Le Syndicat national des entreprises de distribution du machinisme agricole, d'espaces verts et métiers spécialisés (Sedima) a dressé, le 13 décembre, lors d’une conférence de presse à Paris, le bilan de l’année écoulée. Le moral n’est pas vraiment au beau fixe.
« Au deuxième semestre 2024, les distributeurs ont dû faire face à une dégradation de leur activité avec un recul estimé autour de -10 à -11 % des prises de commandes de matériels neufs et d’occasion, par rapport à la même période l’an dernier », a indiqué Sylvie Domenech, secrétaire générale adjointe de Sedima. L’enquête que le syndicat des distributeurs a menée auprès de leurs adhérents indique que 78 % d’entre eux ont constaté une baisse de prise de commande dans les tracteurs et 77 % dans les automoteurs. La baisse est un peu plus accentuée dans les matériels neufs (69 %) que sur les matériels d’occasion (63 %).
Il existe naturellement de grandes disparités selon les régions et les filières. Le président du Sedima, Alexandre Mortier, se préoccupe cependant de l’avenir du commerce du machinisme dans le secteur viticole avec l’arrachage programmé de 27 000 hectares de vignes, « l’équivalent à la surface de la Bourgogne et avec la cessation d’activité pour 8 500 viticulteurs » a-t-il souligné.
Cette situation pèse sur le chiffre d’affaires des magasins et des ateliers. « On constate un ralentissement confirmé de l’activité par rapport à l’évolution au 1er semestre 2024 », a indiqué Sylvie Domenech. Parmi les principales préoccupations des concessionnaires, viennent en tête, l’évolution des marchés et les prises de commandes, suivie par la gestion des stocks et la trésorerie. Ainsi une immense majorité de distributeurs (63 %) jugent que leurs stocks en neuf sont supérieurs à la normale et ils sont tout autant (62 %) à juger la même chose pour leurs stocks en occasion. Ils sont aussi 41 % à évoquer des difficultés à financer ces stocks de matériels. Ces éléments pèsent sur la trésorerie : seulement 2 % des distributeurs sondés estiment qu’elle est « aisée ». A contrario, 69 % la jugent « difficile ou très difficile ».
Changement de modèles
L’avenir ne laisse guère entrevoir d’éclaircies, s’inquiète le Sedima. Car l’instabilité politique et les enjeux géopolitiques aux contours incertains ne rassurent guère la filière. Seulement 7 % des concessions envisagent une reprise pour le premier semestre 2025. En plus, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché du machinisme agricole intrigue le Sedima.
En effet, en octobre dernier, des géants de la distribution automobile (Gueudet, Emil Frey France…) est en train de modifier le paysage économique du secteur. Même si ces acteurs ont déjà vendu des tracteurs par le passé, « il s'agit de conserver un niveau de service élevé. Et cela à un coût », a prévenu Anne Fradier, conseillère de la présidence. Pour elle, « Les changements de modèles ne doivent pas se faire au détriment de la maintenance », citant l’exemple d’autres pays européens où « les délais d’attente d’une réparation peuvent aller jusqu’à 15 jours, alors qu’en France, on est beaucoup plus rapide ». Comme l’indique Alexandre Mortier, « vendre un tracteur, c'est le début, pas la fin ».
Christophe Soulard