Eplefpa Roanne-Chervé-Noirétable
« Etre directeur, c’est participer autrement à la mission d’enseignement »
Franck Déplat occupe le poste de directeur de l’Etablissement public d'enseignement et de formation professionnelle agricole (Eplefpa) de Roanne-Chervé-Noirétable depuis le 1er septembre. Il présente son parcours professionnel et de ses missions pour cette école.
Quel a été votre parcours personnel et scolaire ?
Franck Déplat : « Originaire du Puy-de-Dôme, je suis fils et frère d’agriculteur, ce qui explique pourquoi je suis dans l’enseignement agricole depuis toujours. Pendant mes études, dès que j’étais en vacances, j’allais sur l’exploitation familiale. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur à l’Enitiaa (Ecole nationale d'ingénieurs des techniques des industries agricoles et alimentaires, ndlr) de Nantes. Lorsque j’ai passé mon concours, le ministère de l’Agriculture m’a proposé de financer mes études. J’ai accepté tout en sachant qu’en contrepartie je devais m’engager pour huit ans dans la fonction publique. C’était jouable car je savais que je ne pourrai pas m’installer tout de suite sur la ferme familiale, mon père étant trop jeune pour prendre sa retraite. De plus, à cette époque, l’enseignement agricole connaissait un fort développement et je savais que je pourrais y trouver un emploi. »
Où avez-vous commencé votre vie professionnelle ?
FD : « C’était pour la rentrée scolaire de 1992, comme professeur d’agroalimentaire au Lycée de Roanne-Chervé. Il s’agissait d’une ouverture de formation. J’y suis resté jusqu’en 2005. L’agriculture m’a toujours plu et je suis attaché à la transmission depuis longtemps. Quand je me suis vu proposer ce poste, j’étais content. Pour moi, ce n’était pas seulement être enseignant, c’était aussi conduire un projet qui m’intéressait : recruter des jeunes et des maîtres de stage, trouver des partenaires avec lesquels travailler. C’était également convaincre les enseignants de venir travailler dans cette nouvelle filière. Pendant ces années au lycée de Chervé, j’ai aussi été élu au conseil d’administration de l’établissement ou encore participé à la coopération internationale, en particulier au Sénégal. C’est au cours de cette période que j’ai fondé ma famille. Mes trois enfants sont nés à Roanne. J’ai tissé des liens ici. »
Quel a été la suite de votre parcours ?
FD : « J’ai pris la route du sud de la France pour devenir directeur d’exploitation au lycée agricole de Nîmes-Rodilhan, un établissement axé sur l’arboriculture et la viticulture. Cette responsabilité me permettait d’être sur le terrain et de remettre les bottes. Une partie du raisin récolté était vinifié en cave particulière et une autre en cave coopérative. J’étais fier de participer à une aventure collective. Je suis convaincu que les agriculteurs ont besoin de travailler en lien étroit avec leurs voisins. En 2011, je suis devenu directeur adjoint du lycée agricole de Cibeins, dans l’Ain, puis de celui de Marmilhat, dans le Puy-de-Dôme, en 2013. En 2020, j’ai accédé à la fonction de directeur du lycée agricole des Combrailles, à Saint-Gervais-d’Auvergne (63). Cet établissement est spécialisé dans les métiers des animaux de compagnie, avec un élevage de chiens et de chats, mais il a des liens avec l’agriculture car il travaille avec les chiens de berger et de protection des troupeaux. »
Etait-ce une volonté de devenir un jour directeur d’établissement ?
FD : « Ayant grandi au cœur de la Limagne, j’ai été sollicité très tôt pour castrer le maïs-semence. Vers l’âge de 12 ans, j’encadrais déjà des équipes de jeunes dans les champs. C’était très formateur. Je pense que j’ai acquis à ce moment-là l’envie de diriger. Pendant mes treize années d’enseignement, j’ai vraiment apprécié l’aspect transmission et le contact avec les apprenants, mais je voulais agir différemment. Devenir directeur adjoint, puis directeur était pour moi l’opportunité de continuer à participer autrement à la mission d’enseignement. »
Pourquoi revenir au lycée de Chervé ?
FD : « Paul Candaele était directeur depuis 2017. Il est parti vers d’autres responsabilités en janvier 2024. L’intérim avait été assurée par Pierre Lornage. Je me suis demandé si c’était opportun ou non de postuler, et surtout si c’était un frein ou non de travailler avec d’anciens collègues. La réponse a finalement été “ non “. Cet établissement, auquel je suis resté attaché, a beaucoup changé. Il est actuellement en pleine restructuration, engendrant une nouvelle dynamique. Je suis heureux de pouvoir l’accompagner. J’ai officiellement pris mes fonctions au 1er septembre, mais j’ai connu mon affectation en juin. J’ai donc pu transmettre le flambeau à la personne qui arrivait à Saint-Gervais-d’Auvergne pour me remplacer et m’approprier personnellement les dossiers de Chervé, en m’efforçant d’avoir un regard extérieur, sans aprioris. »
Quelles sont vos missions au sein de l’établissement ?
FD : « Ma feuille de route est fixée par le ministère de tutelle, représenté par la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, ndlr). J’ai pour mission de réussir la suite de la rénovation du site de Perreux, avec le déménagement des équipes d’un bâtiment vétuste vers un neuf. Les conditions d’accueil et de travail seront meilleures. Mais il faut accompagner cette évolution du quotidien. Je dois aussi assurer le recrutement des élèves pour toutes les filières enseignées, en particulier agricoles. Pour ceci, je compte m’appuyer sur les équipes et sur la loi d'orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture. J’ai aussi pour but de mettre en place différents projets sur l’exploitation, comme par exemple du maraîchage, en lien avec Roannais agglomération, ou la réhabilitation de l’atelier porcin, qui devient obsolète, tant d’un point de vue de la formation que de la rentabilité. Je n’envisage pas qu’il n’y ait plus de formation en lien avec le porc dans notre établissement. Plus globalement, je dois impulser la politique de l’établissement, qui fonctionne bien, que ce soit du côté du lycée, de l’apprentissage ou de la formation adulte. Je sais que je peux m’appuyer sur une équipe avec des experts, chacun dans leur domaine. »
Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon
Directrice adjointe, un réel investissement personnel
Plus jeune directrice adjointe d’un établissement de formation en Auvergne-Rhône-Alpes, Claire Devidal est pleinement engagée dans la vie pédagoqique de l’Eplefpa Roanne-Chervé-Noirétable.
Originaire du Cantal, à côté de Saint-Flour, et diplômée de Sciences po Lyon, Claire Devidal ne se destinait pas à devenir un jour directrice adjointe d’un établissement de formation. « Je me préparais plutôt à travailler dans des ambassades des pays de l’Est. » Pour des raisons personnelles, en lien avec la santé d’un membre de sa famille, elle a revu ses priorités de vie : « Plutôt que partir à l’autre bout du monde, j’ai préféré revenir à côté des miens et trouver un métier “alimentaire“. Je suis rentrée comme surveillante dans un lycée en Lozère. Je pensais que je n’aimerais pas les jeunes et, finalement, cela a été une révélation. Je ne connaissais pas l’agriculture, mais j’ai appris en m’investissement dans la vie de l’établissement. »
Des compétences remarquées
Apprenant qu’un poste de professeur de lettres se libérait à Yssingeaux, Claire Devidal a tenté sa chance : « J’ai postulé mi-août et j’ai commencé à donner des cours début septembre… » Et d’ajouter : « Ce qui devait être qu’un passage en Haute-Loire s’est transformé en une installation dans ce département à la suite de la rencontre avec mon mari, agriculteur. Je suis restée huit ans dans cet établissement comme professeur de lettres, tout en m’impliquant dans différents domaines et actions. Ma polyvalence fait que j’ai été contactée par la Draaf pour préparer la rentrée scolaire 2024-2025 au lycée de Chervé car le directeur adjoint était en congé longue maladie et le directeur avait pris d’autres responsabilités. J’ai ensuite été officiellement nommée directrice adjointe le 1er septembre. » Claire Devidal avoue qu’accepter cette mission est la conséquence d’un « vrai choix réfléchi, avec un réel investissement personnel ».
Son rôle la conduit à s’occuper de la pédagogie, c’est-à-dire tout ce qui est en lien avec la vie de l’élève, de son entrée dans l’établissement et jusqu’à ce qu’il en sorte à la fin de sa formation. « Cela va des projets pédagogiques aux emplois du temps en passant par la préparation aux examens. »