Environnement
Un pôle forêt environnement pour former à la mécanisation de la filière
Vendredi 13 janvier, à Noirétable, l’antenne du lycée de Roanne Chervé présentait officiellement son pôle forêt environnement. De nombreuses formations sont dispensées pour pallier le manque criant de main d’œuvre qualifiée dans une profession en pleine mutation.
En ce vendredi 13, ”toucher du bois” ne pouvait être plus adéquat au lycée Nature et forêt à Noirétable. L’inauguration du pôle forêt/environnement au sein de l’EPLEFPA (Établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricoles) cochait toutes les cases pour appeler à l’optimisme, alors que « la profession souffre d’une pénurie importante de main d’œuvre formée », constatait son proviseur, Paul Candaele. Avant d’ajouter : « Les attentes ont considérablement évolué ces dernières années avec la mécanisation forestière. Le terme évolution n’est sans doute pas adapté, nous sommes plus près de la révolution douce. L’arrivée des abatteuses et des porteurs en forêt représente environ la même évolution des pratiques que l’accueil des tracteurs agricoles dans les fermes il y a plus de 70 ans. »
Situé entre 650 et 1 300 m d’altitude, la commune de Noirétable ne compte que 3 % d’urbanisation pour 40 km2 de superficie. Le reste est réparti entre terrains agricoles et forêt. Autant dire que l’antenne du lycée est située en ruralité, dans un département qui ne compte pas moins de 127 000 ha de forêt.
Par ailleurs, une visite, menée en grande partie par des élèves a mis en évidence, outre les différentes disciplines dispensées, des infrastructures adéquates. « Ce lycée a de l’avenir. C’est important d’avoir un centre de formation adapté à cette filière. Le savoir, c’est important, mais je crois beaucoup au savoir-faire et on l’a vu beaucoup auprès des jeunes aujourd’hui », remarquait Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire et du conseil d’administration du lycée.
Exemplarité, sécurité et modernité
Ainsi, pour répondre aux besoins de la filière et redorer le blason de la forêt, il aura fallu « créer un atelier technologique et ramener ces formations dans l’ère du temps », évoquait Bruno Furon, chargé de mission atelier forêt environnement depuis le 1er septembre 2020. Avant d’ajouter : « Noirétable avait une image de bûcheron malgré elle. Cet atelier permet d’être vraiment reconnu par la profession et de former des personnes capables de mener des engins. Pour exemple, depuis 2020, on a déjà acquis six simulateurs de conduite de machines, l’abatteuse et le porteur (tracteur avec remorque pour sortir les billes de bois coupées en longueur de 2 ou 4 m, ndlr). »
Conscient que le monde forestier traîne une image vieillissante, Bruno Furon regrettait cette impression d’un travail laborieux, difficile, usant et mal payé, alors que le passage à la mécanisation s’est progressivement effectué depuis 20 ans. « Le métier a évolué, ce n’est plus aussi pénible. Par exemple, dans une abatteuse, on estime qu’il y a 50 % de programmation. Il y a un vrai travail technique et de réflexion. Sans oublier que nous sommes dans une cabine climatisée. Le confort est là. »
Destiné à devenir un centre constitutif de l’établissement, le pôle forêt environnement vise, outre l’accompagnement à l’évolution des métiers, à s’inscrire dans une culture de la sécurité, car les pratiques sont particulièrement accidentogènes. « Le pôle doit également viser l’exemplarité en termes de gestion et d’organisation des activités pédagogiques forestières. L’accompagnement à l’appropriation du numérique est aussi un enjeu poursuivi, où nos apprenants vivront avec l’informatique embarquée et avec l’intelligence artificielle, qui jouent un rôle majeur dans l’efficience de l’activité », développait Paul Candaele.
Ce pôle dispense des formations aussi diverses que variées, du CAP au BTS, en formation scolaire, apprentissage ou adultes. « On apprend aussi bien à être ouvrier en entreprise ou entrepreneur de travaux forestiers que technicien forestier. On essaie de travailler en symbiose entre le Bac pro gestion des milieux naturels et de la faune, lequel porte sur le respect de l’environnement, qu’avec les formations forestières qui ont plus un objectif de production. » Sont donc représentés, entre autres, tous les travaux d’accompagnement de la forêt – plantation et entretien, gestion des peuplements, accompagnement des propriétaires dans la gestion de leur forêt, etc. –, mais aussi d’aménagement et d’animation autour de la faune, de la flore ou encore auprès du grand public – aménagement, comptage, analyse de l’eau et aménagement des rivières, etc.
Constater le présent, envisager l’avenir
A travers cette inauguration, Bruno Ferreira, directeur de la Draaf, mentionnait enfin deux défis autour du domaine agricole et forestier. Le premier résulte d’une problématique bien actuelle : celui de l’emploi et du renouvellement des générations. « Le lycée de Noirétable est l’un des deux seuls de la région à proposer la compétence forêt dans l’enseignement public. Les 120 élèves qu’il accueille viennent acquérir des compétences professionnelles dans le but d’exercer les métiers d’un secteur en recherche de vocation ». Avant d’ajouter : « Au cours de leur visite, ce qu’ils ont montré aujourd’hui témoigne de l’évolution des modes d’apprentissage et illustre la manière dont un établissement de formation se saisit d’une innovation technologique pour favoriser l’apprentissage avec deux objectifs principaux : la professionnalisation et la sécurité. »
Deuxième et dernier défi, et non des moindres : « Je propose au lycée de se mobiliser sur un certain challenge que le ministre, Marc Fesneau, a lancé le 9 janvier dernier, dédié à l’enseignement agricole : « une forêt d’idées ». Il s’agit de mobiliser la jeunesse pour atteindre l’objectif de replanter un milliard d’arbres d’ici dix ans. » Rendez-vous est donc pris en 2032 !
