Réglementation
Pac 2023 : pensez à l’éco-régime !

Les éco-régimes sont une grande nouveauté de la réforme de la Pac 2023. Avec un budget représentant 25 % des aides du premier pilier, le minimum imposé par la Commission européenne, ces nouvelles règles ne doivent pas être négligées. Il est temps de vérifier que votre exploitation agricole pourra bénéficier de l’éco-régime et quel sera son niveau de paiement.

Pac 2023 : pensez à l’éco-régime !
L’éco-régime est versé sur tous les hectares admissibles de l’exploitation pour rémunérer les services environnementaux rendus. ©Ministère de l’Agriculture

L’éco-régime est versé sur tous les hectares admissibles de l’exploitation pour rémunérer les services environnementaux rendus, dès lors que l’exploitation dispose d’au moins un Droit à paiement de base (DPB). Deux niveaux d’aide forfaitaire existent selon le niveau atteint : niveau standard (environ 60 €/ha) ou supérieur (environ 80 €/ha).

Afin de bénéficier de l’éco-régime, trois voies d’accès sont possibles : la voie des pratiques agricoles, la voie de la certification ou celle de la biodiversité. À vous de choisir, chaque année, sous TéléPac, pour l’ensemble de votre exploitation, une des trois voies possibles d’accès et de demander, éventuellement, le bonus « haie ». Attention, si aucune voie d’accès n’est possible, votre exploitation ne bénéficiera pas de l’éco-régime. L’actuel paiement vert n’existera plus en tant que tel : ses obligations viennent renforcer la conditionnalité, comme exposé dans les articles de la FRSEA des semaines précédentes.

La voie de la certification

La certification de votre exploitation constitue une des voies d’accès à l’éco-régime. Particularité de cette voie, trois niveaux de paiement sont prévus : niveau standard, niveau supérieur et niveau spécifique à l’agriculture biologique (110 €/ha). La certification Haute valeur environnementale (HVE) permet soit d’atteindre le niveau de base (certification CE2+), soit le niveau supérieur (HVE niveau 3). Pour avoir accès à l'éco-régime via le cahier des charges HVE, il est nécessaire que l'intégralité des surfaces de l'exploitation soit certifiée, selon le cahier des charges rénové en cette fin d’année 2022. Exception pour 2023, les exploitants déjà certifiés par la voie au 1er octobre 2022 pourront accéder à l’éco-régime par cette voie, en raison des pratiques des organismes certificateurs qui se basent sur la campagne n-1.

Concernant les exploitations en agriculture biologique, les surfaces peuvent être certifiées bio dans leur ensemble ou sur une partie et en conversion sur une autre. Les exploitants dont la totalité des surfaces sont engagées dans un dispositif d’aide à l’agriculture biologique (conversion à l’AB du 2e pilier Pac) ne sont pas éligibles à l'éco-régime par la voie « certification bio ». Ils peuvent toutefois être éligibles à l'éco-régime par une autre voie. Le plafond régional pour l’aide à la conversion AB (mesure CAB) n’est pas encore connu. Il est possible que l’ensemble des surfaces d’une exploitation ne puissent pas être éligible à la CAB en raison de ce plafond. Ainsi, si une partie de la surface n’est pas payée par la CAB, il sera possible d’accéder à l’éco-régime par cette voie.

La voie des pratiques agricoles

Pour bénéficier de l’éco-régime par cette voie, vous devez considérer vos pratiques sur trois types de surfaces, dès qu’elles représentent plus de 5 % de la SAU de votre exploitation : terre arable, prairie permanente et culture permanente.

Pour les Terres arables (TA), le niveau standard est atteint en cumulant quatre points, et le niveau supérieur en cumulant cinq points, grâce à la diversité de l’assolement. Calcul à faire selon le tableau 1.

Pour les Prairies permanentes (PP), l’obligation s’apprécie sur la base d’un taux de non-labour de celles-ci à l’échelle de l’exploitation. « Non-labour » signifie l’absence de retournement pour ressemer la prairie. Cette exigence est vérifiée annuellement, en calculant la proportion de prairies permanentes labourées sur la campagne culturale (du 1er septembre n-1 au 31 août n) sur les prairies permanentes de l'exploitation déclarées au titre de la Pac pour l'année n.

Pour accéder à l’éco-régime, le taux de non-labour à respecter est entre 80 et 90 % (niveau standard) ou plus de 90 % (niveau supérieur) de prairies permanentes non labourées.

Attention, les prairies dites « sensibles » de l’exploitation ne peuvent toujours pas être labourées au titre de la conditionnalité (BCAE 9), sauf cas particuliers. En plus de faire baisser le taux de non-labour pour l’éco-régime, le retournement des prairies sensibles sera une non-conformité de la conditionnalité avec pénalités.

Pour les Cultures permanentes (CP), un couvert végétal entre 75 % et 95 % des inter-rangs devra être présent pour bénéficier de l'éco-régime au niveau standard ou de plus de 95 % pour le niveau supérieur. La couverture végétale autorisée est toute couverture permanente, semée ou spontanée, pouvant être constituée de tout type d’espèces herbacées. Le mulch est également autorisé.

Il est prévu que l’exploitant déclare ses pratiques de couverture (enherbement ou autres couvertures autorisées) pour chaque parcelle (couverture totale, 3 rangs sur 4, 1 rang sur 2, etc…). Sur cette base, pour chaque parcelle, la surface considérée comme respectant l'obligation de couverture de l'inter-rang sera calculée : 100 % de la surface si couverture totale ; 75 % de la surface si couverture 3 rangs sur 4, etc.

Le niveau le plus faible atteint dans l’une des catégories (terre arable, prairie permanente ou culture permanente) indique le niveau global que vous atteignez par la voie « pratiques agricoles » pour l’éco-régime et donc le niveau de paiement. Pour bénéficier du niveau supérieur, il faut donc atteindre le niveau supérieur dans chacune des catégories de surface qui concernent votre exploitation. Attention, si l’un des trois types de surface n’atteint pas au moins le niveau de base, vous n’aurez pas accès à l’éco-régime !

La voie biodiversité

Cette voie rémunère la présence d’Infrastructures agroécologiques (IAE) telles que des haies et mares présentes sur l’ensemble de l’exploitation, ainsi que des terres en jachères sur la SAU et les terres arables. Un barème permet de convertir les IAE et terres en jachères en équivalent surfacique.

Le niveau de base de l’éco-régime est atteint avec un taux de surface en IAE d’au moins 7 % de la SAU (dont 4 % d’IAE sur terre arable) et le niveau supérieur avec un taux de surface en IAE d’au moins 10 % de la SAU (dont 4 % sur terre arable).

Attention ! Les cultures dérobées ne sont pas prises en compte. Seules les infrastructures agro-écologiques (haies, arbres isolés, etc…) et les terres en jachères sont concernées. Les cultures dérobées sont éligibles au titre de la BCAE 8 - conditionnalité (article publié dans le journal de la semaine dernière). Le tableau 2 donne l’équivalence entre les IAE et les jachères.

Le tableau 3 résume les différentes voies et niveaux de l’éco-régime.

Jocelyne Ferriol, FDSEA de la Loire