FDSEA-JA
« La motion de censure nous envoie droit dans le mur »
Dans un contexte politique mouvementé, au plan national comme européen, les agriculteurs des réseaux FDSEA et Jeunes agriculteurs poursuivent leurs actions pour faire entendre leur voix. En début de semaine, plusieurs opérations « coup de poing » étaient dénombrées.
Des radars routiers mis temporairement dans l’impossibilité de flasher et des portes de permanences de députés ligériens murées, telles sont les deux images des dernières actions des réseaux FDSEA et Jeunes agriculteurs de la Loire. Leurs responsables avaient promis qu’ils se battraient contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, mais aussi pour la simplification administrative et pour défendre le revenu des agriculteurs.
Les avancées sur le plan national étaient plutôt prometteuses, à en croire les annonces de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ces dernières semaines. C’était sans compter la motion de censure de l’assemblée nationale adoptée mercredi 4 décembre, faisant tomber le gouvernement de Michel Barnier. Tout espoir était également permis au sujet du rejet du traité de libre-échange depuis le positionnement en ce sens de la majorité des parlementaires français. Mais la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen, a pris tout le monde de court en annonçant, vendredi 6 décembre, qu’elle était tombée d’accord avec les présidents des pays d’Amérique du sud. Mais tout n’est pas perdu, l’Etat français peut encore mettre son véto pour la signature définitive.
C’est dans ce contexte que les responsables de Jeunes agriculteurs Loire et de la FDSEA ont appelé à la mobilisation en fin de semaine dernière, dans un premier temps pour masquer les radars routiers. Les opérations se sont multipliées ces derniers jours. « Nous voulons redire notre opposition au traité de libre-échange avec le Mercosur, explique Christelle Seyssiecq, secrétaire générale de Jeunes agriculteurs (JA) Loire. Plutôt que d’interpeler le préfet, avec qui les relations sont bonnes, nous avons choisi de viser symboliquement l’Etat. » Munis de bâches et de bombes de peinture, mais aussi de pneus pour encercler les radars installés sur des poteaux, les agriculteurs sont passés à l’action certains soirs. Des slogans du type " Non au Mercosur, la France veut encore de ses paysans " ont fleuri un peu partout dans le département.
Des permanences de députés murées
La deuxième action qui a pris forme mardi soir consistait à emmurer l’entrée de la permanence des députés ligériens ayant voté la motion de censure. Après une discrète reconnaissance des lieux et après avoir fait le stock de matériaux et d’outils, les adhérents à la FDSEA et à JA Loire s’étaient donné rendez-vous à 20h30 à Saint-Etienne en ce 10 décembre pour ensuite prendre la direction des locaux de Pierrick Courbon et d’Andrée Taurinya. Bravant le froid, mais déterminés, ils ont monté quelques rangs de parpaings. Avec le slogan « La censure nous envoie droit dans le mur », l’image est explicite. « Nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises les députés ces derniers mois. Nous n’avons aucune envie d’échanger avec eux ce soir », assurait Maxime Brun, secrétaire général de la FDSEA de la Loire.
En évoquant la motion de censure, le mot « dégoût » revenait facilement dans la bouche des responsables syndicaux et des adhérents. « On voit tout le travail effectué ces derniers mois réduit à néant. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas laisser passer cela sans réagir. Nous voulions expliquer aux députés que cette décision est contre-productive pour l’agriculture française », estimait Christelle Seyssiecq. « Nous étions tout près d’obtenir de belles avancées, des avancées pour lesquelles nous nous battions depuis longtemps, complétait Maxime Brun. Mais nous ne devons pas nous laisser abattre. Nous retournerons défendre la cause des agriculteurs. Il ne faut pas baisser les bras aussi près du but. »
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Vers de nouvelles actions ?
Maxime Brun assurait que le combat se poursuivrait. Il ne cachait pas que les prochaines actions pourraient être dirigées vers la grande distribution, pour « défendre “l’origine France“ », mais aussi et surtout « mettre la pression en amont des négociations commerciales ».
La venue dans la Loire du président de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), Yohann Barbe, était prévue de longue date pour échanger avec les éleveurs laitiers du département. Les responsables de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs en ont profité, en ce mardi 10 décembre à Saint-Denis-sur-Coise, pour rappeler, à ses côtés, les attentes du syndicalisme majoritaire vis-à-vis du futur gouvernement et des parlementaires. Ils avaient également convié les médias, en fin de réunion, pour leur expliquer leur ligne de conduite en cette période mouvementée.