Flora Gérossier
La FCO va perturber longtemps la filière ovine

Flora Gérossier est membre du bureau de la Chambre d’agriculture, notamment en charge de l’élevage. Elle y représente les éleveurs ovins. Ele s'exprime sur la FCO (Fièvre catarrhale ovine), qui touche les troupeaux ligériens.

La FCO va perturber longtemps la filière ovine
Flora Gérossier : « C’est surtout l’infertilité et donc le manque d’agneaux à naître qui aura une répercussion sur l’approvisionnement des marchés. » ©LGF

Pourquoi la Chambre d’agriculture a-t-elle conduit une enquête sur la FCO (Fièvre catarrhale ovine) auprès des éleveurs ovins ?

Flora Gérossier : « Les équipes de la Chambre d’agriculture ont élaboré cette enquête car les membres de la cellule de crise FCO souhaitaient avoir des éléments chiffrés et précis sur ce qu’il se passe dans les élevages ovins ligériens, fortement touchés par la maladie. C’est le seul département de la région à l’avoir fait. Les résultats confirment que les conséquences sont multiples. Certains troupeaux sont très peu atteints alors que d’autres subissent des pertes conséquentes. Les agriculteurs ayant vite réagi en mettant à l’abri leurs animaux et en les désinsectisant s’en sortent mieux. Quant à la vaccination, elle fait ses preuves. Je peux assurer qu’elle protège vraiment les ovins. »


Les résultats de l'enquête sont à lire découvrir ici.


Les éleveurs sont inquiets sur la reproduction des animaux…

FG : « Il est important de réaliser des constats de gestation le plus tôt possible pour avoir un état des lieux et pouvoir remettre à la lutte les brebis vides. Les béliers qui ont eu des symptômes et/ou de la température risquent d’être stériles plusieurs semaines. La palpation des testicules permet de voir si les bourses sont pleines ou pas. Sicarev pourrait aussi organiser des spermogrammes. Je conseille aux éleveurs de contacter le technicien de la Chambre d’agriculture ou celui de Sicarev pour en savoir plus à ce sujet. »

Quelles sont les répercussions de la FCO sur le renouvellement des troupeaux ?

FG : « La mortalité et les problèmes de reproduction ont un réel impact. Les agriculteurs élevant leurs propres agnelles devront garder plus de femelles que d’habitude, en étant moins rigoureux sur les critères de tri. Mais le chiffre d’affaires lié à la vente sera réduit. Je sais que les éleveurs qui achètent leurs femelles de renouvellement sont inquiets quant à l’approvisionnement et à la qualité des animaux. Le travail des organismes de sélection est actuellement délicat. Il y aura inévitablement des répercussions sur plusieurs années pour remplacer les effectifs manquants. »

Quel est l’impact sur l’ensemble de la filière ovine ?

FG : « C’est surtout l’infertilité et donc le manque d’agneaux à naître qui aura une répercussion sur l’approvisionnement des marchés, que ce soit dans les filières dites longues ou en vente directe. Il est encore trop tôt pour dire à quelle hauteur. Les cours se portent bien depuis plusieurs années, et encore plus en 2024. J’espère que les consommateurs sauront comprendre la situation et qu’ils continueront à acheter de la viande malgré des prix plus élevés. Le risque est que les importations gagnent du terrain, même si l’offre n’est pas pléthorique sur les marchés mondiaux. »

En quoi consiste le rôle de Chambre d’agriculture dans ce contexte de crise ?

FG : « Elle active tous les leviers possibles pour tenter d’obtenir des aides pour les éleveurs. Elle est aussi en lien avec la DDT pour les aides de la Pac, qui a d’ailleurs adressé une Elise@ aux agriculteurs début octobre. Ceux qui craignent de ne pas avoir les effectifs déclarés peuvent se signaler auprès de la DDT. La Chambre d’agriculture, que ce soit les agents ou les élus, peut aussi être le relais de situations financières et psychologiques difficiles, au même titre que toutes les structures du département, son voisin ou ses proches. »

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon