Fin de mandat
Raymond Vial : l’agriculture ligérienne lui doit beaucoup
Une page se tourne pour l’agriculture de la Loire : après trois mandats à la tête de la Chambre d’agriculture, Raymond Vial passe la main. Il dresse un rapide bilan de cette période.
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Fils d’agriculteur engagé en faveur du développement de l’agriculture ligérienne, Raymond Vial passe lui aussi une grande partie de sa vie au service des agricultrices et des agriculteurs du département. Il fait ses armes dans le syndicalisme jeune, qu’il préside pendant quatre ans. Il accède ensuite à la tête de la FDSEA. L’éleveur de vaches laitières et de lapins de Saint-Martin-la-Sauveté se présente pour la première fois à l’élection à la Chambre d’agriculture en 1995 sur la liste d’unité et d’entente professionnelle (FDSEA, Jeunes agriculteurs et OPA) pour le collège des chefs d’exploitation. Il devient alors secrétaire général, puis président en 2007.
A l’aise aussi bien dans un ring à côté des vaches que dans le cabinet du préfet ou auprès des décideurs nationaux, son accent ligérien et son franc parler ne l’empêchent pas de faire sa place et d’être écouté, bien au contraire ! Homme de conviction et rassembleur, il estime qu’ « une Chambre d’agriculture doit être la locomotive des Organisations professionnelles agricoles (OPA) d’un département. Je l’ai appris en étant président. Pendant les trois mandats, je me suis battu pour les fédérer et être moteur, ceci dans l’intérêt des paysans ».
Avoir de l’avance pour faire la différence
Il se rappelle que lors de l’une de ses premières réunions à l’APCA (ancien nom de Chambres d’agriculture France), on lui a expliqué ceci : « Une chambre d’agriculture est un véritable paquebot, difficile à manœuvrer. J’en ai eu la confirmation. J’ai aussi compris que j’aurai à moderniser la structure pour qu’elle soit plus réactive et réponde aux demandes des agriculteurs et de la société. La nouvelle équipe devra continuer dans ce sens, s’adapter aux demandes des agriculteurs, notamment des nouvelles générations, et savoir se projeter. Une Chambre d’agriculture qui aura 10 à 20 ans d’avance fera la différence. »
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La capacité à se projeter sur l’avenir, alimentée par ses lectures diverses et variées, ainsi que sa capacité d’analyse, fait de Raymond Vial un visionnaire hors pair. Lors des réunions, comme beaucoup, il a son téléphone ou sa tablette à la main, laissant imaginer qu’il ne suit pas les débats. Que nenni ! Son oreille reste attentive, même si ses paupières se ferment après une certaine heure. Après quelques minutes de silence et surtout de réflexion, il intervient sur le sujet en cours, apportant sa position ou ses éclairages, souvent étayés par sa vision prospective.
Le désormais ancien président reconnait qu’il a pu « user » ses collègues en raison des nombreuses sollicitations pour représenter la Chambre d’agriculture et des actions qu’il a souhaité mettre en œuvre. « La nouvelle équipe ne pourra pas passer autant de temps et d’énergie que moi. Elle devra donc s’interroger sur comment travailler. » Il estime que le renouvellement d’une partie des membres issus des listes JA+FDSEA est « une chance » car « les jeunes représentent l’avenir. Bien évidemment, des “anciens“ sont encore là pour faire part de leur expérience. Ils ont tous les capacités pour surmonter les défis de demain. Le rôle des responsables est désormais de faire prendre la mayonnaise. »
Un point négatif, la crise du lait de 2009
A l’heure du bilan des trois mandats à la tête de la Chambre d’agriculture de la Loire, Raymond Vial est satisfait du travail conduit en faveur de l’installation et du renouvellement des générations, avec une ouverture à des candidats non issus de l’agriculture. « Je suis comblé de voir cette jeunesse dans les fermes et lors des manifestations d’élevage, impliqués dans le travail de sélection génétique. Il ne faut pas perdre de vue que la Loire est et restera un département d’élevage, même si d’autres activités agricoles tendent à se développer. C’est pour cela que nous avons mis l’accent sur la modernisation des bâtiments d’élevage. »
Il est également fier de l’essor de la filière avicole. « Un second souffle a été donné à la coopérative Vert Forez grâce à l’implication de toute la filière et du Département. Je le dis d’ailleurs au passage, le Conseil départemental a toujours été un vrai moteur pour l’agriculture ligérienne. » Enfin, « je suis heureux d’avoir contribué à l’ouverture de l’abattoir de proximité d’Andrézieux-Bouthéon, dans un contexte où les outils ont plutôt tendance à fermer qu’à ouvrir. Nous avons défié toutes les critiques. La structure est à l’équilibre depuis dix ans tout en apportant le service souhaité. »
Le point négatif de la présidence de Raymond Vial reste sans nul doute la crise du lait de 2009. « Encore aujourd’hui j’ai du mal à digérer le fait que des producteurs s’en soient pris à une structure qui leur appartient, ainsi qu’à des femmes et des hommes personnellement (1). Je souhaite cela à personne. »
Avant de conclure : « malgré toute cette implication et le temps passé, avec les équipes d’élus et de salariés, je suis désolé de voir encore beaucoup trop de misère en agriculture. Cela me touche profondément. Les agriculteurs sont des gens travailleurs, qui ne comptent pas leur temps, qui font leur maximum pour bien faire. A un moment, pour une raison technique, financière ou sociale, ils s’enfoncent. »
L’homme aux 50 idées à la seconde tente, depuis deux ans, de ralentir le rythme en raison de sa santé. Conservant son mandat de conseiller régional, il assure qu’il a déjà des idées pour occuper sa retraite et qu’on le reverra… Il compte bien aussi profiter de ses petits-enfants. La vidéo des premiers pas de son petit-fils montrée lors de l’interview sur son téléphone est la preuve de son attachement à sa famille et qu’il est prêt à tourner la page de la Chambre d’agriculture. Enfin presque…
Lucie Grolleau-Frécon
(1) Des producteurs laitiers avaient déversé des centaines de litres de lait devant et dans le bâtiment de la Chambre d’agriculture à Saint-Priest-en-Jarez et avaient pris à parti le président et sa secrétaire générale, Chantal Brosse.
Les dates marquantes
Raymond Vial a été président du syndicalisme jeune départemental de 1992 à 1996.
Puis président de la FDSEA de 1999 à 2007.
Il est devenu secrétaire général de la Chambre d’agriculture de la Loire en 1995 et a conservé cette place jusqu’en 2007.
Raymond Vial a accédé à la présidence de la Chambre d’agriculture en 2007, fonction qu’il a occupé jusqu’à ce mois de février 2025.