Vin
La Loire aux 3 vignobles : « Localement, c’est un salon important »
Le 24e salon de La Loire aux 3 vignobles s’est déroulé du 10 au 12 novembre à l’hippodrome de Saint-Galmier. Une foire attendue et organisée par les vignerons de la Loire qui leur permet de mieux se faire connaître, et de vendre davantage, auprès du public.
Difficile de se retourner sans bousculer quelqu’un. Pour l’ouverture de la Loire aux 3 vignobles, les clients se sont retrouvés vers 18 heures, curieux de découvrir le palmarès de cette 24e édition qui s’est déroulée du 10 au 12 novembre à l’hippodrome de Saint-Galmier.
Certains, comme Marc, viennent chaque année. Montbrisonnais habitué des dégustations, il n’hésite pas à cracher son vin pour goûter le suivant. « J’ai du mal à être surpris, mais je prends toujours plaisir à les découvrir », raconte-t-il. D’autres visiteurs, plus novices, ont plus de difficulté à franchir le pas consistant à ne pas avaler. « Pour éviter l’ivresse, on sélectionne les vins qu’on veut tester », explique Alice.
« L’ambiance est conviviale »
Dans les contre-allées, les vignerons ne chôment pas. « Les clients sont au rendez-vous », se réjouit Stéphanie Guillot, productrice de côtes-du-forez. Elle profite d’une accalmie entre deux acheteurs pour remettre un peu d’ordre sur son stand et discuter avec le voisin. « L’ambiance est conviviale, lance celle qui participe au salon depuis plus de vingt ans. Je suis venue dès que j’ai eu mes premières bouteilles en 2004. »
Une bonne humeur contagieuse puisque tous les viticulteurs présents dans la salle ont le sourire. « C’est toujours gratifiant d’être lauréat, raconte Stéphane Réal, du domaine Fontvial, (Boisset-Saint-Priest). Mais il ne faut pas oublier qu’avec un autre jury, le résultat serait sûrement différent. »
Ses vins se sont distingués dans les catégories vin de pays viognier (2e ex aequo avec le domaine Morion de Chavanay, derrière Steve Peyon de Chuyer et devant le domaine Logel de Marcilly-le-Châtel) et vin de pays cépage syrah (1er suivi par le domaine des Amphores de Chavanay et le domaine Farjon de Malleval).
Trois vins rosés récompensés
Au micro, enthousiaste, Jean-Marie Vial, président de La Loire aux 3 vignobles, dresse le palmarès du concours de vin départemental qui s’est tenu le 30 octobre à la Fabuleuse Cantine de Saint-Étienne.
En côte-roannaise rouge, Vincent Giraudon, (Saint-Alban-les-Eaux), rafle le 1er prix avec sa cuvée Éponyme, suivi par le domaine de la Paroisse (Renaison) avec la Cuvée 1878 et les Blondins, (Renaison), avec la cuvée Les Blondins.
Pour le saint-joseph rouge, le domaine Xavier Novis, (Saint-Pierre-de-Boeuf), remporte la deux premières places avec ses cuvées Prieur et Capricieuse. Le domaine Morion (Chavanay) finit troisième.
Du côté du saint-joseph blanc, le 1er prix revient au domaine de la Favière (Malleval), le second au domaine Richard (Chavanay) et le troisième au domaine Farjon (Malleval).
En vins de pays Chardonnay, le domaine de la Pierre noire (Saint-Georges-Hauteville) se hisse en tête du classement, suivi par Vin et Pic (Boisset-Saint-Priest) et du Retour aux sources( Saint-Alban-les-Eaux).
Deux domaines en vins rosés côte-roannaise ont été récompensés : Reniteo (Ambierle), et Vial, (Saint-André-d’Apchon). Un seul prix est décerné pour le côte-du-forez rosé au domaine de la Pierre noire (Saint-Georges-Hauteville).
« Les fidèles lisent le palmarès »
La cuvée Poycelan, du domaine Logel (Marcilly-le-Châtel) prend la première place en côtes-du-forez rouge. Le domaine du Poyet (du même village) est deuxième avec Les Vieux ceps et Le Clos de Choizieux (Leigneux) pour sa cuvée Basaltique, troisième.
Pour le condrieu, Johan Verrier est lauréat du concours. André Perret, (Chavanay), a été récompensé par une seconde place et le domaine Richard, (Chavanay), complète le trio.
« Localement, c’est un salon important », conclut Stéphane Réal.
Alexandra Pacrot
Viticulteur, il participe à La Loire aux 3 vignobles depuis les débuts du salon. Pour la première fois, il l’a présidé. Passé d’exposant à l’équipe dirigeante, il raconte cette nouvelle expérience.
La Loire aux 3 vignobles et vous, c’est une histoire qui dure depuis vingt-quatre ans. Mais c’était la première fois que vous en preniez les rênes. Comment cela s’est-il passé ?
Jean-Marie Vial : « C’est une bonne expérience. Quand on est seulement membre de l’association, on ne voit pas tous les rouages parce que l’équipe dirigeante s’en occupe et je m’en étais jamais vraiment soucié. Pour cette première fois, cela a bien fonctionné, on n’a pas eu de soucis techniques ou d’oubli... Mais l’équipe est rodée, tout le monde sait ce qu’il a à faire. »
La fréquentation a-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?
J-M V. : « On a eu 650 visiteurs le vendredi, 1 300 le samedi et 1 500 le dimanche. Des chiffres similaires à 2022. On a totalisé plus de 220 entrées payantes, des personnes qui ne sont pas invitées par les vignerons. C’est le double de l’an passé. Notre clientèle vient de Saint-Étienne, de la plaine du Forez et on a aussi compté quelques personnes venues du Rhône et des monts du Lyonnais. »
Qu’ont donné les ventes ?
J-M V. : « Elles avaient été meilleures l’an passé, mais nous avions lancé le salon le vendredi matin et non le soir. Cette année, on a remarqué que les gens ont moins commandé au vino drive et se sont attardés sur les stands. Nous avons fait plus de ventes au détail qu’au carton : certains vins commencent à avoir des prix plus importants, les clients les achètent davantage à l’unité. Le volume d’achat est aussi mieux diversifié et les ventes mieux réparties entre vignerons. »
Le millésime 2022 a été passé au crible par des jurés...
J-M V. : « C’est une année faite de vins riches et gourmands. Les jurés ont eu du mal à départager les quatre, cinq, premiers. Avec d’autres juges, ou simplement le lendemain, le tiercé gagnant n’aurait peut-être pas été le même...
Auparavant, on faisait une pré-sélection avant de proposer les vins au jury. Elle permettait d’éliminer ceux qui étaient faibles ou moyens. Cette étape est devenue aussi serrée que le concours lui-même, on s’est dit qu’elle était peut-être dépassée. Finalement, nous n’en avons pas fait. »
Les années précédentes n’ont pas été tendres pour le secteur du vin. Comment se portent les vignerons ligériens ?
J-M V. : « Le climat ne nous a pas épargné ces derniers temps, entre gel, grêle et canicule deux étés de suite. Il y a eu une belle entraide entre les vignerons et on a été écoutés, notamment pour avoir l’autorisation de racheter de la vendange. Mais c’est vrai qu’on ne fait pas le plein de volumes alors que nos vins se vendent très bien. C’est toujours un peu comme ça : quand les stocks s’écoulent, on n’en a jamais assez... Certains domaines arrivent même à vendre à l’étranger.
Ce sont de belles avancées commerciales, mais les volumes ne sont pas en rapport avec la demande et on ne peut pas compter sur une réelle croissance. »
Vous avez des idées pour le salon de l’an prochain ?
J-M V. : « On se demande s’il ne serait pas pertinent de faire goûter le millésime de l’année en cours comme cela peut se faire lors de la Vente des vins des Hospices en Bourgogne. Après, le problème c’est que notre événement se déroule fin octobre et les vins évoluent encore... Ce ne serait pas pour le grand public puisque les millésimes ne seraient pas tout à fait prêts, mais pour les professionnels... »