Plus ou moins fonctionnels et complexes, les bâtiments pour le logement des bovins allaitants ont des typologies multiples. Pour répondre notamment aux besoins continus d’efficacité, de modernisation et de rendement des éleveurs, une journée d’échanges a été organisée au Gaec Lafay Pierron à Saint-Germain-Lespinasse.
Dans la continuité des enquêtes réalisées auprès des éleveurs allaitants du Roannais au cours de l’hiver 2020-2021, la Chambre d’agriculture de la Loire a proposé deux rencontres autour des bâtiments d’élevage, dont l’une au Gaec Lafay Pierron. Avec pour objectif premier d’optimiser l’organisation du travail et la rentabilité de l’élevage bovin allaitant.
Conception des bâtiments, économie de paille, ambiance dans le bâtiment ; mise aux normes ; opportunités d’installer des panneaux photovoltaïques ; approvisionnement en eau ; financement, programmes d’aides et subventions : autant d’éléments qui ont pu être traités au fil de la rencontre, entre questionnements et essais sur l’un des bâtiments de l’exploitation. Deux conseillers d’élevage de la Chambre d’agriculture, Jérémy Gervais et Stéphane Brisson, ont alors mené les échanges avec la dizaine d’éleveurs venus se renseigner sur le sujet. Basé à Saint-Germain-Lespinasse, le Gaec Lafay Pierron, dirigé par Catherine et Jérémie Lafay, faisait ainsi office de mise en situation.
Pour contextualiser, c’est en février 2020 que Jérémie Lafay rejoint l’exploitation de Catherine Lafay, qui devient alors Gaec. Ceci après l’installation de cette dernière, en 2005, sur l’exploitation des frères Deporte, qui disposaient d’un terrain initial de 120 hectares.
A l’époque, l’exploitante avait choisi de se limiter à 90 hectares, son père récupérant les 30 autres et prenant le statut d’exploitant principal. Pourtant, père et fille n’ont pas constitué de Gaec ensemble, [Catherine] souhaitant avant tout conserver son « indépendance économique. On travaillait ensemble, mais sans interactions économiques entre nous », expliquait-elle.
Après la reprise du cheptel de son père, son effectif bovin était constitué d’environ 130 vaches lors de la première année. Il est désormais de 150. La surface de l’exploitation est aujourd’hui de 200 hectares. Désormais, le Gaec dispose de trois bâtiments répartis sur plusieurs sites : siège, stabulation avec de l’existant et écurie modifiée en cases paillées.
Une construction adaptée issue d’une orientation fiable
Souvent, c’est un véritable fossé qui sépare la théorie de la pratique, l’idée de la réalisation. Pour construire un bâtiment adapté à son élevage, il est préférable de se poser avant tout les bonnes questions. Un guide servant de fil conducteur aux exploitations intéressées a été dévoilé par la Chambre d’agriculture. Allant de la reproduction à l’environnement, en passant par l’alimentation, la gestion des déjections ou encore le contexte d’exploitation, il aborde bon nombre d’étapes à suivre pour réfléchir à la construction de son bâtiment d’élevage.
Quatre principaux modes de logements sont alors envisageables, chacun possédant leur lot d’avantages et d’inconvénients. Aire paillée intégrale, aire paillée et aire d’exercice raclée, logettes ou entravée… ici, les différences se jouent sur les conditions de vie de l’animal, le coût d’investissement et de fonctionnement, ou encore les conditions de travail.
Au sein du Gaec, le choix de l’aire paillée avec raclage a été fait : parmi les avantages, le besoin en paille est réduit, le travail est sécurisé ; quant aux inconvénients, ils se résument en l’astreinte d’un raclage quotidien, la prévision d’ouvrage de stockage d’effluents ou encore le risque de glissade. « Le bâtiment, c’est la marche qui coûte le moins cher à la construction. Mais au fonctionnement, au bout de douze ans, il vous coûte plus cher. On est étonné qu’il y ait encore autant d’aire paillée intégrale qui se construisent encore », expliquait Stéphane Brisson.
La question de l’énergie photovoltaïque
Conseiller énergie de la Chambre d’agriculture de la Loire et de la Haute-Loire, Florent Gagne amenait à réfléchir sur la question énergétique. Et plus particulièrement sur l’apport d’un bâtiment équipé en photovoltaïque. Car avec le prix des énergies qui flambent, nombreux sont les agriculteurs à vouloir penser différemment la conception de leurs bâtiments d’élevage.
L’idée d’un bâtiment photovoltaïque a mûri avec l’installation de Jérémie Lafay au sein du Gaec pour limiter un coût d’investissement. Le bâtiment avait été réfléchi en 2019 avec Irisolaris, entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, mais les travaux ont finalement commencé en juillet 2020, notamment pour la charpente. Le choix a ensuite été porté sur de l’auto-construction de A à Z pour limiter les coûts. « Mais on a passé 18 mois sur le bâtiment », nuançait Catherine Lafay.
Parmi les possibilités évoquées par le conseiller : investir soi-même dans une centrale photovoltaïque ; louer une toiture (20/30 euros du kW/traite/an) ; mise à disposition de bâtiment, avec vente totale d’électricité, autoconsommation totale, ou autoconsommation et vente de surplus.