La Chambre d’agriculture de la Loire et Loire conseil élevage proposent un suivi hebdomadaire de la croissance de l’herbe pour aider les éleveurs ligériens à bien maîtriser le pâturage et la récolte de l’herbe. Voici le bulletin du 10 juin.
A retenir pour cette semaine : comme les précédentes semaines, le maintien d’un temps orageux avec de très courts créneaux de temps ensoleillé retarde bon nombre de chantiers de fauche, limite le ressuyage des sols et bloque la gestion du pâturage. Cette situation est aggravée par l’imprécision des prévisions météorologiques de ces derniers jours. Beaucoup de prairies pâturées présentent des biomasses importantes de refus avec des stades végétatifs avancés tandis que des parcelles de pâturage débrayées début/mi-mai (seconde vague de débrayage) sont en attente de fauche. Actuellement, plusieurs cas de figure existent :
- une rupture du pâturage (ou une forte régression de la part d’herbe dans la ration), faute de gestion possible des refus et récolte de prairies de fauche ou débrayées ;
- le pâturage de prairies avec des hauteurs d’herbe trop importantes (> 12 cm) et donc du gaspillage d’herbe et une chute des performances zootechniques (GMQ, production laitière) ;
- le maintien d’un pâturage « lactogène » ou favorable à la croissance des animaux, grâce à la combinaison de plusieurs leviers : gestion précoce des refus, débrayages successifs et incorporation de surfaces additionnelles (prairies de fauche, dérobées).
Repères des sommes de températures :
- foin précoce (lactogène) : 900-1 000 °CJ (depuis 01/02) : stade largement dépassé sur le département ;
- foin tardif : 1 100-1 250 °CJ (stade floraison, depuis 01/02). La majorité des prairies sont actuellement au stade de fauche en foin tardif. Du point de vue technico-économique, peuvent encore être valorisées en enrubannage (voire ensilage selon surfaces) : des prairies en second cycle de fauche, dominées par des espèces de graminées non remontantes à épiaison (dactyle, fétuque élevée, …), avec une bonne part de légumineuses ; des prairies pâturées en avril/début mai et débrayées (seconde vague, meilleure proportion feuille/tige, …) sous condition d’une pression en bouses faible ; et les prairies de fauche légumineuses dominantes ou pures.
Les sommes de températures depuis le 1er février et le cumul pluviométrique sur le mois de juin dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France au 08/06/2024) :
- Bard, 959°C, 13 mm ;
- Noirétable, 1 158°C, 6 mm ;
- Saint-Sauveur-en-Rue, 1 179°C, 9 mm ;
- Violay, 1 123°C, 7 mm ;
- Chazelles-sur-Lyon, 1 269°C, 19 mm ;
- Fourneaux, 1 340°C, 32 mm ;
- La Valla-en-Gier, 1 315°C, 20 mm ;
- Panissières, 1 275°C, 6 mm ;
- Saint-Georges-en-Couzan, 1 228°C, 10 mm ;
- Arthun, 1 335°C, 2 mm ;
- Balbigny, 1 401°C, 2 mm ;
- Nandax, 1 388°C, 10 mm ;
- Pélussin, 1 486°C, 11 mm ;
- Savigneux, 1 341°C, 23 mm ;
- Veauchette, 1 390°C, 19 mm.
Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département :
- Saint-Héand (575 m) : 9,5 cm ;
- Soleymieux (630 m) : 7,9 cm ; 21,7 kg de MS/ha/jour ;
- Périgneux (680 m) : 11,3 cm ; 50,6 kg ;
- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 8,8 cm ; 21,3 kg ;
- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 9,9 cm ; 56,2 kg ;
- Champoly (660 m) : 9,3 cm ; 30,7 kg ;
- Lay (430 m) : 8,2 cm ; 40 kg ;
- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 8,3 cm ; 52 kg ;
- Violay (700 m) : 9,5 cm ; 48 kg ;
- Violay (720 m) : 8,5 cm ; 26 kg.
Du côté de la technique : éviter d’interrompre en juin son pâturage, par excès d’herbe ! Pour le moment, et quelles que soient les productions animales (ruminants), l’année 2024 peut être considérée comme une « année de pâturage ». Dans un contexte de récoltes massives de fourrages de médiocre qualité nutritionnelle sur certaines exploitations, la maîtrise et le prolongement du pâturage printanier sera la clef de vos performances technico-économiques (maintien prolongé d’un coût alimentaire bas pour une meilleure marge brute !).
Actuellement, les croissances des prairies de pâturage s’infléchissent. Les prés se trouvent au stade pleine épiaison/début floraison des graminées voire post épiaison (moindre capacité de reprise en végétation). Beaucoup présentent des biomasses de refus importantes, très avancés en stade végétatif. Les premiers signes de sur-pâturage se multiplient engendrant une réduction de l’offre en herbe « consommable », une dégradation pérenne des prairies (rendement, valeurs alimentaires) et une baisse des performances zootechniques au pâturage (potentiel lactogène, parasitisme, …). Dans de nombreuses situations, le pâturage risque d’être interrompu ces prochains jours, faute de surfaces suffisantes en herbe « pâturable ». Plusieurs leviers peuvent être combinés (non exhaustifs) :
- terminer la fauche des refus (et non leur broyage) avec hauteur de fauche à 8-9 cm, et ce même si la parcelle n’est pas re-pâturée de suite. Eviter la fauche des refus sans récolte en cas de biomasse de refus trop importante. Ebousage fortement conseillé ces prochains jours afin de bénéficier de tous ses effets sur la prairie pâturée.
- limiter au maximum le pâturage des paddocks/parcelles avec une trop forte biomasse de refus sur pied : débrayage de ces parcelles afin d’éviter tout surpâturage, et enrubannage voire fenaison des refus.
- sélectionner les parcelles de pâturage de fin de printemps et court-circuiter d’autres prairies pâturées depuis mars 2024 (riches en ray-grass par exemple, prairies avec forte part de refus, …) selon leur potentiel alimentaire en juin/juillet.
- finaliser la préparation des stocks sur pied « lactogènes » ou dérobées estivales (cf bulletin du 13/05/2024).
- allonger la durée du cycle de pâturage : passage de 21 à 28 j à plus de 32 j voire 35 j (à nuancer selon types de prairies et contexte pédoclimatique) avec ajout de surfaces additionnelles (prairies de fauche ou débrayées, stocks sur pied, …).
- conserver voire accentuer le chargement instantané (par exemple : durée de 4 j /parcelle en bovins allaitants plutôt que 7-8 j /parcelle) et conserver les cycles de pâturage (28 à 35j) afin de limiter les refus sur ces surfaces de pâturage.
- rehausser la hauteur de sortie des animaux des paddocks ou parcelles : hauteur d’entrée au pâturage toujours à 12 cm (même en systèmes allaitants ou génisses en croissance) et hauteur de sortie à 6-7cm plutôt que 5 - 5,5 cm.
Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire
Stéphane Laurent, Loire conseil élevage