Critérium du Dauphiné
 « Il y a tout pour nous offrir du spectacle et une belle bagarre »

Ancien grand espoir cycliste originaire de Perreux, Eliott Austin connaît bien les routes ligériennes qui accueilleront le Critérium du Dauphiné. Il livre son avis sur ces deux étapes, les spécificités du contre-la-montre et les endroits où s’installer pour en prendre plein les yeux.

 « Il y a tout pour nous offrir du spectacle et une belle bagarre »
© ASO / Aurelien Vialatte

À bientôt 23 ans, Eliott Austin est en pleine réflexion sur son avenir professionnel. Après avoir remisé son vélo le temps de deux expériences comme directeur sportif, en N3 au VC Tournus (71) puis en N1 au VC Vaulx-en-Velin, cet ancien grand espoir passé, entre autres, par le CR4C Roanne est remonté en selle. Uniquement pour le plaisir, assure le vainqueur du souvenir Jose-Coelho en mars à Charlieu. « Quand on est passionné, on ne coupe jamais totalement », reconnaît toutefois celui qui a grandi à Perreux et est désormais ancré à Roanne. Il encadre ainsi les jeunes de l’école de vélo du VC Roannais avec l’ambition de les aider à exploiter pleinement leur potentiel.

Quelle importance le peloton accorde-t-il au Critérium du Dauphiné ?

Eliott Austin : « C’est l’une des dernières courses de préparation pour le grand objectif de l’année que constitue le Tour de France. Elle a lieu sur des routes que l’on peut retrouver durant la Grande Boucle et il n’y a pas non plus énormément d’épreuves qui se déroulent sur une semaine. À ce moment du calendrier, cela en fait une belle course, idéale pour voir où l’on en est physiquement et peaufiner les réglages techniques ou de posture. »

Que vous inspire le profil des deux étapes dont l’arrivée sera jugée dans la Loire ?

E.A : « Elles ont en commun un tracé propice à faire de la casse et auront donc une réelle importance sur le début du Critérium. Le final de la 2e étape, entre la côte de Saint-Georges-en-Couzan, le col de la croix Ladret et le col de la Loge, c’est presque une seule montée qui attend les coureurs en réalité. Ils n’auront aucun moment de répit et grimperont pendant 20 km. Je pense que les meilleurs arriveront ensemble. En revanche, on verra ceux qui ne sont pas prêts. Je connais mieux le parcours du contre-la-montre individuel, que j’ai eu la chance de repérer avec les clubs de Saint-Germain-Laval et de Neulise. Il est assez long, avec un dénivelé positif intéressant et de réelles difficultés. Le début est plutôt facile, avec de la descente et un parcours rectiligne qui sera un plaisir total pour les purs rouleurs. Les premières difficultés apparaissent à mi-parcours, du côté de Pinay, avec des routes moins larges et une alternance de montées et de descentes qui usent. La pente s’élève vraiment à Saint-Marcel-de-Félines, une belle route mais difficile quand on roule seul et à fond depuis déjà 24 km. Après une alternance de valons, il y a de nouveau une montée vers Saint-Just-la-Pendue, régulière mais compliquée avec la fatigue. Les cinq derniers kilomètres, hormis 400 m au pourcentage plus élevé, me semblent assez simples, avec une plus grande route qui permet “d’envoyer”. C’est un très beau parcours, vraiment. Il y a tout pour nous offrir du spectacle et une belle bagarre entre les spécialistes et les leaders au classement général. »

Eliott Austin (au centre) après sa victoire au Souvenir José-Coelho à Charlieu, en mars.

Quelles sont les spécificités d’un contre-la-montre individuel ?

E.A. : « C’est un exercice très spécial, avec une technique complexe qui exige beaucoup de travail, notamment pour trouver la posture que l’on peut tenir une heure à haute intensité. Le matériel change également, avec des roues pleines qui offrent un rendement à haute vitesse extraordinaire par un gain de puissance non négligeable. Le vélo est aussi plus lourd, raison pour laquelle on voit parfois des coureurs changer d’engin sur des parcours avec de grosses difficultés, ce qui ne devrait pas être le cas ici. On pourrait se dire que ce sont seulement 34 km, mais le “chrono” est un effort très violent ! Quand on roule seul, on ne peut pas s’économiser derrière d’autres coureurs et on affronte donc pleinement le phénomène de résistance à l’air. Pour les leaders et spécialistes qui courront ce contre-la-montre à fond, cela demande énormément de force et c’est aussi dur qu’une étape de montagne. »

Qui placez-vous parmi les favoris ?

E.A. : « Au moment où l’on se parle, on ne connaît pas encore tous les participants. Le Danois Jonas Vingegaard ne pourra malheureusement pas défendre son titre suite à sa lourde chute sur le Tour du Pays basque… On peut s’attendre à voir d’autres favoris au sein de son équipe, comme le Belge Wout Van Aert. Il y a aussi son compatriote Remco Evenepoel, champion du monde du contre-la-montre, et le Slovène Primoz Roglic (vainqueur de l’épreuve en 2022, NDLR), qui fera partie d’une équipe à plusieurs leaders. Ces coureurs-là sont capables de gagner le contre-la-montre et sur les sommets. Derrière, on retrouve un paquet d’outsiders avec, pourquoi pas, les Français David Gaudu et Lenny Martinez. »

Où conseillez-vous de se placer en tant que spectateurs ?

E.A. : « Dans les étapes avec une arrivée en sommet, toute la montée est intéressante. Les premiers passent très vite, mais on a le temps de voir et d’encourager les suivants. Plus on est haut et proche du final, plus on en profite car les écarts se creusent. En ce qui concerne le contre-la-montre, le départ peut être intéressant pour voir les coureurs s’échauffer et l’arrivée reste un moment particulier, même s’ils rejoignent rapidement leur bus en général. Saint-Marcel-de-Félines constituera aussi un très bel emplacement. Les coureurs monteront vite, mais ils passeront un par un et on profitera d’un paysage magnifique avec le château. Je conseille d’y aller tôt car, une fois le premier installé dans les starting-blocks, les routes seront condamnées. Il faudra garder sa place toute la journée ou marcher plusieurs kilomètres pour retourner à sa voiture. Le départ et l’arrivée sont plus abordables en principe avec plusieurs accès différents. »

Propos recueillis par Franck Talluto

Double ration de Dauphiné pour la Loire !

Le peloton du Critérium du Dauphiné empruntera les routes de la Loire lundi 3 et mercredi 5 juin lors de deux étapes qui s’annoncent spectaculaires.

Les Ligériens amateurs de cyclisme sont gâtés ! Si le Tour de France ne passera pas par le département cette année, ils auront droit, en revanche, à une double dose de Dauphiné : deux des huit étapes de la 76e édition du critérium éponyme rendront effectivement leur verdict dans la Loire lundi 3 et mercredi 5 juin. Et le public qui se massera sur le bord des routes devrait voir du spectacle. En effet, cette épreuve sert traditionnellement de répétition grandeur nature à la Grande Boucle, qui se court quelques semaines plus tard (du 29 juin au 21 juillet cette année).

La preuve, cinq des dix premiers du critérium du Dauphiné l’an dernier avaient renouvelé cette performance en juillet : outre le Danois Jonas Vingegaard, victorieux des deux épreuves, le Britannique Adam Yates avait terminé 3e puis 2e, l’Australien Jai Hindley 4e puis 7e, le Français Guillaume Martin avait pris la 6e puis la 10e place au classement général de ces courses respectives, tandis que l’Espagnol Carlos Rodriguez Cano avait enchaîné une 9e et une 5e place.

« Après le coup d’envoi qui sera pour la première fois donné depuis le département de l’Allier, à Saint-Pourçain-sur-Sioule, la semaine de course sera marquée par des temps forts, dont le chrono du mercredi à Neulise, dans la Loire, avant de se diriger vers un combat de grimpeurs dans les Alpes, s’achevant au Plateau des Glières le dimanche après-midi », annonce ASO, organisateur de l’épreuve.

Si un sprinteur endossera probablement le maillot de leader à l’issue de la première étape, ce ne devrait plus être le cas le lendemain, « l’enchaînement musclé des 25 derniers km avant d’atteindre le col de la Loge offrant une première occasion d’afficher sa force, à défaut de créer de gros écarts ». Et ASO d’ajouter : « La hiérarchie pourrait ensuite être bousculée par un solide groupe d’échappés dans l’étape casse-pattes des Estables, par-delà les reliefs des départements du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire. Et dans des proportions encore plus importantes sur le contre-la-montre de Neulise, avec une distance de 34,4 km qui met en appétit les gros rouleurs ». Le reste de la semaine, que diffuseront France 3 et Eurosport, s’annonce tout aussi palpitant.

F.T.

Les étapes de la 76e édition

1 : Dimanche 2 juin, Saint-Pourçain-sur-Sioule > Saint-Pourçain-sur-Sioule (174,8 km)
2 : Lundi 3, Gannat > col de la Loge (142 km)
3 : Mardi 4, Celles-sur-Durolle > Les Estables (181,2 km)
4 : Mercredi 5, Saint-Germain-Laval > Neulise (34,4 km)
5 : Jeudi 6, Amplepuis > Saint-Priest (200,2 km)
6 : Vendredi 7, Hauterives > Le Collet d’Allevard (173,2 km)
7 : Samedi 8, Albertville > Samoëns 1600 (145,5 km)
8 : Dimanche 9, Thônes > plateau des Glières (152,5 km)