Événement
Un 36e chapitre pour la Fête du livre de Saint-Etienne

Manifestation phare de la rentrée avec la Foire, la Fête du livre de Saint-Etienne aura lieu cette année du 14 au 16 octobre. 200 auteurs participeront à cette 36e édition.

Un 36e chapitre pour la Fête du livre de Saint-Etienne
La rencontre entre les auteurs et le public sous le chapiteau dressé place de l’Hôtel-de-Ville reste le symbole de la Fête du livre de Saint-Etienne.

Depuis la fin août, Saint-Etienne est plongée dans l’affaire dite du chantage à la vidéo intime. Elle réunit tous les ingrédients pour en faire un polar ou une série à rebondissements, confirmant le dicton selon lequel la réalité dépasse la fiction. Un genre littéraire qui, comme d’autres, sera l’une des vedettes le week-end prochain dans le centre-ville à l’occasion de la Fête du livre. Du 14 au 16 octobre, sa 36e édition accueillera 200 auteurs. 

La grande librairie installée place de l’Hôtel-de-Ville reste le symbole de ce rendez-vous populaire. C’est là que le public peut rencontrer ses écrivains favoris et repartir avec une dédicace personnalisée. Là également qu’auront lieu les Polaroid, qui permettront à des auteurs de présenter leur nouveau livre pendant 30 minutes. Des lectures, dialogues et grands entretiens se dérouleront, eux, dans des salles de l’hôtel de ville. Pêle-mêle, Daniel Picouly (parrain de cette 36e édition), Nelson Monfort, Jean-François Kahn, Jean-Philippe Leclaire, Lucas Belvaux, Lola Lafon, Muriel Barbery, Alain Mabanckou, Sonia Devillers, Francis Huster, Isabelle Carré ou encore Titiou Lecoq se prêteront à l’exercice.

L’espace jeunesse prendra quant à lui ses quartiers place Chavanelle avec le même fonctionnement : la présence des auteurs et des animations, dont le mur de coloriage, le médiabus, des lectures musicales ou encore des contes. Phénomène de société, le manga sera évidemment à l’affiche. Des temps forts sont aussi programmés, comme l’atelier pour dessiner des petites bêtes, des oiseaux exotiques créer la maison d’un monstre, l’initiation au hip-hop, à l’écriture d’un roman policier ou d’une bande dessinée et divers spectacles. Attention : les capacités d’accueil sont limités, pensez à réserver en ligne ou sur place.

9e festival Mots en scène

La place Jean-Jaurès retrouvera le désormais fameux festival Les Mots en scène, qui a pour marraine cette année l’illustratrice Peggy Nille. Niché dans le Magic mirrors, on y assistera à des adaptations sous forme de spectacles et performances des textes des auteurs invités. Compagnies de théâtre et de danse, designers, graffeurs, artistes peintres et Chœurs de l’Opéra y offriront la mise en espace exclusive de romans, essais, BD, livres jeunesse avec pour unique règle de ne pas modifier le texte.

La manufacture des savoirs s’installera place Dorian. Au sommaire : sciences, écologie, féminisme, histoire et politique. Enfin, de nombreux événements se tiendront dans différents lieux de Saint-Etienne : planétarium, CHU, cinéma Le Méliès, cinémathèque municipale, école nationale supérieure d’architecture, galerie Ceysson et Bénétière, musée d’art et d’industrie, etc. Le programme complet avec les jours de présence des auteurs est à retrouver sur le site internet fetedulivre.saint-etienne.fr.

Franck Talluto

« Y participer nous donne une légitimité »
Pascal Pacaly (© Stanley Pacaly) et Laura Fontaine.
Laura Fontaine et Pascal Pacaly

« Y participer nous donne une légitimité »

Outre les têtes d’affiche nationales, la Fête du livre met en avant les auteurs locaux. Rencontre avec deux d’entre eux, qui seront présents sous le chapiteau installé place de l’Hôtel-de-Ville.

Avez-vous déjà pris part à la Fête du livre de Saint-Etienne ?

Pascal Pacaly : « À plusieurs reprises, oui. La première fois, j’étais jeune et j’avais été surpris d’être convié avec le recueil de poésies que j’avais écrit à l’époque. C’était une expérience intéressante et formatrice sur l’interaction avec le public, la manière de parler de son livre et d’essayer de le vendre. On voit que des gens aiment beaucoup les livres, quand d’autres viennent surtout pour l’aspect social et discuter. »

Laura Fontaine : « J’y suis souvent allée en tant que visiteuse, mais ce sera une première en tant qu’autrice. Je suis contente et très fière. »

Que représente le fait d’y participer en tant qu’auteur/autrice ?

L.F. : « Ça va être très impressionnant, peut-être intimidant et stressant. C’est une belle reconnaissance car j’ai candidaté au comité de sélection sans certitude d’être acceptée. A la sortie de mon premier roman, en avril, j’ai fait le tour des librairies stéphanoises pour leur en déposer un exemplaire et la Librairie de Paris m’a proposé de tenter ma chance. Je ne pensais pas en avoir la possibilité puisque j’autoédite mes livres, je croyais que c’était réservé aux auteurs “connus”. »

P.P. : « Au même titre que le football (il présentera son livre La Vie en vert, NDLR) ou la mine, sujet de mon prochain ouvrage, elle fait partie du patrimoine stéphanois, auquel je suis très attaché. Y participer est donc un honneur, j’en suis heureux et fier. C’est en plus une possibilité de rencontrer les Stéphanois. Les réseaux sociaux sont très pratiques, par exemple pour annoncer la parution d’un livre ou notre présence à un événement comme celui-ci. Rien ne vaut cependant l’échange de visu, dans cette ambiance particulière, à la stéphanoise, c’est-à-dire en étant sérieux sans se prendre au sérieux. Cette manifestation nous permet aussi de nous retrouver entre éditeurs stéphanois grâce au stand de l’association situé place Jean-Jaurès. C’est important car il est difficile de promouvoir le livre dans cette société 2.0, on le voit dans le niveau d’orthographe des messages que l’on reçoit sur nos téléphones. »

Qu’attendez-vous des échanges avec le public ?

P.P. : « Un soutien et des achats (rires). Les compliments nous font plaisir, mais, sans ventes, on ne peut pas éditer d’autres auteurs, d’autres ouvrages. Y être présent permet aussi de nous faire connaître car nos livres sont disponibles en librairies, c’est intéressant en termes de notoriété. C’est une bouffée d’oxygène, on emmagasine les sourires et les compliments. »

L.F. : « Quelques personnes ont lu mon premier roman, Blottie contre les montagnes, puisque j’en ai vendu 400 exemplaires. S’il leur a plu, j’espère qu’elles passeront me le dire (rires). Comme la majorité ne me connaît pas, j’ai envie de rencontrer de nouveaux lecteurs et de présenter Le Chant des racines, qui paraîtra deux jours avant la Fête du livre. »

Ce type d’événement assied-il votre crédibilité d’auteur/autrice ?

L.F. : « Oui, cela me rassure sur ce que je fais. Même si je ne travaille pas seule dans mon coin puisque je m’entoure d’une graphiste et d’une correctrice, cela amène une certaine validation. Le fait qu’au moins une partie des organisateurs aient lu mon roman et me sélectionne me conforte. »

P.P. : « La fête du livre, pour un auteur, c’est un peu notre sigle “Vu à la télé”. Cette manifestation est reconnue, elle fait partie des fêtes du livre qui compte en France. Y participer nous donne une légitimité, c’est une preuve de sérieux. »

Comment vivez-vous cette exposition publique ?

P.P. : « Certains auteurs appréhendent les critiques, qui peuvent toucher au plus profond de nous-mêmes. On s’y habitue avec le temps, on ne peut pas plaire à tout le monde. C’est encore accentué avec les réseaux sociaux, où il est très facile, caché derrière son ordinateur, de critiquer violemment un livre qu’on n’a même pas lu… Il faut au contraire emmagasiner les ondes positives. »

L.F. : « C’est très contradictoire, j’adore et je n’aime pas à la fois. Cela peut faire peur car on met beaucoup de soi dans un livre. On s’expose, même si c’est de la fiction. De nature réservée, j’ai du mal à parler de moi. En même temps, il est très agréable d’expliquer ce que l’on fait et comment on s’y prend car l’écriture est ma passion. Je vais devoir sortir de ma zone de confort. »

Propos recueillis par F.T.