En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. De novembre 1943 à janvier 1944 sont constitués les comités qui deviendront les syndicats agricoles locaux. Quels événements ont marqué ces 140 ans, et plus spécifiquement ces 80 ans ? Cette semaine, les dates importantes de juin.
En une nuit, du 23 au 24 juin 1990, deux hectares de blé ont « poussé » sur les Champs-Elysées. A l’appel du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), 3 000 jeunes agriculteurs se sont mobilisés pour « La grande moisson », préparée plusieurs mois en amont. Du blé a été cultivé sur 15 000 palettes dans des serres en vue de les acheminer par camions jusqu’à Paris. Dans la nuit, sous une pluie battante, la plus belle avenue du monde a été métamorphosée en un vaste champ de blé entouré de gazon. L’objectif était de faire comprendre aux Français l’importance de l’agriculture dans un contexte de réforme de la Politique agricole commune et de négociations du Gatt (lire l’encadré).
Toute la journée, les agriculteurs ont répondu aux questions des Parisiens venus en nombre (environ 1,4 millions) pour cet événement. Ils ont pu découvrir des expositions diverses sur l’agriculture d’hier, d’aujourd’hui et de demain, assister à des démonstrations de battage à l’ancienne et prendre de nombreuses photos. Beaucoup sont restés des heures durant sur l’avenue pour admirer ce tableau inédit.
En fin de journée, avec le soleil se couchant derrière l’Arc de Triomphe en toile de fond, les moissonneuses, symbole de l’agriculture d’aujourd’hui, sont arrivées sur le site pour battre le blé, filmés par les chaînes de télévisions françaises et même étrangères. Les tracteurs et les presses se sont activés pour confectionner et ramasser les bottes. S’en est suivi un défilé de jeunes agriculteurs, épis de blé géants à la main symbolisant l’agriculture nourricière, sous les applaudissements de la foule. Dans la soirée, de nombreux visiteurs sont repartis avec des épis de blé non récoltés par les moissonneuses en souvenir de cette journée mémorable.
Vidéo sur les coulisses de La grande moisson
Le rôle essentiel de l’agriculture
Le président du CNJA de l’époque, Philippe Mangin, expliquait : « Nous avons voulu combiner les deux images : une agriculture traditionnelle et moderne. L’important était de montrer que l’homme reste essentiel dans l’agriculture et garde un rôle primordial dans l’aménagement de l’espace rural. » (Extrait du journal Paysans de la Loire du 7 juillet 1991).
Un an après, le 29 septembre 1991, la FNSEA et le CNJA appellent à nouveau à la mobilisation à Paris. Le mot d’ordre du « Dimanche des terres de France » est « sauver le monde rural », alors que la réforme de la Pac se dessinait progressivement. Plus d’informations sur cette manifestation seront à retrouver dans les pages des journaux de septembre.
Vingt ans après La grande moisson, JA a conduit une opération similaire, les 23 et 24 mai 2010, intitulée Nature capitale. Sur les Champs-Elysées, les Jeunes agriculteurs ont déployé un échantillon représentatif de toutes les productions françaises. L’objectif était de sensibiliser les Français sur le rôle stratégique de l’agriculture et la nécessité de la pérenniser.
Le congrès national à Roanne
Après un an et demi de travail, JA Loire accueillait le 53e congrès national JA à Roanne du 4 au 6 juin 2019. L’objectif du comité d’organisation, dont Jean-Christophe Farjon était le président, était de faire découvrir le département ligérien aux congressistes pour leur donner envie de revenir : film de présentation, repas concoctés à partir de produits issus du territoire ou encore sac souvenir. Avec ce congrès, JA 42 a su mettre en avant l’agriculture du département et ses filières, ainsi que son sens de l’accueil et la bonne entente entre les organisations professionnelles agricoles.
Mais un congrès national se veut surtout un moment fort pour le réseau JA : échanges, partage, convivialité, bilan de l’année écoulée et perspectives. Samuel Vandaele avait été élu président national quelques semaines auparavant, à la suite de Jérémy Decerle, candidat LREM pour les élections européennes. Les JA ont voulu être force de propositions sur plusieurs sujets, et notamment avec leur rapport d’orientation, dont le thème était « Pour une ruralité éternellement jeune ».
Tables rondes, conférences, discours se sont succédé pendant les trois jours du congrès national JA à Roanne.
Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, présent le dernier jour du congrès, a été interrogé par les JA sur plusieurs sujets. Il a incité la profession agricole à co-construire pour avancer. En marge du congrès, il s’est rendu sur deux exploitations ligériennes. L’occasion pour les responsables professionnels et pour les agriculteurs d’appuyer leurs revendications, notamment le besoin en eau de plus en plus prégnant.
Lucie Grolleau Frécon
30 juin 1992 : accord d’une nouvelle Pac
Au début des années 1990, la Commission européenne, estimant que la Politique agricole commune est dans l’impasse, propose une réforme d’envergure de la Pac, mise en place dans les années 1960. Effectivement, la fin des années 1980 est marquée par le déséquilibre de certains marchés (viande bovine et céréales en particulier), l’érosion des marchés agricoles et l’augmentation des dépenses pour le budget communautaire agricole. Le 30 juin 1992, le Conseil des ministres européen parvient à un accord.
La Pac connait sa première grande évolution, visant à abandonner le système des prix garantis. Cette réforme adopte des mesures faisant baisser les prix agricoles pour les rendre plus compétitifs sur les marchés, ainsi que des compensations par des primes non liées aux quantités produites (aides à l’hectare ou à l’animal) et met en place des outils de maîtrise de la production (gel des terres, limitation du chargement des animaux).
A cette période, le système de subventions européennes aux exportations est largement critiqué au niveau international dans le cadre du Gatt (accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, créé en 1947 et qui deviendra l’Organisation mondiale du commerce (OMC)). La réforme de la Pac de 1992 vise donc à mieux se conformer aux règles du commerce mondial. En 1986, l’Uruguay round s’était ouvert dans le cadre du Gatt. Les discussions se sont concrétisées dans un accord en décembre 1993, avec des engagements mettant fin à l’indépendance et prévoyant une baisse des droits de douane et une réduction des possibilités de soutien aux exportations.
LGF