Réunions d’information
FCO : vacciner maintenant

Cette semaine, les éleveurs de la Loire ont pu s’informer sur la Fièvre catarrhale ovine (FCO) lors de l’une des trois réunions organisées par la Chambre d’agriculture, le Groupement de défense sanitaire (GDS) et la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Vaccination, déclaration de suspicion et veille sur ses voisins sont les trois messages à retenir.

FCO : vacciner maintenant
A Feurs, mercredi soir, près de 200 éleveurs étaient réunis pour s’informer sur la Fièvre catarrhale ovine (FCO). Deux autres réunions étaient organisées sur le même sujet, l’une à Pouilly-sous-Charlieu le 16 septembre et l’autre au Chambon-Feugerolles le 19. ©Lucie Grolleau Frécon

Le ton était grave en ce mercredi soir dans la salle de l’hippodrome de Feurs. Le nombre d’éleveurs ayant fait le déplacement ce soir-là était à la hauteur de leur inquiétude. La raison : la propagation de la FCO (Fièvre catarrhale ovine) dans les troupeaux du département, avec des dégâts inédits sur les ovins, mais aussi les bovins. Pour sensibiliser et informer les éleveurs, mais aussi pour répondre à leurs questions, la Chambre d’agriculture et le GDS (Groupement de défense sanitaire), en collaboration avec la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), ont organisé cette semaine trois réunions d’information sur la FCO à destination des éleveurs. L’une à Pouilly-sous-Charlieu lundi 16 septembre, la seconde à Feurs le 18 et la dernière au Chambon-Feugerolles le 19.

En préambule des recommandations, le directeur de la DDPP, Pierre Cabridenc, a rappelé les symptômes de la FCO et a dressé un état des lieux du développement de la maladie dans le département. Les chiffres sont éloquents : en semaine 32, début août, 4 foyers en élevage de bovins et 1 d’ovins avaient été déclarés ; en S36, début septembre, les chiffres s’établissaient à 144 et 19. « On pourrait croire que le nombre de cas est inférieur en ovins, mais les chiffres de l’équarrissage démontrent que tous les animaux ne sont pas déclarés. » Sur les quatre dernières semaines, la société a eu à ramasser trois fois plus de cadavres que l’an passé à la même époque. « Entre 50 et 100 suspicions arrivent chaque jour au laboratoire », ajoutait le responsable de la DDPP.

Face à la multiplication des cas de FCO et aux difficultés rencontrées par les éleveurs dans leur troupeau (avortements, béliers stériles, veaux malformés, baisse de production laitière, mortalité des vaches et brebis (jusqu’à 40 % dans les élevages ovins)), les représentants des organisations professionnelles du département avaient décidé, lors d’une réunion en date du 3 septembre, d’inciter à la vaccination. C’est ce message qui a été largement diffusé lors des trois réunions d’information de cette semaine.

Les enjeux de la vaccination

« La vaccination comporte plusieurs enjeux, intervenait David Duperray, président du GDS : la protection des troupeaux, bien évidemment, car des éleveurs connaissent des situations catastrophiques, notamment en ovins. Nous ne sommes pas à l’abri en bovins. Les éleveurs qui y ont recours rapportent qu’ils passent cette crise sans difficulté ». Vaccination aussi pour « des aspects commerciaux, et plus spécifiquement pour l’export : l’Italie et l’Espagne reconnaissent uniquement la vaccination. La FCO n’est plus un problème commercial, mais bien un problème sanitaire. L’avenir de l’élevage passera par la vaccination. »

« Celle-ci permet de limiter fortement les symptômes, sans stopper la virémie », poursuivait Emeline Villard, coordinatrice technique au GDS. Elle conseillait de vacciner en priorité les animaux mis à la reproduction (béliers/taureaux, agnelles/génisses, brebis/vaches) et confirmait qu’ « il n’y a pas de contrindications à une vaccination concomitante des sérotypes ». Le directeur de la DDPP insistait : « La mortalité liée à la vaccination est de 1 / 10 000 alors que les pertes en raison de la FCO sont en moyenne de 20 à 25 % dans les élevages ovins. Vous comprenez l’intérêt... » « Par contre, il n’y a pas de vaccin en production caprine, signalait Emeline Villard. Les doses utilisées pour les ovins seraient même dangereuses. »

La pleine protection des animaux contre la maladie se fait entre 30 et 40 jours après la vaccination. Mais l’immunité commence à s’installer à partir de dix jours. Il est donc conseillé de vacciner dès maintenant.

Préconisations sanitaires

En plus de la vaccination, des préconisations sanitaires ont été données. A commencer par soutenir l’immunité naturelle des animaux pour augmenter leur résistance : renforcer les apports en minéraux, oligo-éléments et vitamines ; avoir une ration adaptée aux animaux et leur proposer de l’eau de qualité ; déparasiter si nécessaire. Il faut aussi gérer les moucherons responsables de la transmission en pratiquant une désinsectisation raisonnée (les animaux malades et ceux destinés à circuler) et en limitant les périodes de contact (rentrer les animaux en bâtiment si possible, les éloigner du fumier stocké, éviter les parcelles avec des zones humides).

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Déclarer une suspicion

Le GDS conseille vivement de déclarer toute suspicion clinique au vétérinaire pour qu’il réalise une analyse PCR (prise en charge par l’Etat) pour pouvoir prétendre à une indemnisation en cas de programme d’aide national (un travail est en cours dans le cadre du FMSE) et au maintien des aides animales liées à la Pac (baisse du nombre d’animaux dans le troupeau en raison de la mortalité).

Que faire des veaux positifs ?

Un périmètre de 150 km (zone régulée) autour des foyers de FCO sérotype 3 (FCO-3) et de MHE (Maladie hémorragique épizootique, mode de contamination et symptômes similaires à la FCO) est établi. La Loire est en totalité en zone régulée FCO-3 et partiellement en zone régulée MHE (sud-ouest). Pour la FCO-8, l’ensemble de la France étant concernée, il n’y a pas de zonage.


La Loire, point de rencontre des zones régulées MHE et FCO-3.


Pour qu’un animal puisse sortir d’une zone régulée vers une zone non régulée, la règle est la suivante : désinsectisation de l’animal ; puis analyse PCR (FCO-3 ou FCO-3 + MHE selon la zone où se situe l’élevage) quatorze jours après ; enfin, si le résultat de l’analyse est négatif, possibilité de sortie de l’animal de la zone dans les quatorze jours après PCR. En revanche, les mouvements des animaux à l'intérieur de la zone régulée restent sans contrainte particulière.

Seuls les animaux de moins de 90 jours ayant suivi le protocole (désinsectisation et PCR) peuvent être exportés vers l’Espagne. Ceux de plus de 90 jours ne peuvent pas être exportés. Pour l’Italie, les animaux non vaccinés doivent avoir une analyse FCO négative (tous sérotypes). Pour ceux vaccinés contre la FCO-8 et 4, ils doivent présenter une analyse négative FCO-3.

Actuellement, 40 % des veaux laitiers destinés aux marchés espagnols sont positifs. Ils ne peuvent pas être exportés et les ateliers d’engraissement français sont désormais saturés. Certains acheteurs proposent aux éleveurs de ramener leurs veaux dans leur ferme. L’inquiétude est générale chez les éleveurs et au sein du GDS car le risque d’introduire d’autres maladies dans le troupeau est grand. Une réunion nationale est programmée lundi avec les exportateurs à ce sujet.

Veiller sur ses voisins

Les responsables de la Chambre d’agriculture et du GDS ont invité les agriculteurs à veiller sur leurs voisins car la crise sanitaire sur les animaux peut rapidement mettre les éleveurs dans des difficultés économiques et psychologiques. Toute situation délicate peut être signalée à une OPA (Organisation professionnelle agricole). Plusieurs employés sont formés dans le cadre du réseau Sentinelles. « Ce n’est pas faire de la délation, mais plutôt prendre soin de son prochain », insistait Raymond Vial.

Louis Metton, représentant la MSA (Mutualité sociale agricole), dit avoir conscience de l’inquiétude des éleveurs et de l’aspect psychologique que prend cette crise. « Le réseau des Sentinelles a toute sa place. La MSA peut travailler sur la prise en charge des cotisations. Pour en bénéficier, il faut se manifester en amont des échéances. »

Lucie Grolleau Frécon