Événement
L’agriculture fêtée dans la vallée du Gier

Ce dimanche, après plus de huit mois de préparation, la vallée du Gier a fêté l’agriculture à l’occasion de la finale départementale de labour. Un moment festif, où compétiteurs, tracteurs-tondeuses et moiss’batt’cross ont côtoyé mini-zoo, sculpteur de bois et produits du terroir. 

L’agriculture fêtée dans la vallée du Gier
Les 10 hectares qui ont accueilli la finale départementale de labour ont été mis à disposition par le Gaec de Romilie. Ainsi, tracteurs-tondeuses, moiss’batt’cross et laboureurs ont pu s’affronter sur un site offrant une vue imprenable sur les coteaux du Jarez. ©Henri Mazenod

Dimanche 25 août, lieu-dit la Revolanche, Saint-Paul-en-Jarez. « On a trouvé l’endroit le plus plat de la vallée du Gier pour organiser l’événement », lance Emmanuel Bossu, président de  canton Jeunes agriculteurs, un brin taquin. Dans la foule venue écouter les discours du milieu de journée, la boutade tire des rires mi-figue mi-raisin. Car si le cadre dans lequel est organisé le concours de labour départemental, aussi surnommé le Fest’Agri, offre une vue époustouflante sur les coteaux du Jarez, la pente y est parfois raide. 

Si le site accueille le traditionnel concours de labour, cette compétition est loin d’être la seule à rythmer une journée, débutée comme de coutume par la soupe aux choux et la messe du laboureur. La foule était peu nombreuse à cette heure matinale, lendemain de samedi soir et fraîcheur obligent. Dès lors que le soleil a pointé le bout de ses rayons, les visiteurs ont afflué. « C’est sûr, on a attendu de voir comment allait tourner la météo », assume une habitante de la vallée accompagnée par sa fille. Si elles regrettent d’avoir manqué la première manche de moiss’batt’cross, elles ne rateront rien de la seconde, se pressant contre le filet orange. 

Accoudés sur une barrière, trois ados arborent le tee-shirt bleu marine floqué Jeunes agriculteurs de la vallée du Gier. Les conducteurs des moissonneuses ne sont pas encore assis au volant de leur bolide que chacun y va de son commentaire. « La Pamela n’a aucune chance », analyse l’un d’entre eux, désignant un engin jaune, déclenchant un regard incrédule de son compagnon. Il faut dire que si le premier était présent lors du renversement de l’engin le matin même, le second n’est arrivé qu’après l’incident. 

L’une des cinq machines à prendre le départ lance les hostilités, son moteur vrombit, les hourras du public s’intensifient, bientôt noyés par le son de cinq moissonneuses-batteuses lancées à pleine vitesse ou presque. « Vas-y, vas-y, tape-la ! » crie l’un des jeunes en direction de l’engin violet, couleur Milka, au nom éponyme. L’ado ne cache pas sa déception quand le conducteur se contente de prendre la corde pour dépasser sa concurrente. Finalement, les accrochage sont peu nombreux et les engins rentrent à l’écurie tenir compagnies à quelques tracteurs-tondeuses dont les pilotes attendent le départ avec impatience. 

Une manifestation sur 10 hectares

En attendant, les visiteurs poursuivent leur déambulation : il faut dire qu’il y a de quoi s’amuser, le Fest’Agri occupe bien 10 hectares de terrain, mis à disposition par le Gaec de Romilie (Emilie et Romain Gache), producteurs de volailles et d’œufs fermiers. Les compétiteurs en lice pour le concours de labour s’affrontent tout au long de la journée, permettant au public de ne jamais rester sans animation. A la fin de la seconde manche de moiss’batt’cross, comme un seul homme, la foule prend la direction de l’extrémité du site, où les charrues redessinent le paysage, sillon après sillon. Certains sont accompagnés de commissaires, vérifiant la rectitude ou la profondeur des traces. D’autres, plus habitués, plus équipés et mieux entraînés n’en ont pas besoin (lire par ailleurs). 

Les Jeunes agriculteurs de la vallée du Gier s’occupent de l’organisation et ne chôment pas. Beaucoup sont réquisitionnés sous les chapiteaux dédiés à la buvette et la restauration qui ne désemplissent pas. En fin d’après-midi, ils sont même si noirs de monde que se frayer un passage jusqu’au comptoir est un vrai chemin de croix. Une organisation rigoureuse, facilitée par les transactions réalisées en charrue (monnaie spécifique à l’événement) et qui permettent à tous de passer un moment très bon enfant. Jérémy Louat, président du comité d’organisation, et Emmanuel Bossu n’ont pas manqué de remercier publiquement et à plusieurs reprises les bénévoles, « sans qui une telle journée ne serait pas possible ». Leurs remerciements allaient aussi en direction des partenaires de l’événement (organisations professionnelles, collectivités).

Manger local

Les organisateurs ont souhaité miser sur le local pour la restauration de la journée. La promotion du « manger français » (particuliers et restauration hors foyer) a d’ailleurs été reprise par la plupart des intervenants lors de l’inauguration officielle à midi, tant pour inciter le consommateur à se soucier de l’origine des produits qu’il a dans son assiette que pour soutenir les agriculteurs. Les représentants de ces derniers (JA, FDSEA, Chambre d’agriculture) et les élus du territoire (maires, agglomération stéphanoise, député, Département) estimaient qu’un tel événement constitue une formidable opportunité pour communiquer positivement sur l’agriculture, ses modes de production, ainsi que sa contribution à l’environnement et à l’économie française. Pour Mathieu Vassel, président de JA Loire, cette journée peut aussi susciter des vocations : « Le métier d’agriculteur est passionnant. Il y a de la place pour tous, même pour les jeunes qui ne sont pas issus d’une famille d’agriculteur. »

D’ailleurs, les bambins ne sont pas en reste. Ils se laissent captiver par un jeune sculpteur sur bois, façonnant un ours à coups de tronçonneuse. Un mini-zoo où se prélassent lama, oie, chèvre, lapins et cochons donne aussi des idées à une petite fille, chapeau de paille de circonstance sur la tête, qui exhorte son grand-père à lui ramener un lapin. Le papy refuse et la scène finit en drame larmoyant sous le regard amusé d’une maman qui relâche une seconde la surveillance exercée sur son fils. Il faut dire que le garçon, dont le père est agriculteur dans le Pilat, du haut de ses cinq ans, dévale la piste de mini-tracteurs à pédales à toute berzingue. La relève des pilotes de moiss’bat’cross ou de tracteurs-tondeuses semble assurée... 

Alexandra Pacrot et Lucie Grolleau-Frécon