Interviews croisées
Retraites, mal être, social : continuer à se battre

Gérard Auberger, président de la section des anciens exploitants de la FDSEA de la Loire, et Paul Meunier, membre du bureau de Jeunes agriculteurs Loire, expliquent ce que leurs syndicats défendent pour assurer les avancées sociales aux agriculteurs en activité et à la retraite.

Retraites, mal être, social : continuer à se battre
Gérard Auberger (à gauche), président de la section des anciens exploitants de la FDSEA de la Loire, et Paul Meunier, membre du bureau de Jeunes agriculteurs Loire. ©FDSEA42 et LGF

Quels sont les combats actuellement menés par les réseaux FNSEA et JA concernant le régime des retraites agricoles ?

Gérard Auberger : « Au niveau de la FNSEA et de la FDSEA de la Loire, nous nous battons aujourd’hui pour rendre applicable le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années pour le 1er janvier 2026. La Section des anciens exploitants revendique une retraite minimum à 85 % du Smic (1 177 € par mois) pour toutes les carrières complètes, en particulier pour les membres de la famille, conformément aux promesses du président de la République en 2022. Nous souhaitons que cela soit valable pour les nouveaux retraités, mais aussi pour toutes celles et ceux qui sont déjà à la retraite.

Nous demandons également l’harmonisation des règles de calcul des minima avec celles des salariés, via, par exemple, une harmonisation des plafonds de ressources avec ceux de leur minimum retraite. La pension de réversion doit être exclue du calcul pour éviter de perdre la revalorisation de retraite de base. Enfin, le minimum de retraite du chef d’exploitation doit être indexé sur le Smic classique et non pas sur le Smic agricole.

Pour les parents d’au moins trois enfants, nous défendons d’instaurer une bonification forfaitaire, calculée sur la moyenne des retraites françaises, en lieu et place de la bonification à hauteur de 10 % de la retraite actuellement servie.

Pour préserver le pouvoir d’achat, le montant des retraites doit progresser, avec une revalorisation, au minima, à l’inflation. »

Paul Meunier : « Chez JA Loire, nous soutenons très fortement le réseau FNSEA sur les combats qu’il mène sur les sujets en lien avec la retraite. Même si nos adhérents ne sont pas directement concernés dans l’immédiat, ils le sont indirectement : c’est en revalorisant les retraites agricoles que les coûts de reprise des exploitations agricoles pourront baisser et rendre plus abordables économiquement les installations. »

Dans le domaine du mal être en agriculture, sur quels points vos réseaux sont-ils actifs ?

Gérard Auberger : « Nous demandons la simplification des critères d’accès au dispositif d’Aide à la relance des exploitations agricoles : seulement 1 à 2 M€ sont consommés annuellement sur les 7 M€ alloués chaque année pour ce dispositif d’aide aux agriculteurs en difficulté. »

Paul Meunier : « Nous défendons également la mise en œuvre d’une aide au passage de relais pour permettre à des agriculteurs en mauvaise santé ou en difficulté économique de transmettre à de jeunes repreneurs. Le cédant percevrait une allocation d’environ 1 200 € par mois avec prise en charge de ses cotisations MSA, ainsi que la pérennisation du crédit d’impôt remplacement et son allongement. Les fonds non consommés du dispositif d’Aide à la relance des exploitations agricoles pourraient alimenter notre proposition d’aide au passage de relais. »


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Quels sont les dossiers actuellement portés par les réseaux FNSEA et JA concernant le volet social ?

Paul Meunier : « Il nous parait essentiel de continuer à faciliter l’emploi de main d’œuvre et d’améliorer les conditions de remplacement pour les accidents, les maladies et les congés maternité et paternité. Nous demandons également la concrétisation des mesures d’allégements et de simplification, ainsi que l’évolution de la qualité du service rendu par les caisses MSA. Les critiques des usagers doivent être un moteur. Nos réseaux peuvent être un aiguillon sur cette question. Nous nous battons aussi pour la détection des situations difficiles et de la proximité, ingrédient essentiel de la réussite, et frein au malaise agricole. »

Gérard Auberger : « Le pouvoir d’achat des retraités agricoles doit être préservé. Pour cela, il faut rétablir la demi-part fiscale pour les veuves et veufs, mais aussi relever les plafonds de revenus imposables à la CSG, CRDS et Casa de 5 % par an pendant cinq ans, en plus du taux d’inflation. Le coût de l'assurance complémentaire santé pourrait être compenser par un crédit d’impôt, par exemple. Côté impôt, aligner la taxation des revenus fonciers sur les taux applicables au foyer fiscal serait plus approprié : nous contestons la taxation à 17,20 % des revenus fonciers des retraités agricoles.  

Au-delà du pouvoir d’achat, il faut permettre à chacun de bien vieillir en milieu rural. Pour cela, tout doit être mis en œuvre pour faciliter l’accès aux services publics et aux services médicaux grâce à une meilleure couverture des territoires ruraux par les professions médicales. Il est parfois nécessaire aussi de vaincre l’isolement. Pour cela, nous devons travailler à la reconnaissance des aidants. Nous défendons le vote d’une loi " Grand âge " qui permettrait une meilleure prise en charge du vieillissement en prévoyant les financements nécessaires. »

FDSEA et JA Loire