Salon de l’agriculture
Ils portent haut les produits ligériens
En 2024, des producteurs fermiers et des entreprises avaient été conviés par le Département et la Chambre d’agriculture pour animer le stand ligérien au Salon de l’agriculture. Quelques jours avant l’édition 2025 de cet événement (du 22 février au 2 mars), ils dressent le bilan de leur présence et expliquent pourquoi ils feront à nouveau (ou non) le déplacement cette année.

Domaine Lapandery / Se déplacer au SIA pour se faire connaître
S’il a repris l’exploitation familiale il y a cinq ans après une dizaine d’années passé dans l’export agro-alimentaire, Lucas Lapandery descend d’une lignée de vignerons bien établie dans la Côte roannaise (Saint-Haon-le-Vieux). Son père et son grand-père avant lui ont travaillé les six hectares de vignes et les dix de terres pendant des décennies.
Lorsqu’il a répondu à l’appel d’offres du Département qui proposait d’installer un stand au Salon de l’agriculture en 2024, le jeune homme n’a pas hésité longtemps. « Déjà, Paris, c’est le centre du business, c’est important de s’y montrer. Et puis, pendant des années, le domaine Lapandery y a été présent. Mais les coûts sont devenus trop conséquents et nous avions arrêté », raconte le vigneron, qui a donc saisi l’opportunité l’an passé. L’accueil reçu lui a plu. « Beaucoup ne savent pas où est la Loire et on confond nos vins avec ceux produits à Angers ou Saumur alors qu’ils sont très différents. Nous devons tirer notre épingle du jeu. Nous avons de très bons produits et de très bons producteurs. Si on reste chez nous, personne ne le saura », analyse-t-il.
Raison pour laquelle, malgré de maigres retombées économiques, Lucas Lapandery a fait le choix de collaborer une nouvelle fois avec le Département pour l’édition 2025. « L’objectif est double : faire découvrir nos vins et nos AOP aux Parisiens (même si une grande partie des bouteilles produites au domaine sont commercialisées sur Paris, ndlr) et aux jeunes. Ce n’est pas une clientèle à négliger : ils sont les consommateurs de demain », avertit l’agriculteur qui se réjouit de la nouvelle position du stand de la Loire, au cœur du hall 3, plus visible que l’an passé.
La création du GIE (Groupement d’intérêt économique) avec les autres producteurs est aussi une forme d’engagement qu’il ne se voyait pas rompre. « C’est un investissement sur le long terme qui doit nous permettre de nous faire connaître. Le Département a fait le choix de monter avec des producteurs parce que les visiteurs veulent discuter avec nous ; ils veulent du concret et pas des paroles rapportées par un chargé de communication... Être à Paris peut avoir un gros impact pour nous : désormais, la côte-roannaise est partout et plus uniquement dans la Loire. »
Présent dès le vendredi pour installer le stand, Lucas Lapandery prendra ses quartiers pendant quatre jours à Paris avant de rentrer à Saint-Haon-le-Vieux.
Ferme Au cœur du Forez / La brique du Forez à nouveau à Paris
La Ferme Au cœur du Forez (cinq associés de la famille Bory et trois salariés), basée à Saint-Romain-le-Puy, avait répondu favorablement à l’invitation de la Chambre d’agriculture pour animer le stand départemental au Salon de l’agriculture (SIA) en 2024. « Nous avions envie de faire connaitre les fromages de notre territoire, notamment ceux qui ne bénéficient pas d’une AOP, et inciter les touristes à séjourner dans notre région, explique Laurent Bory. Nous avons présenté la brique du Forez, dont l’histoire est très liée aux monts du Forez et au Livradois, et qui est l’un des nombreux produits issus de notre ferme. » La famille Bory élève 70 vaches et 90 chèvres laitières. Un tiers du lait de vache et la totalité du lait de chèvres est transformé en fromages ou yaourts vendus sur des marchés, à la ferme, dans des épiceries, des restaurants, des supermarchés et la restauration collective.
« Au-delà de la promotion de notre territoire, nous avons fait le choix de retourner au SIA cette année pour honorer notre engagement au sein du GIE, créé l’an passé entre producteurs pour faciliter les transactions sur le salon », justifie l’éleveur. L’expérience de 2024 sert pour la prestation 2025, par exemple pour définir la quantité de fromages à acheminer à Paris. « Cette année, le stand sera dans le hall 3, le premier traversé par les visiteurs après celui des animaux. Nous pourrions écouler bien plus de marchandises… L’objectif est d’avoir assez de tous les produits jusqu’à la fin du salon, tant pour la vente que pour les dégustations. »
Comme l’an passé, les producteurs ont participé à plusieurs réunions de préparation avec les services de la Chambre d’agriculture et du Département pour gérer la logistique, élaborer le planning ou encore apprendre à connaitre les produits des autres. « Chaque agriculteur a une permanence de deux jours à assurer et il doit être capable de faire la promotion des produits de ses collègues et de les vendre. Nous devons aussi être en complémentarité avec les autres espaces du stand (tourisme, hébergements) car nous pouvons tous tirer un bénéfice les uns des autres. »
Laurent Bory ne cache pas que les retombées sur la ferme ne sont pas négligeables. « En 2024, la présence de la Loire au SIA a été médiatisée. Nous avons été sollicités et les consommateurs nous ont vus. » Pour l’édition 2025, il sera à Paris dès le vendredi pour aider à monter le stand. Il l’animera le samedi et le dimanche. Le lundi, il sera juré pour le Concours général agricole des produits. Puis, il compte bien profiter du salon le mardi.
Pour tout savoir sur le Salon international de l'agriculture, c'est par là.
A lire aussi :
Flora Moulin prépare la finale nationale de pointage
Olympe, du Gaec Cote-Pardin représentera la race Aubrac à Paris
Société Nigay / Des co-innovations locales valorisant le territoire
La carabrioche est un produit, « du champ à l’assiette », comme aime le dire Henri Nigay, l’un des dirigeants de la société éponyme dont le siège social est à Feurs (1). Elle est composée de blé cultivé dans la plaine du Forez et transformé en farine par la Minoterie moderne de Cuzieu, ainsi que d’éclats de caramel fabriqués par la société Nigay. Ces deux matières premières sont proposées aux boulangeries qui souhaitent produire la brioche.
Cette douceur était présentée sur le stand départemental au Salon international de l’agriculture en 2024. Lorsque la proposition de participer au SIA lui a été faite, Henri Nigay a tout de suite été partant. L’idée de mettre en avant une filière et une co-innovation locales l’a séduit. « De nombreux acteurs départementaux et régionaux ont pu déguster la carabrioche », rapporte fièrement le dirigeant. « Nous avions tout prévu pour faire la distribution, ainsi que les supports de communication, indique Coraline Baudet, responsable marketing et communication. Le tout avait été acheminé par l’équipe du Département via le camion prévu à cet effet. Il ne nous restait plus qu’à découper la brioche le jour-J. » Henri Nigay était sur le stand départemental le mardi. « J’ai été épaté par la super ambiance qui y régnait. On voyait que chacun avait plaisir à être là. » Ce temps de partage a contribué à créer ou resserrer des liens entre les acteurs agro-alimentaires ligériens.
Le mardi soir était organisée une visite du Sénat et un buffet, où était servie de la glace de La ferme des délices foréziens de Saint-Cyr-les-Vignes accompagnée de… caramel Nigay. Il paraitrait que des élus du territoire n’ont pas résisté et se seraient servis plusieurs fois… La société Nigay avait également fourni une machine à pancake et du caramel pour proposer des dégustations à l’heure du petit déjeuner. Dans la semaine, une autre co-innovation ligérienne était mise en avant : le caracola, issue du partenariat entre la société Nigay et la brasserie La Germanoise à Saint-Germain-Laval.
« Nous n’attendions pas de retombées spécifiques de notre présence au Salon de l’agriculture car nous travaillons en B to B avec les entreprises. Nous étions plus sur des relations institutionnelles et publiques. » La société Nigay n’a pas été sollicitée par les organisateurs pour l’édition 2025. Son responsable assure qu’il aurait été prêt à collaborer une nouvelle fois.
Balcons du mont Pilat / La pomme du Pilat fait l’impasse
Il y a un an, la coopérative Les Balcons du mont Pilat expédiait plusieurs centaines de kilos de pommes – et 50 l de jus de fruits – vers la capitale. Les visiteurs du Salon international de l’agriculture (SIA) avaient ainsi pu déguster golden et rosée du Pilat, notamment dans le cadre des planches que vendait le stand 100 % Loire installé pour la première fois porte de Versailles. Habitués à participer à l’événement avec la Région, les arboriculteurs établis à Bessey avaient en effet accepté l’invitation du Département et décidé de s’investir à ses côtés pour marquer le coup.
Quatre d’entre eux s’étaient d’ailleurs rendus sur place durant deux jours. Outre un retour d’ascenseur envers cette collectivité qui l’accompagne de longue date, la structure souhaitait apporter sa contribution à la volonté générale de « promouvoir la diversité de l’agriculture ligérienne ». Elle espérait aussi mettre en avant son produit, tout en ayant conscience que ses pommes sont très majoritairement consommées en Auvergne-Rhône-Alpes.
Douze mois plus tard, son directeur dresse un bilan mitigé. Olivier Lecoq comprend les balbutiements liés à l’organisation, que la plupart des acteurs découvraient, mais regrette un manque de visibilité : « Pour être honnête, nous n’avons eu aucune retombée. Nous n’avions pas de grandes attentes compte tenu de notre zone de commercialisation, mais on aurait pu espérer plus faire parler de nous sur le plan local. Nous nous sommes sentis oubliés dans la communication autour de l’agriculture ligérienne. On a peu parlé de la pomme, c’est décevant car nous avons joué le jeu. »
Cette première participation au SIA aurait pu créer une synergie, mais aucune dynamique ne s’est enclenchée selon lui. Sollicitée seulement début février pour s’y rendre à nouveau, la coopérative Les Balcons du mont Pilat a d’ailleurs dû décliner la proposition en raison notamment d’une incompatibilité d’agendas : « C’est regrettable, mais nous ne pouvons pas nous organiser en quinze jours… Deux de nos producteurs avaient prévu d’y aller à titre personnel, mais leur déplacement ne correspond pas aux dates que l’on nous proposait. »
Olivier Lecoq estime que marquer les esprits visuellement par rapport aux stands de confrères exige de la préparation et constitue « un investissement qui demande du temps et de l’anticipation ». Pour autant, il ne ferme pas la porte en vue des éditions suivantes : « Le SIA est une bonne initiative pour valoriser l’agriculture ligérienne. Nous serons toujours fiers de représenter la Loire et le Pilat à Paris. »
Alexandra Blanchard-Pacrot, Lucie Grolleau-Frécon et Franck Talluto
(1) La société Nigay s’est lancée dans la création d’un troisième site de production dans l’Aisne, à côté de Saint-Quentin, en plus de celui de Feurs et de Nesle dans la Somme. Alors que le site de Feurs est saturé, l’objectif est de continuer à développer l’entreprise en étant au plus près des sucreries et glucoseries.