Salon de l'agriculture
« Monter à Paris, c’est un rêve de gosse »

Pour la première fois, le Gaec Margotton emmène l’une de ses vaches, Royale, sur le Salon de l’agriculture ; la charolaise a été sélectionnée par la commission mi-janvier. Une fierté mais surtout une grosse préparation qu’il faut assumer en gérant le quotidien. L’éleveur fait le point. 

« Monter à Paris, c’est un rêve de gosse »
Légende : Royale est une vache de quatre ans, appartenant à Jean-Louis Margotton, éleveur et Jean-Pierre Grouiller, naisseur. Photo fournie par Jean-Margotton.

Royale à la porte de Versailles. Le prénom de la vache charolaise semblait prédestiné à rallier la capitale de l’ancien royaume de France. « C’est une grande fierté que d’avoir été sélectionné pour monter à Paris, que ce soit pour le naisseur ou pour moi », s’enthousiasme Jean-Louis Margotton. L’éleveur de Noailly, en Gaec avec son épouse Aurélie, va en effet se rendre au Salon de l’agriculture où l’une de ses vaches charolaises, Royale, a été retenue pour concourir le dimanche 25 février. Âgée de quatre ans, l’animal a déjà eu deux veaux. Son dernier est né en janvier. Les deux seront des festivités. « C’était de toute façon un critère de sélection », indique Jean-Louis Margotton, reconnaissant que « ça a demandé beaucoup d’attention et de surveillance ». 

Une surprise pour le naisseur

« C’est une énorme préparation », lance Jean-Louis Margotton. C’est la première fois que l’exploitant engage une bête sur le concours. La première fois aussi où il passera de visiteur à exposant. Royale est née chez Jean-Pierre Grouiller, éleveur à La Bénisson-Dieu. Les deux hommes détiennent la vache en copropriété. « Sur le concours de Moulins, deux éleveurs m’ont demandé si on engageait Royale à Paris. Sur le coup, j’ai répondu non et en rentrant, j’ai bien regardé la vache, les dates, le vêlage.... J’ai fini par me dire ‘’pourquoi pas’’. » L’éleveur de Noailly ne dit rien au naisseur et inscrit la charolaise. La commission de sélection passe le 8 janvier dans le Roannais. « Jean-Pierre part à la retraite cette année et je voulais faire un cadeau pour son départ. Finir sa carrière à Paris, c’est une belle consécration », s’emballe l’éleveur qui assure que la surprise « l’a étonné et lui a fait plaisir ». Seule l’épouse de Jean-Louis Margotton, Aurélie, était au courant... 


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Les résultats tombent quinze jours plus tard : Royale sera titulaire sur le Salon. « On réalise que ce n’est plus pareil ! » s’exclame l’éleveur. Surtout que le 8 janvier, la vache n’avait pas vêlé. Son veau naît le 13. « C’est sûr que ça a été une semaine mouvementée ! » Commence alors la préparation, minutieuse, de la bête. Depuis le concours de Moulins, Royale est lavée une fois par semaine. « Il ne faut pas moins », assure Jean-Louis Margotton... qui a tout de même « interdiction » de le faire sans ses filles. « Il ne faut surtout pas qu’elle soit tondue et que la bouse accroche dans ses poils. » Sans compter le dressage de la petite femelle, Victoria qui n’a que trois semaines, pour notamment l’habituer à suivre sa mère. 

Un car de supporters au départ de Noailly

Royale et sa fille partiront donc le vendredi 23 février, avec le Gaec Merle de Haute-Loire. Jean-Louis Margotton et l’une de ses filles feront le voyage avec ; ils espèrent être installés avant 18 heures. Son épouse et ses deux autres filles les rejoindront le samedi. « Il faut bien que la ferme tourne. J’ai des jeunes qui feront le travail, de super voisins qui viendront aider, mais on ne peut pas se permettre de partir trop longtemps. » Si l’aventure est avant tout familiale, Jean-Louis Margotton peut aussi compter sur le soutien de fervents supporters. Son père et des copains ont affrété un bus au départ de Noailly le dimanche matin... « Toute l’année, on est concentrés sur nos vaches, la priorité, ce sont nos animaux. C’est sûr, c’est important de se sentir soutenus sur ce genre d’événements. »


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Alors que le SIA approche, l’éleveur assure ne pas être trop dans le stress. « C’est encore un peu loin », plaisante-t-il lors de l’entretien (qui s’est déroulé le mercredi 7 février) en réitérant sa confiance en ses salariés et ses voisins pour bien s’occuper de la ferme en son absence. Il réfléchit une seconde. « Entre la visite de la commission et la sélection, c’est vrai que j’ai rêvé plusieurs fois que je montais à Paris », avoue-t-il en riant. 

La génétique est l’une des spécificités du Gaec Margotton. « On en fait depuis de nombreuses années mais quand ma femme a rejoint l’exploitation en 2016, on l’avait mis un peu de côté pour se concentrer sur la ferme pédagogique. Maintenant, on rattaque à fond ! Le but, c’était de monter à Paris. Ça a toujours été un rêve de gosse. » L’émotion perce un peu dans la voix bourrue de Jean-Louis Margotton alors qu’il va le réaliser fin février. 

« Montrer notre savoir-faire »

L’exploitant ne se veut pas défaitiste mais ne veut pas non plus espérer trop tôt une victoire. « C’est un concours qui est très élevé, avec des animaux haut, voire très haut de gamme. La concurrence est rude ! » De Paris, il attend quand même des retombées. « Elles ne seront pas directes, il faudra sûrement attendre juillet ou août. Mais une fois que la vache aura été vue, les acheteurs voudront voir l’élevage », analyse-t-il. 


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Car si c’est la première fois que le Gaec Margotton engage une vache sur le Salon de l’agriculture, il enchaîne les concours depuis plusieurs années. « On en a toujours un peu fait, détaille le co-propriétaire de Royale. Avant, on participait beaucoup à la Fête du charolais, mais aujourd’hui, on s’engage toutes les années sur le national des veaux, on sort un peu plus... Le but, c’est de se faire connaître et que les clients viennent acheter des reproducteurs ou des génisses chez nous. » Au SIA 2024, Jean-Louis Margotton veut valoriser son « métier d’agriculteurs. On en est fier et il faut le défendre, même si le contexte n’est pas favorable. On est là pour faire de la qualité et montrer notre savoir-faire ». 

Alexandra Pacrot