Régionales 2021
Bruno Bonnell : « On ne peut pas dire que l’agriculture est essentielle et ne pas vouloir la payer »
Réunis à Agrapole (7e arrondissement de Lyon), lundi 31 mai, les membres du Caf Auvergne-Rhône-Alpes (1) ont convié les principales têtes de liste candidates aux élections régionales des 20 et 27 juin prochains à présenter leurs programmes pour l’agriculture régionale. Après un tirage au sort effectué le matin même, elles se sont exprimées à tour de rôle, en visio-conférence. Elles ont chacune présenté en quinze minutes leurs intentions et ambitions en cas de victoire.
Bruno Bonnell - Auralp, la majorité présidentielle (LREM)
Je n’ai pas du tout envie d’aborder le programme de la Région avec une liste à la Prévert pour continuer à garantir une espèce de monde agricole sous perfusion et un dialogue électoraliste. Je suis assez direct dans mes propos, c’est ma caractéristique. On considère que le métier d’agriculteur, c’est un métier d’instinct, d’expérience terrain. On ne lui donne pas véritablement une qualification d’expertise, de savoirs, de connaissances. Moi, je pense que c’est l’inverse et qu’il faut absolument anoblir ces métiers. Et la clé, c’est le prix ! Il faut arrêter de faire croire qu’on peut acheter du bio, de la qualité, du local au même prix que des produits qui viennent de n’importe où et qui n’ont pas de valeur gustative ni nutritionnelle. On ne peut pas dire que l’agriculture est essentielle et ne pas vouloir la payer. Si j’ai placé 10 % d’agriculteurs dans mes listes dont deux têtes de liste, je vais aussi m’appuyer sur les organisations existantes. C’est à vous de définir avec nous le plan de mandat !
La Région, facilitatrice de moyens, de conseils et d’ingénierie
La région doit être une facilitatrice, à la fois de moyens, de conseils et d’ingénierie. Elle doit être là pour répondre à vos questions mais elle doit surtout déléguer le savoir à ceux qui savent. Exemple : je pense que le dérèglement climatique imposera pour la moyenne montagne qu’on construise des réserves d’eau. Dans ces conditions-là, nous consulterons l’ensemble des parties prenantes et nous entamons la construction de réserves d’eau indispensables à l’irrigation mais peut-être même demain à l’eau potable de certains villages. Enfin, la formation. Elle consiste d’abord à donner envie. La réalité, c’est que si on ne forme pas des femmes et des hommes passionnés qui veulent s’engager pour longtemps, qui sont prêts à prendre des risques, tout ça ne servira à rien. On aura des terres qui finiront soit en consolidation, soit en friche. Il faut mettre au cœur du système la confiance dans les organisations, la formation et l’orientation et montrer que les métiers agricoles sont des métiers d’expertise. Enfin arrêtons de parler de la théorie et faisons de la pratique, notamment sur l’assurance récolte, en y impliquant les transformateurs et les distributeurs. On peut partager la valeur, il faut aussi qu’on partage le risque. Le dialogue et la dignité feront partie de ma démarche. Il faut arrêter de considérer que les uns ont besoin des autres. En fait, nous avons surtout besoin d’une fraternité collective pour valoriser l’agriculture ensemble.