Franck Le Menn
Lycée de Ressins : des savoirs, mais surtout des savoir-faire
Arrivé dans l’été 2022 comme directeur du Lycée de Ressins, Franck Le Menn a désormais pris ses marques au sein de cet établissement de formation. Il explique pourquoi ses nouvelles missions le font « vibrer » et aborde quelques projets.
En visitant les infrastructures du Lycée de Ressins, Franck Le Menn a eu un véritable coup de cœur pour cet établissement de formation et eu la conviction que sa place était là, comme directeur. Après un parcours professionnel d’une trentaine d’années dans le secteur de la grande distribution, notamment comme directeur de la formation pour un grand groupe, sa réorientation professionnelle était devenue une évidence. « Je voulais revenir à la réalité, faire des choses qui ont du sens, qui correspondent à mes valeurs. » Il voulait un lien avec l’alimentation, mais aussi avec l’agriculture, « parce que ce sont mes racines », tout en restant dans la formation, mais des jeunes. Travailler dans un établissement scolaire est donc apparu logique, et encore plus dans un établissement d’enseignement catholique salésien « pour coller avec les valeurs qui sont les miennes ».
Franck Le Menn est arrivé au sein de l’établissement dans le courant de l’été 2022. Il avoue que la formation le fait « vibrer ». A Ressins, « nous formons des jeunes qui vont nourrir nos enfants et nos petits-enfants. Il nous faut donc les préparer du mieux possible pour qu’ils repositionnent l’agriculture à sa juste place dans la société. Dans cet établissement, on n’apporte pas uniquement des savoirs, mais aussi et surtout des savoir-faire. Les jeunes doivent repartir avec des gestes pratiques et maîtrisés. Ces compétences sont validées par des vrais professionnels, ceux qui gèrent l’exploitation. »
La ferme tient une place cruciale pour l’établissement. Elle sert, bien évidemment, de support à la formation des élèves, mais aussi à leur inculquer des valeurs, comme par exemple la rigueur. Elle n’en demeure pas moins une vraie exploitation, qui doit vivre économiquement. Franck Le Menn a à cœur de prouver que le système choisi fait ses preuves. « Nous y cultivons des végétaux et y élevons des animaux. Nous sommes maîtres de la traçabilité et de la qualité des produits. Travailler en circuit court permet d’avoir une vraie maitrise du système. » Le magasin de producteurs offre la possibilité aux clients de « faire leurs courses avec des produits de bonne qualité à des prix attractifs. » Et d’ajouter : « Les jeunes sont nourris au self à partir des produits issus de la ferme. C’est un vrai plus de leur montrer que le système fonctionne. »
Franck Le Menn dit avoir aussi apprécié la logique de fond liée à l’environnement. Il souligne la gestion de la ressource en eau ainsi que celle de l’énergie : panneaux solaires, méthanisation, valorisation du bois de l’exploitation pour chauffer l’établissement.
Se préparer à vivre en société
Il se retrouve aussi parfaitement dans l’approche éducative catholique, qui vise à inculquer aux jeunes des valeurs fondamentales pour bien vivre en société. « De nombreux anciens élèves de Ressins ont pris des responsabilités dans la société civile », note-t-il. « Responsabilité et confiance vont de pair. Nous donnons aux jeunes les moyens de se dépasser, en leur donnant par exemple la responsabilité d’animaux ou de matériels. Nous considérons que les jeunes ont tous du talent et nous voulons leur faire confiance. La communauté éducative est à leurs côtés et les met face aux réalités de la vie. » Dans cette logique, « les notes ne sont ni le premier critère de recrutement, ni le premier objectif fixé aux élèves ».
Depuis la rentrée de septembre, Franck Le Menn a pu prendre ses marques. « Défendre l’agriculture et l’agro-alimentaire est le vrai projet sur lequel je veux avancer. Il faut aussi moderniser l’école, tout en intégrant la dimension économique. » Le directeur avoue avoir trouvé de « bonnes volontés » pour l’accompagner. Une de ses premières actions a été de mettre en place une organisation spécifique afin que chacun soit plus efficace dans ses missions. « Ceci passe par la professionnalisation et la prise de responsabilités. » Il a également conduit une opération sur la discipline auprès des jeunes, en appuyant sur la rigueur et le respect.
Se projeter sur demain
Une autre action est en cours : développer l’enseignement supérieur. « Nous avons uniquement des BTS agricoles. Les attentes des professionnels sont de plus en plus pointues, donc nous devons leur fournir des jeunes mieux formés. C’est pour cela que nous travaillons sur l’enseignement supérieur, avec des Bac +3 et +4, notamment par apprentissage. L’établissement bénéficie d’une bonne expertise. Autant la mettre à profit de jeunes qui voudraient prolonger leurs études. »
Récemment, le pôle étudiant a été développé, avec des salles de classe et une restauration spécifique. L’établissement a l’avantage d’avoir un nouvel internat, mais aussi l’inconvénient d’en avoir un plus ancien. « Il faudra le faire évoluer. » Franck Le Menn poursuit sur les investissements : « Nous avons le projet d’une cuisine centrale pour approvisionner potentiellement d’autres écoles ou des cantines d’autres structures. » Grâce à ses infrastructures (salles, couchages, restauration, cadre…), le site reçoit de plus en plus de groupes. « Notre capacité d’accueil nous permet d’être un acteur du territoire. C’est une occasion de plus pour faire visiter la ferme, présenter nos produits et parler d’agriculture. »
Pour cette année scolaire 2022-2023, l’établissement accueille 550 élèves à Ressins (400 sont internes). L’association de gestion du lycée emploie 100 personnes. Les élèves peuvent entrer dès la 4e et terminer leur parcours de formation en BTS. « Souvent, les jeunes qui arrivent en 4e ou 3e connaissent une situation difficile au collège et sont malmenés par le système scolaire. Notre objectif est alors de les accompagner pour trouver une bonne façon d’apprendre. » Au Lycée de Ressins, les jeunes peuvent suivre une Seconde générale ou technologique, puis en Bac général (avec une orientation scientifique, et une option équine pour ceux qui le souhaitent), technologique (STAV) ou professionnel (par la voie de la formation initiale continue ou par apprentissage). L’établissement prépare à trois BTS : productions animales (en cours à temps complet), Acse (en apprentissage) et technico-commercial. Ce dernier BTS devrait pouvoir se préparer par la voie de l’apprentissage en septembre 2023. La demande de formation par cette voie tend à croitre, l’établissement se doit d’y répondre. « Nous voulons aussi développer la formation continue pour les adultes. »