Croissance de l’herbe
Gérer la situation actuelle tout en préparant l’été
La Chambre d’agriculture de la Loire et Loire conseil élevage proposent un suivi hebdomadaire de la croissance de l’herbe pour aider les éleveurs ligériens à bien maîtriser le pâturage et la récolte de l’herbe. Voici le bulletin du 13 mai.
A retenir pour cette semaine : les précipitations soudaines et massives (40 à 50 mm/j sur certains endroits) rendent l’exploitation de l’herbe, en fauche comme en pâturage, de plus en plus complexe. La portance devient (ou va devenir) trop limitante pour le matériel agricole comme pour les animaux, alors que l’herbe avance en stade végétatif. Déjà commencée depuis deux semaines, la dégradation de la valeur alimentaire l’herbe (pâturée, comme fauchée), de son appétence et de sa fermentescibilité va s’accélérer ces prochains jours. Afin de conforter le pâturage durant ces prochaines semaines orageuses, plusieurs leviers peuvent être actionnés et réfléchis, tandis que certains écueils seront à éviter :
- éviter le pâturage sur des prairies de trop forte hauteur d’herbe pour le pâturage (> 12 cm hauteur écrasée) : débrayage ou étêtage, voire topping ;
- limiter le matraquage par le piétinement des prairies permanentes ou temporaire de plus de trois ans ;
- systématiser l’incorporation de surfaces additionnelles (mi-avril) dans le circuit de pâturage ;
- ajuster si possible le mode de valorisation des fourrages, selon les besoins nutritionnels des animaux et le stade végétatif des prairies (éviter d’ensiler des prairies au stade pleine/fin épiaison).
Les sommes de températures depuis le 1er février et le cumul pluviométrique sur le mois de mai dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France au 11/05/2024) :
- Bard, 740°C, 65 mm ;
- Noirétable, 817°C, 82 mm ;
- Saint-Sauveur-en-Rue, 819°C, 52 mm ;
- Violay, 814°C, 49 mm ;
- Chazelles-sur-Lyon, 884°C, 45 mm ;
- Fourneaux, 951°C, 53 mm ;
- La Valla-en-Gier, 929°C, 46 mm ;
- Panissières, 893°C, 53 mm ;
- Saint-Georges-en-Couzan, 867°C, 49 mm ;
- Arthun, 946°C, 45 mm ;
- Balbigny, 1 002°C, 61 mm ;
- Nandax, 990°C, 57 mm ;
- Pélussin, 1 069°C, 54 mm ;
- Savigneux, 955°C, 51 mm ;
- Veauchette, 989°C, 48 mm.
Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département :
- Saint-Héand (575 m) : 9,3 cm ; 25,4 kg de MS/ha/jour ;
- Soleymieux (630 m) : 8,4 cm ; k31,1 g ;
- Périgneux (680 m) : 7,9 cm ; 35,3 kg ;
- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 8,0 cm ; 25,7 kg ;
- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 6,4 cm ; 30,5 kg ;
- Champoly (660 m) : 9,5 cm ; 42,9 kg.
- Lay (430 m) : 8 cm ; 45 kg ;
- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 9,7 cm ; 71 kg ;
- Violay (700 m) : 11,1 cm ; 57 kg ;
- Violay (720 m) : 10,7 cm ; 76 kg.
Du côté de la technique :
- Futurs refus et matraquage des parcelles : rien de pire pour les prairies que d’être matraquées par le piétinement des animaux. Les séquelles peuvent se prolonger durant le reste de l’année, voire plus tard (disparition de certaines espèces d’intérêt fourrager, fertilité de votre sol amoindrie, …). Les effets de ce matraquage peuvent être amplifiés par le maintien sur pied de refus très développés (> 25% surface de la prairie à la sortie des animaux), générés par le pâturage d’une herbe trop haute et peu appétente (épiaison). Plusieurs leviers non exhaustifs peuvent être combinés en attendant une fenêtre de météo favorable pour la fauche. L’essentiel est de disposer de 15 à 21 jours maximum d’avance au pâturage pour ces deux prochaines semaines, avec des hauteurs d’herbe d’entrée à 9-10 cm max). Il convient alors de : débrayer des parcelles de pâturage trop hautes (et trop avancées en stade) pour une fauche dès le prochain créneau (même si 1,5 t MS/ha) avec pour objectif de disposer de 15 à 21 jours maximum d’avance au pâturage d’herbe ; insérer dans le circuit de pâturage des surfaces additionnelles, partiellement et temporairement ; étêter toutes parcelles dédiées au pâturage ces prochains jours qui risquent d’être un peu trop hautes (> 10-11 cm) et/ou qui sont épiées, et faucher les refus de ces derniers jours, sous condition de sol encore portants (ne pas hésiter à nous recontacter).
- Préparer son pâturage estival avec les stocks sur pied : les conditions météo de ce printemps 2024 garantissent un prolongement de la durée de pâturage en fin de printemps et début/plein été, à condition de planifier ces futures surfaces de pâturage dès à présent. Plusieurs leviers peuvent être choisis, voire combinés, selon le contexte pédoclimatique et les besoins des animaux : cibler les prairies de fauche ou de pâturage printanier qui peuvent prolonger le pâturage en juin (dactyle, trèfle violet, certaines prairies multi-espèces) et écarter les prairies les moins adaptées (prairies fortement pâturées ce printemps, par exemple) ; préparer des surfaces de prairies séchantes, poussantes en fin de printemps avec un bon potentiel de valeur alimentaire (riches en graminées non remontantes et légumineuses), en fauchant « haut » au prochain créneau et en ayant une fertilisation adaptée ces prochains jours ; réfléchir dès à présent à implanter des dérobées fourragères estivales pâturables (sorgho multi-coupe, moha ou avoine + trèfle d’Alexandrie, teff-grass, colza fourrager de printemps.
Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire
Stéphane Laurent, Loire conseil élevage