Prévisions
L’arboriculture en proie au changement climatique

Face au changement climatique, l’adaptation devient inévitable pour protéger les cultures arboricoles. En lien avec les experts agronomes de la Fédération nationale des producteurs de fruit (FNPF), Axa Climate a étudié une série d’indicateurs climatiques, afin de déterminer les effets des changements pour chaque culture.

L’arboriculture en proie au changement climatique
Copy : FNPF

D’ici 2030, les scientifiques prévoient une hausse moyenne de 1,5 degré, accompagnée d’extrêmes vagues de chaleur et de sécheresse. Le monde agricole, en première ligne face au changement climatique, n’a d’autre choix que de se prémunir de ses effets. Axa Climate participe à cette préparation des arboriculteurs, grâce à l’analyse des impacts de ces changements sur seize cultures fruitières : pommes, poires, pêches, nectarines, abricots, cerises, prunes, noix, noisettes, amandes, framboises, myrtilles, cassis, groseilles, kiwis et raisins de table.

L’étude a été menée sur 25 départements producteurs, soit 76 % des surfaces de production. Les départements concernés devraient se préparer à une augmentation de 1,2 degré d’ici 2030, tandis que les températures estivales dépasseront les extrêmes historiques (+ 1,7 degré en moyenne). Des conséquences déplorables pour les fruits, qui souffriront de stress thermique chronique, voire de grillures, et verront leur cycle de croissance perturbé. Les gelées printanières, elles, seront toujours de mise en 2030, avec des températures minimales en mars augmentant moins vite (+ 0,4 degré) que les températures moyennes. 86 % des départements étudiés feront encore face à des températures négatives en mars, 17 % en avril. Le rayonnement solaire impactera également la santé des cultures, puisqu’il augmentera de 4,2 % : ce changement pourrait induire des risques de coups de soleil, notamment pour les cultures tardives. La biomasse et la photosynthèse pourront subir les conséquences de cette augmentation.

Un bilan hydrique inquiétant

Les scientifiques de Axa Climate ont également dressé une prévision inquiétante sur la ressource en eau d’ici à 2030 : le bilan hydrique cumulé annuel diminuera en moyenne de 38 %, avec de fortes disparités géographiques (- 47 % dans le Tarn). Une analyse qui a néanmoins permis aux climatologues et agronomes de mesurer les risques de manque d’eau, afin de mettre en place de nouvelles techniques ou d’ajuster les pratiques culturales : techniques d’irrigation, choix de variétés de fruits plus résistantes ou nécessitant des apports moins importants en eau.

En 2030, ce seront 45 % des zones de productions étudiées qui seront considérées comme à risque extrême ou élevé, le double des surfaces concernées aujourd’hui (22 %) : en cause, les vagues de chaleur extrême et les risques de gel.


A lire aussi : les impacts du changement climatique sur la viticulture


Il n’en reste pas moins que les risques et conséquences restent très variables d’un fruit à l’autre et d’un département à l’autre. Ces derniers s’établissent, par exemple, à 25 % pour la pomme et à 60 % pour les abricots.

L’étude précise les enjeux clés des producteurs afin de faire face à tous ces bouleversements. « Le moindre changement climatique a un impact direct sur le rendement des cultures fruitières et donc sur le modèle économique de notre filière », rappelle Françoise Roch, présidente de la FNPF (Fédération nationale des producteurs de fruits). L’étude permet ainsi le soutien de la filière arboricole française et l’anticipation dans la résistance au changement climatique : « Il est vital de pouvoir quantifier précisément les effets du changement climatique, afin d’imaginer le modèle agricole de demain », assure Antoine Denoix, PDG d’Axa Climate.

Charlotte Bayon