Catastrophe naturelle
Inondations dans la Loire : « Accéder aux prés est inimaginable »
Jeudi 17 octobre, le sud de la Loire a connu un épisode cévenol d’une rare violence ; les villes de Rive-de-Gier et Chavanay ont été inondées. Pour les agriculteurs, la situation se tend un peu plus à chaque pluie : parcelles ravinées dont la portance s’atténue et difficulté à semer les maïs ne présagent pas une fin d’année facile.
Jeudi 17 octobre, la Loire des pluies diluviennes ont laissé sans voix les agriculteurs de la vallée du Gier. Emmanuel Bossu, président du canton Jeunes agriculteurs du secteur estime que 150 à 200 mm de pluie sont tombés sur le Pilat et ses contreforts. « De nombreuses exploitations ont été inondées, les cultures sont abîmées. Certains vont batailler à s’en remettre », lâche l’agriculteur de Saint-Paul-en-Jarez, évoquant le cas d’une ferme à Sainte-Croix-en-Jarez dont tous les bâtiments et le laboratoire de transformation ont été dévastés par l’eau.
Pour Hervé Nantas, président du canton FDSEA et agriculteur à Saint-Chamond, « la situation est variable » en fonction des structures. Une chose est sûre, « l’eau a défoncé tous les chemins de desserte des parcelles, avec des trous parfois profonds d’un mètre ». Emmanuel Bossu rebondit : « Accéder aux prés est inimaginable. Si ce n’est avec une pelleteuse, on ne risque pas d’aller dans les parcelles... » Des conditions difficiles qui ne permettent pas d’envisager sereinement les mois à venir.
Les conséquences de cet épisode météorologique se font aussi sentir dans le Pilat. A Chavanay, village durement touché jeudi dernier (deux ponts ont été détruits en raison de la pression de l’inondation), André Perret, viticulteur retraité, signale des difficultés sur les murs de soutènement de son ancienne exploitation, reprise par sa fille Marie en mai. « Notre vignoble est en terrasse, donc ils ont été dégradés par ruissellement. Mais rien de bien catastrophique par rapport à d’autres communes », tente-t-il de relativiser, pensant immédiatement au village voisin de Limony (Ardèche) totalement inondé.
André Perret évoque également tout un pan de Chavanay noyé par le ruisseau de la Valencize, vers le bassin de joute : « Le syndicat agricole s’est mobilisé pour sortir la terre avec des remorques et tracteurs. Il y a une épaisseur importante, tout n’est pas encore nettoyé. » Avant d’ajouter : « Mais ce n’est pas la catastrophe dans toutes les rues de Chavanay. Quelques habitations ont été touchées, mais pas un grand nombre. »
Ensilage et enrubannage impossibles
Plus bas dans la vallée, la lassitude se fait sentir après une année compliquée : « On a de l’herbe à ramasser, mais aucun moyen de le faire, il pleut tous les jours ! Les sols sont détrempés, on ne peut pas ensiler ou enrubanner », constate lourdement Hervé Nantas. Des conditions qui ne permettent pas, ou peu, de semis de céréales. « Très peu d’agriculteurs ont semé, quelques hectares. Mais l’eau a tout raviné et se posent maintenant toutes les questions autour de l’érosion... »
« L’herbe n’est plus bonne pour les vaches, analyse Emmanuel Bossu. Elles bataillent à manger et on est obligé de compléter avec du foin pour éviter les diarrhées. » L’éleveur précise : « Les bêtes abîment les parcelles et si on les rentre, il faut être vigilants à ce qu’il n’y ait pas d’eau dans les bâtiments sinon il faut nettoyer immédiatement. Sans ça, elles ne peuvent pas se coucher. On travaille encore pour assécher l’eau tombée la semaine dernière. »
Un autre épisode attendu ce week-end
Les pluies diluviennes ont aussi tiré la terre vers le Gier, ravinant les prés parfois en profondeur. « La terre est partie, c’est le plus gros problème », estime Hervé Nantas qui déplore : « On a vu l’eau courir sur 500 ou 600 mètres dans les parcelles ! Si elle était mieux répartie, elle aurait fait moins de dégâts ! » Un avis partagé par André Perret qui reconnaît avoir « eu de la chance en raison de la période. Nous sommes en octobre, les vendanges sont terminées et le vignoble enherbé. Le sol n'est plus travaillé depuis le mois de juin, donc l’herbe a retenu la terre. En juin, cela aurait été bien plus compliquée... » Selon lui, la situation est similaire pour les domaines viticoles à proximité, logés à la même enseigne.
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Les deux exploitants de la vallée tiennent à saluer le travail de leur commune pour l’entretien des fossés. « Une partie a été nettoyée, à proximité des entrées de parcelles mais est resté enherbé, ce n’est pas mal du tout », apprécie le représentant de la FDSEA.
Alors que les agriculteurs suivent de près la météo, aucun d’entre eux n’aurait pu prédire la violence de l’épisode cévenol qui s’est abattu sur le sud du département. « On nous annonçait 60 à 70 mm d’eau alors qu’il est tombé 120 mm dans certaines communes », se stupéfie Hervé Nantas. « On ne pensait pas avoir autant d’eau », résume Emmanuel Bossu, redoutant déjà les nouvelles précipitations annoncées pour ce week-end. « Il faut déboucher les grilles au maximum et essayer de tracer des raies dans les parcelles pour éviter les inondations dans les villes en contrebas. »
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Les vannes du barrage de Grangent ont été ouvertes pendant cet épisode cévenol (nuit du mercredi au jeudi) pour gérer les flux d’eau. Le débit du fleuve Loire a gonflé les heures suivantes, avec un pic de la crue au niveau de Feurs le vendredi en milieu de journée. L’eau n’a pas atteint les niveaux de 2008, mais des parcelles agricoles ont malgré tout été inondées.
Alexandra Blanchard-Pacrot et Axel Poulain
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