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« Je ne pensais pas aller aussi loin dans Koh-Lanta »
Mardi, la finale de Koh-Lanta n’a pas souri au Ligérien Jean-Charles Chatelus, éliminé à l’épreuve des poteaux et finalement 4e du jeu d’aventures de TF1. Le fustier de Saint-Jean-Soleymieux dresse un bilan très positif de cette expérience, tout en aspirant désormais à retrouver sa vie d’avant.
Comment avez-vous vécu la finale de Koh-Lanta, diffusée en direct ce mardi sur TF1, par rapport aux soirées précédentes que vous regardiez de chez vous ?
Jean-Charles Chatelus : « Il était impressionnant de voir le décor, le fonctionnement, découvrir qui gagne, qui perd. C’était génial. »
Avec le recul – le tournage a eu lieu à l’automne –, quel bilan dressez-vous de votre participation ?
J.-C.C. : « C’est une super expérience, pour la découverte, l’aspect social et la survie. J’en ai profité à fond du fait qu’il y ait une date de fin, que ce soit éphémère avec les diffusions jusqu’à hier (mardi, NDLR). »
« J’ai participé à toutes les épreuves, vécu tous les jours de l’aventure et c’est une victoire. Le reste, l’argent, c’est du bonus, mais ce n’est pas du tout ce qui me motive dans la vie »
Où mettez-vous le curseur entre la satisfaction d’être allé très loin et peut-être la déception de passer tout près de la victoire finale ?
J.-C.C. : « Ce n’est pas ma lecture des choses. Pour moi, je suis allé au bout (rires). J’ai tout gagné. Remporter les poteaux, c’est peut-être la marche qui me manque, autrement j’ai participé à toutes les épreuves, vécu tous les jours de l’aventure et c’est une victoire. Le reste, l’argent, c’est du bonus, mais ce n’est pas du tout ce qui me motive dans la vie. »
Vous avez été en difficulté sur beaucoup d’épreuves avant de monter en puissance pour terminer par un succès à l’orientation et une deuxième place aux poteaux. Comment l’expliquez-vous ? La résistance physique, le mental ?
J.-C.C. : « Déjà, il ne restait plus personne. Quand on est quatre, on est sûr d’être au moins quatrième et c’est pas mal (rires). La persévérance de toujours y croire, même quand on est nul et qu’on n’y arrive pas, peut faire basculer les choses au bout d’un moment. J’ai eu cette chance-là. Sans cette victoire à l’orientation, je n’aurais pas vécu l’aventure de la même manière. »
Vous avez beaucoup maigri aux Philippines, comment avez-vous appréhendé le retour au quotidien ?
J.-C.C. : « On en a pas mal discuté entre nous, chacun a agi à sa manière. Certains ont rencontré des difficultés au niveau alimentaire pour reprendre des habitudes. Cela n’a pas été mon cas. J’ai travaillé dès le lendemain de mon retour, j’ai eu l’impression d’avoir vécu une sorte de rêve et que je me réveillais pour reprendre ma vie. Au bout d’une semaine, j’ai eu l’impression de n’avoir rien vécu, si ce n’est que j’étais plus maigre et que je pouvais donc me faire de bons gueuletons (sic) car j’avais de la marge. Je vous rassure, je l’ai bien reprise (rires). »
« Les derniers jours étaient compliqués, j’avais de plus en plus de mal à sourire, à garder mon calme »
Malgré le sommeil, la faim, l’humidité, vous avez semblé d’humeur égale.
J.-C.C. : « Être de bonne humeur est d’ordinaire assez naturel pour moi, ça l’était beaucoup moins sur Koh-Lanta. C’était une découverte que de vivre dans ces conditions assez extrêmes. Les derniers jours étaient compliqués, j’avais de plus en plus de mal à sourire, à garder mon calme car on était dans la difficulté. Cela m’a permis d’observer mes réactions et celle des autres dans ce contexte, c’est hyper intéressant. »
Avez-vous découvert des choses sur vous-même ?
J.-C.C. : « Forcément. On ne vit qu’une fois une telle aventure et toutes ces choses qu’on ne peut pas rencontrer dans notre quotidien. Je voulais voir ce qu’il pouvait en ressortir, que ce soit par rapport à moi ou au groupe d’humains qui se retrouve sur une île sans rien. On apprend plein de choses. Je suis devenu hypersensible : je voyais un insecte s’envoler, j’avais envie de pleurer : je voyais une pierre de belle couleur, j’avais envie de pleurer... C’est très spécial car je ne me montre pas trop mes émotions habituellement. »
Vous avez semblé parler de plus en plus de votre famille et notamment du décès de votre maman. Est-ce une force qui vous a porté de manière crescendo ?
J.-C.C. : « Non, elle a toujours été très présente. Toujours. Je pensais tout le temps à elle, depuis le début. »
La victoire à l’orientation constitue-t-elle le moment le plus fort de ces 40 jours ?
J.-C.C. : « Elle sauve ma partie sportive car je ne faisais que perdre. Cela devenait un enjeu car je voulais gagner une épreuve ou au moins briller et l’orientation est la plus belle. J’étais hyper heureux, avec un sentiment de plénitude. C’est donc quelque chose de très fort pour moi, oui, mais je n’étais pas venu spécialement pour les épreuves, ce n’était pas mon leitmotiv. Les interactions avec les autres, au quotidien, le groupe et l’aspect social m’ont davantage marqué. »
« J’ai essayé de rester naturel, loin de (la stratégie) autant que possible »
C’est une aventure humaine, où se jouent des amitiés fortes – Colin et Bastien sont venus vous rendre visite dans la Loire récemment – mais il y a aussi la stratégie pour ne pas être éliminé. Comment avez-vous avancé avec ces deux jambes ?
J.-C.C. : « La stratégie est très présente, c’est l’aventure qui veut cela puisqu’on s’élimine les uns, les autres. J’ai essayé de rester naturel, loin de tout cela autant que possible puis d’agir quand ma place pouvait être en danger afin d’essayer d’aller le plus loin possible. Je ne pensais d’ailleurs pas aller aussi loin. »
Devant votre télévision, avez-vous vu certaines choses différemment ?
J.-C.C. : « Bien sûr. On voit les réactions des autres face aux situations, des moments de vie desquels on était absent, le fonctionnement des autres équipes, on apprend plein de choses sur ce qu’il se passe, les personnalités. La diffusion était une deuxième aventure, c’était assez marrant. »
Êtes-vous arrivés à garder le secret jusqu’au bout sur l’issue de votre parcours ?
J.-C.C. : « C’est compliqué, j’ai parfois lâché des indices malgré moi. L’idée c’était quand même qu’il y ait de la découverte, aussi j’ai essayé de garder au maximum les informations pour moi afin de voir la surprise de mes proches et de découvrir en même temps qu’eux. Si tout le monde est au courant, il n’y a plus d’intérêt. »
Que répondrez-vous si on vous propose à l’avenir de participer à une édition “all stars” avec d’autres anciens candidats ?
J.-C.C. : « Déjà, on ne me le proposera pas car il faut être très performant au niveau des épreuves et cela n’a pas été mon cas. Et puis l’intérêt que je trouvais à cette expérience, c’est la découverte. Si j’y participais à nouveau, je serais moins surpris et cela me plairait moins. Même chose pour l’aspect social. La première fois, personne ne vous connaît et vous ne connaissez personne. Là, ce serait avec des statuts, des réputations et ce n’est pas forcément ce que je recherche. »
Koh-Lanta a-t-il suscité d’autres projets chez vous ?
J.-C.C. : « Non, c’était une chose importante à mes yeux. J’avais peur que cela change mon quotidien. Cela a été le cas pendant les mois de diffusion, mais je l’ai vécu agréablement car c’est éphémère. Participer à des choses en lien avec mon métier de fustier, pourquoi pas, mais je ne suis pas à la recherche d’une autre carrière. Je suis très bien dans ce que je vis et dans ce que je suis. »
Comment avez-vous vécu les obligations médiatiques et cette nouvelle notoriété au quotidien ?
J.-C.C. : « Ces derniers mois, les sollicitations, les discussions étaient très autocentrées sur Koh-Lanta. J’espère avoir d’autres intérêts que cette aventure, même si elle est géniale ! Je l’ai vécue avec plaisir, que ce soit les sollicitations, ou même les proches, l’entourage car c’était l’espace d’un instant. Si on me proposait demain d’être Johnny Hallyday, je répondrais : “Non, merci.” Bon, personne ne le fera car je n’ai pas sa voix (rires), mais cela ne me plairait pas de vivre sa vie. »
Quel retour avez-vous eu des gens autour de vous, dans les monts du Forez ?
J.-C.C. : « Il y a un côté chauvin, le soutien vers le gars du coin qui ne se débrouille pas si mal. Ils sont assez contents car je leur ressemble, je suis un peu Monsieur Tout-le-Monde. Il est plus facile de s’identifier à moi qu’à quelqu’un qui fait 2 mètres et 100 kg de muscles. Des gens avec de la bedaine (sic), la barbe, le visage buriné, il y en a pas mal près de chez moi (rires). »
Propos recueillis par Franck Talluto
Deux beaux vainqueurs selon lui
Mardi soir, en deuxième partie de soirée, Koh-Lanta a ajouté deux nouveaux gagnants à son palmarès. Bastien et François ont chacun récolté quatre voix, soit une de plus que Géraldine, l’autre finaliste. Les deux hommes vont se partager la gloire et l’argent, à savoir les 100 000 euros mis en jeu. Pour Jean-Charles, éliminé juste avant, ce sont de beaux vainqueurs. « Ce sont les aventuriers les plus complets, estime le Ligérien. Ils ont été très bons sur les épreuves, mais pas seulement. Il y a toute une partie invisible aux niveaux survie, social et stratégique dans laquelle il est ont été très forts. Chapeau à eux ! J’adore cette conclusion, qu’ils gagnent à deux représente bien cette saison. C’était assez collectif dans ce groupe d’aventuriers. »
Pour TF1, cette nouvelle édition constituait un enjeu de taille. Après un retour en force durant le premier confinement, ce programme phare de la chaîne semblait s’essouffler, entre les polémiques autour de tricheries et la participation récurrente de certains candidats “stars”. TF1 et ALP production ont donc revu certains des principes de jeu, au-delà du simple toilettage. Historiquement, la course à l’orientation permettait à trois aventuriers de participer à la dernière et mythique épreuve du jeu, celle des poteaux. Cette année, ils ont été quatre. Et là où, traditionnellement, la personne qui la remportait choisissait celle qui l’accompagnerait en finale, cette dernière en a cette année choisi une autre à son tour. Pas suffisant pour inverser la tendance des audiences. « Sur la soirée, l'émission a été regardée par 2,96 millions de téléspectateurs. Il s'agit de la plus faible finale historique de Koh-Lanta », relève ainsi le site médias ozap.com.
F.T.