Chaque 20 mai depuis 1516, le hameau de Grénieux, le plus important de la commune de Nervieux, accueille une foire agricole qui était autrefois la seconde de la région, juste après celle de la Sainte-Catherine à Saint-Galmier. 2024 ne fait pas exception et les badauds, curieux ou pèlerins, sont attendus nombreux.
508 ans et toutes ses dents. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la foire agricole de Grénieux, nom du plus grand hameau de Nervieux, a su traverser le temps. Chaque 20 mai depuis 1516, les pèlerins se réunissent pour rendre hommage à Saint-Austrégésile, évêque de Bourges disparu le même jour, en 624. La chapelle qui porte son nom a longtemps accueilli certaines de ses reliques (les autres étant disséminées partout en France) avant qu’elles ne soient brûlées sous la Révolution. Cette période sombre pour l’église catholique a aussi vu la destruction de la chapelle. Rénovée en 1820, elle appartient à la famille Palluat-de-Besset qui l’ouvre au public.
Les guerres du XXè siècle n’ont pas empêché les pèlerins de demander au saint de protéger leurs récoltes ou d’éviter les maladies aux troupeaux. « Les hommes étaient au front, mais les femmes sont venues prier », explique Jean-Michel Vial, historien du village.
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Pèlerins et paysans ne se contentaient pas de demander la bénédiction de Saint-Austrégésile : ils menaient aussi boire les bêtes à la fontaine Saint-Roch, située au niveau du foirail. L’eau, supposée miraculeuse, devait profiter aux animaux et aux hommes. Jusque dans les années 1960, les conscrits du village en remplissait bouteilles et autres fioles qu’ils vendaient ensuite aux croyants pour faire une « petite cagnotte », sourit le Nervieuxin.
Une ambiance « très agricole »
« Au siècle dernier, la foire attirait entre 8 000 et 10 000 personnes », détaille le passionné. Il a participé à nombre d’éditions de l’événement. « On pouvait compter jusqu’à une centaine de vaches sous le foirail, se remémore-t-il. Les paysans venaient au lever du jour ou même la veille. Je me souviens de leur biaude (sorte de grande blouse qu’on enfilait par la tête, tombant aux genoux, NDLR) et de leur canne. Ils concluaient une affaire en se tapant dans la main ! » Les charolaises étaient alors les vraies stars de l’événement. Jusque dans les années 1970, on le surnommait la foire aux amandes ou aux cerises : les visiteurs étaient nombreux à repartir avec des cageots sous le bras. Il était même de tradition qu’on ramène des amandes à ceux qui n’avaient pas pu faire le déplacement.
Aujourd’hui, foire de printemps oblige, les ventes de fleurs, de plantes, tout comme les maraîchers connaissent un succès grandissant. Un phénomène que Jean-Michel Vial analyse aisément : « Le foirail attirait jusque dans les années 1990 / 2000. Mais avec l’arrivée d’Internet, on a arrêté de vendre du bétail lors de la foire. » Ainsi, les bovins ont peu à peu cédé la place aux volailles. « On compte aussi quelques chevaux, des chèvres ou des moutons en fonction des années », énumère Jérôme Bruel, maire de Nervieux. La foire de Grénieux accueille également des machines agricoles et les associations du village. « On a toujours de quoi se restaurer », assure l’édile, un sourire dans la voix. « Les gens viennent aussi pour ça, abonde l’historien. On s’assoit, on se retrouve, on mange. C’est sympa, avec une ambiance très agricole. »
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La foire était avant tout un pèlerinage et les curés de la région dirigeaient des messes en continu. Dans les années 1930, ils ont pu enregistrer jusqu’à 1 000 intentions de célébration. « On voudrait que ça perdure », souhaite l’historien local. En 2008, l’évêque de Lyon, monseigneur Barbarin, avait participé à la foire. Un événement qui l’avait « relancée » selon le Nervieuxin. Et en 2016, la Ville a mis les petits plats dans les grands pour souffler les 500 bougies de l’événement.
Alexandra Pacrot
Infos pratiques : foire agricole, artisanale et commerciale de Grénieux, lundi 20 mai. Messe à 9 heures, chapelle Saint-Austrégésile. Tripes de 7 à 9 heures. Saucissons-patates à partir de 9 heures.
