Elections à la Chambre d’agriculture

Collèges des groupements : quelles visions de l’agriculture de demain ?

Une Chambre d’agriculture est composée de cinq collèges individuels et de cinq collèges des groupements (Cf. dossier spécial publié la semaine dernière). Les représentants de ces derniers sont : un membre du collège des coopératives de production agricole (5a) ; trois membres des autres coopératives et Sica (5b) ; un membre des caisses de Crédit agricole (5c) ; un membre des caisses d’assurances mutuelles agricoles et des caisses de mutualité sociale agricole (5d) et enfin un membre du collège des organisations syndicales à vocation générale d’exploitants agricoles (5e). L’élection a lieu au scrutin majoritaire à un tour : les sièges à pourvoir sont attribués à la liste qui a recueilli la majorité des suffrages exprimés.

Qui vote ?

Pour être inscrit sur la liste électorale, un groupement doit être constitué depuis trois ans au moins et avoir satisfait à ses obligations statutaires. Les électeurs appelés à voter au nom de ces groupements doivent être inscrits dans le collège des chefs d’exploitation et être membres dudit groupement.

Plus concrètement, votent : pour les Cuma, les présidents ou les personnes mandatées par les conseils d’administration ; pour les autres coopératives, les personnes désignées par les conseils d’administration ; pour le Crédit agricole, les administrateurs des caisses locales ; pour la mutualité les délégués cantonaux des caisses de MSA et les présidents des caisses d’assurances ou les personnes dûment mandatées ; pour les organisations syndicales, le président ou la personne mandatée. Dans la Loire, pour l’élection à la Chambre d’agriculture de janvier 2025, une liste a été déposée en préfecture pour chaque collège. Les candidats sont présentés ci-contre.

Une mécanisation compétitive et sobre

Pour les responsables de la FDCuma (Fédération départementale des coopératives d’utilisation du matériel agricole) et les candidats de la liste pour le collège 5a, « notre représentant à la Chambre d’agriculture aura un rôle fondamental pour préserver et défendre les intérêts de toutes les Cuma ». A travers lui, le conseil d’administration veut « engager une agriculture dynamique et tournée vers l’avenir ». Effectivement, chaque enjeu pour l’agriculture a un lien avec le machinisme (compétitivité, sobriété, renouvellement des générations, santé des sols, environnement).

Aussi, le réseau des Cuma veut être force de proposition afin de promouvoir « une mécanisation compétitive et sobre. En groupe, nos exploitations seront plus fortes pour relever les défis ; notre expérience dans les Cuma sera précieuse ». Le réseau a « une expérience et une compétence incontestées sur la conduite de projets collectifs, en défendant les valeurs de la coopération de proximité, au service des agriculteurs et maîtrisée par ceux-ci ». La fédération met en avant plusieurs avantages des Cuma : maîtriser les coûts de production pour maintenir la compétitivité des exploitations, favoriser l’installation des jeunes, participer au développement des territoires et entretenir la solidarité nécessaire à la profession.

Benoît Laval (titulaire) et Dominique Thizy (suppléant) sont les candidats de la FDCuma pour le collège des Sociétés coopératives agricoles de production. ©FDCuma

Revenu des agriculteurs et pérennité des coopératives

La liste « La coopération agricole de la Loire » qui se présente pour le collège 5b représente les structures « porteuses des valeurs propres au modèle coopératif, défendues par La Coopération agricole » (association de défense des intérêts des coopératives agricoles françaises). « Notre mouvement est largement impliqué dans les filières agricoles et agro-alimentaires, indique la profession de foi. Nous avons le souci permanent de la défense du revenu des producteurs sociétaires, de la pérennité de nos entreprises coopératives et de leurs outils de transformation. »

Aussi, les candidats et les structures souhaitent promouvoir des producteurs organisés, acteurs de leurs filières ; des coopératives proches de leurs adhérents, réparties sur le territoire, performantes économiquement et reconnues comme acteurs incontournables dans leur métier ; des outils industriels au service de ceux qui y sont engagés en capital et en production ; des partenariats entre entreprises ; des relations permanentes avec l’ensemble des OPA (Organisations professionnelles agricoles) pour servir l’intérêt de tous les agriculteurs ligériens et des relations avec les pouvoirs publics et les collectivités territoriales pour faciliter l’accompagnement financier des projets valorisant la production agricole ligérienne.

De gauche à droite : Lionel Vial (suppléant, Coopel), Julien Delheur (titulaire, Eurea), Thierry Frécon (suppléant, Sicarev), Madeleine Chaut (titulaire, Vert Forez) et Jean-Jacques Bayle (titulaire, Sodiaal). Ils sont candidats sur la liste La coopération agricole pour le collège Autres sociétés coopératives agricoles et Sica. ©Philippe Dumas

Accompagner les performances des exploitations

Pour les candidats de la liste du Crédit agricole pour le collège 5c et le président de la caisse Loire - Haute-Loire, Christophe Chavot, « l’agriculture française est actuellement confrontée à des enjeux cruciaux pour son avenir et doit faire face à de nombreux défis » (compétitivité économique, aléas, changement climatique, attentes sociétales, production d’énergies renouvelables, protection des ressources naturelles). « En les relevant, l’agriculture française doit continuer d’assurer pleinement son rôle premier en matière de production agricole » pour atteindre la souveraineté alimentaire.

Le Crédit agricole, « première banque et partenaire historique de l’agriculture », se donne comme responsabilité « d’accompagner tous les agriculteurs afin de faire face à ces changements et de construire l’agriculture de demain, porteuse de valeur pour les territoires et associant la performance économique, sociale et environnementale des exploitations ». Les élections des chambres d’agriculture sont l’occasion pour cette « banque coopérative aux valeurs mutualistes » de se « mobiliser collectivement », afin de « de participer activement à la vie de l’agriculture sur les territoires ».

Sur la liste du Crédit agricole pour le collège du même nom, Eric Désormière est titulaire (à gauche) et Fabrice Chambost et Karine Forge suppléants. ©Crédit agricole

Les personnes, les biens et les moyens de production

Les deux branches de la mutualité que sont la Mutualité sociale agricole (MSA) et Groupama ont pour vocation générale de « gérer la protection globale des ressortissants de l’agriculture, aussi bien la sécurité des personnes en activité ou retraitées, que la garantie des biens et des moyens de production », indique la profession de foi commune de la liste de ces deux structures pour le collège 5d.

Alors que les mécanismes de gestion communautaire des marchés ont été démantelés et que les aléas climatiques et sanitaires se multiplient, « de nouveaux instruments de régulation sont mis progressivement en place pour renforcer la résilience des exploitations agricoles ». Selon l’assurance mutuelle agricole qu’est Groupama, « les travaux doivent être poursuivis. C’est la raison pour laquelle nous agissons avec les autres OPA pour développer une véritable politique de gestion des risques adaptée aux réalités des fermes. » De son côté, la MSA se mobilise pour « apporter des solutions innovantes afin d’améliorer la protection sociale agricole, en s’appuyant sur des valeurs de solidarité et d’équité, et de favoriser de meilleures conditions de vie en milieu ».

Gérard Gallot est titulaire sur la liste des caisses d’assurances mutuelles agricoles et des caisses de mutualité sociale agricole. ©PdlL

Pour une agriculture de bon sens

La FDSEA et Jeunes agriculteurs Loire présentent une liste dans le collège 5e. « Nous sommes une équipe de responsables engagés au service des agricultrices et des agriculteurs de la Loire, issue de toutes les productions et de tous les territoires pour défendre l’agriculture dans sa diversité, indiquent les responsables. Nous portons avec constance les revendications du terrain, sommes force de propositions et de progrès et sommes des interlocutrices crédibles pour les pouvoirs publics grâce à la force de notre réseau et à notre ancrage territorial. »

Les trois candidats portent un projet contribuant à ce que les agriculteurs vivent dignement de leur métier, soient connectés au reste de la société et respectés. Ils mettent en avant des acquis obtenus par leurs réseaux : meilleure répartition de la valeur sur l’ensemble de la chaine alimentaire avec les lois Egalim, même si « le combat n’est pas terminé » ; revalorisation des minima de retraites des chefs d’exploitation ou encore revalorisation du plafond pour la déduction pour épargne de précaution.

Les candidats de la liste JA+FDSEA pour le collège des organisations syndicales à vocation générale d’exploitants agricoles ou de jeunes agriculteurs sont, de droite à gauche), Nicolas Lenoir (titulaire), Lydie Thollot et Paul Meunier (suppléants). ©PdlL

Lucie Grolleau-Frécon