d’environnement. »

Le président de la FDSEA rappelait que le revenu d’un agriculteur est constitué, bien évidemment, du prix, mais aussi des charges, ainsi que des aides de la Pac. « Elles doivent revenir à ceux qui produisent et pas être une rente », insistait-il.

Aude Geiger confirmait que « le syndicalisme majoritaire est à l’œuvre pour préparer la réforme 2027 de la Politique agricole commune. Nous devons revenir aux objectifs fondamentaux : produire et nourrir nos concitoyens. Il ne faut pas oublier que la Pac permet de leur fournir des produits de qualité et accessibles. Mais, progressivement, elle a dérivé vers des soutiens non agricoles. »

Christophe Chambon soulignait les bienfaits des loi Egalim sur les prix du lait et de la viande. Il estimait que les contrôles, de plus en plus fréquents, « contribuent à l’application de la loi par l’aval des filières. Cela prouve que nous allons dans le bon sens ; il faut poursuivre dans cette direction ».

Préserver les facteurs de production

Pour Jean-Luc Perrin, « le revenu est également dépendant des facteurs de production, qui doivent être maintenus ». Il citait la préservation et l’accès au foncier agricole, la gestion et le stockage de l’eau ou encore l’utilisation des produits phytosanitaires. « Sans eau, pas d’arboriculture ou de maraîchage, pas d’abreuvement des animaux et donc pas d’élevage non plus. » « L’eau est un bien commun, poursuivait Christophe Chambon. Elle doit être partagée entre tous les acteurs de la société. C’est en faisant passer cette idée que nous arriverons à construire plus facilement des ouvrages de stockage. »

De plus, « avec l’interdiction d’utilisation de molécules de traitement, les agriculteurs arrivent vite dans des impasses techniques, complétait le président de la FDSEA. Ce n’est pas supportable de voir entrer en Europe des produits qui ne respectent pas les règles imposées chez nous. »

Rémi Jousserand, candidat sur la liste JA+FDSEA, s’adressait alors aux deux responsables nationaux : « Le syndicalisme majoritaire doit taper du poing sur la table pour faire changer les réglementations et les faire respecter. Ce sont surtout les parlementaires qui doivent jouer leur rôle. » Des sujets de court terme sont aussi sur la table : le projet de loi de finances, la loi d’orientation agricole ou encore les accords de libre-échange avec les pays du Mercosur.

Renouveler les générations et développer l’emploi

Christophe Chambon revenait sur la notion de dignité, terme employé dans le premier point du projet JA+FDSEA : « Nous devons être fiers de notre métier. Nous sommes des chefs d’entreprise ; nous devons pouvoir vivre de notre travail, dégager un revenu décent et avoir du temps libre », que ce soit pour sa vie privée ou pour s’engager (mairie, organisation professionnelle). Il convenait que « la main d’œuvre agricole est de plus en plus difficile à trouver ».

Rémi Jousserand rebondissait sur ses propos : « Dans notre département, où l’élevage est dominant, nous souhaitons continuer à miser sur l’installation. Un agriculteur, qui est assurément un chef d’entreprise, doit continuer à rester maître chez lui. La notion de capital est cruciale et doit être absolument travaillée. » Il confirmait que le manque de main d’œuvre est criant, « nous l’avons constaté dans la plupart des fermes visitées dans le cadre de la campagne. L’enjeu est la formation des potentiels salariés. Les jeunes qui sortent de l’école n’ont pas toujours les qualifications répondant aux attentes des agriculteurs-employeurs ».

 

Face aux aléas climatiques

Cet échange faisait écho au programme de la liste JA+FDSEA, qui prône une agriculture connectée au reste de la société, avec des propositions permettant d’accompagner les exploitations agricoles dans leur évolution, de développer l’emploi sur toutes ses facettes pour une vie plus équilibrée et de mener une politique ambitieuse contre les aléas.

« Les études montrent qu’Auvergne-Rhône-Alpes est la région la plus impactée par les aléas climatiques », intervenait Jean-Luc Perrin. L’intelligence artificielle et les satellites, utilisés dans l’analyse des impacts sur les productions végétales, « ont leurs limites. Nous devons revenir au pragmatisme, au bon sens et aux constats sur le terrain. » Pour Rémi Jousserand, « l’évolution du climat est une réalité constatée dans nos fermes. Par exemple, le seuil des 200°C jours est atteint de plus en plus tôt. La réglementation sur les épandages des effluents devrait évoluer pour en tenir compte. »

Revenir au bon sens

« Il faut revenir au bon sens paysan », insistait Christophe Chambon, emmenant progressivement le débat sur la troisième partie du programme JA+FDSEA : « Pour une agriculture respectée », avec la reconnaissance du professionnalisme des agriculteurs et du métier pour ses multiples rôles, ainsi que la protection du foncier agricole.

Jean-Luc Perrin profitait de cette réunion pour rappeler que « rien n’est jamais acquis, tout peut être rapidement remis en cause. Le réseau FNSEA-JA est à l’œuvre depuis de nombreuses années pour défendre les agriculteurs. Mais il faut bien comprendre que les responsables n’ont aucun poids sans des adhérents nombreux derrière. A nous tous de continuer à avoir un réseau fort ».

« FNSEA et JA pèsent encore dans les discussions avec les responsables politiques, assurait Christophe Chambon. Quand nous dénonçons quelque chose, nous faisons toujours une proposition en contrepartie. Nous l’avons prouvé lors des mobilisations de l’hiver 2023-2024 : nous sommes arrivés au ministère avec des revendications et des solutions fondées et censées. »

Lucie Grolleau-Frécon