Travaillant sur l’exploitation d’Alexandre Bellon via Agri emploi 42, Lucas Lombardin appartient à la génération Z. Il évoque sa relation au travail et avec son employeur.
Directrice de la FDSEA de la Loire, Anne Rogues intervenait, au terme de l’assemblée générale d'Agri emploi 42, sur une thématique bien actuelle : la génération Z, notamment par le prisme de sa relation au travail et au management. Pour rappel, elle désigne les jeunes nés entre 1995 et 2009 (après la Y, née entre 1980 et 1994). Âgés de 15 à 29 ans, ils sont majoritairement des collégiens, lycéens, étudiants ou encore jeunes actifs et constituent 12 % de la population française. Selon la directrice, la génération Z se caractérise par une forte présence sur le digital, une importance pour les liens de confiance, un état d’esprit plus idéaliste que réaliste, une volonté de travailler pour vivre et non de vivre pour travailler, la prédominance de la méritocratie et un besoin d’autonomie. Dans leur relation, les jeunes issus de cette génération ont un véritable besoin de transparence et le besoin d’échanger régulièrement. Ils souhaitent des conditions de travail agréables et une rémunération reconnaissante de leurs compétences. Sans oublier cette envie de prise de risque et de nouveautés. « Ils peuvent quitter rapidement une situation professionnelle qui leur semble peu intéressante ou trop demandeuse d’efforts sans plaisir en contrepartie », précisait-elle.
À 18 ans, Lucas Lombardin est un jeune de la génération Z (lire l’encadré). Celui qui a suivi une formation en bac pro depuis la 3e au lycée de Ressins, à Nandax, a profité de l’opportunité de l’établissement de faire des stages. Celui-ci a commencé chez Alexandre Bellon, il y a trois ans de cela : « On avait bien accroché, mais je voulais quand même aller voir autre chose et me diversifier dans mes connaissances. J’ai donc travaillé dans d’autres fermes, dans lesquelles ça ne se passait pas forcément bien, le feeling avec les paysans ne passait pas tout le temps », se rappelle-t-il. Par la suite, lors de son apprentissage, il espère pouvoir être pris sur l’exploitation d’Alexandre Bellon, ce qui se fait tout naturellement. « On s’entendait bien. Il recherchait un poste de salarié et j’étais parti faire une expérience de trois mois en Bretagne. À mon retour, je suis allé chez lui, via Agri emploi 42. »
Lire aussi : Groupement d'employeurs : Agri emploi 42 poursuit sa marche en avant
Aujourd’hui, le jeune homme travaille sur son exploitation à mi-temps, se partageant avec celle de Stéphane et Lydie Thollot (Gaec SLCAC), à Saint-Galmier. « Les deux ont des systèmes et des manières de fonctionner différents, ne serait-ce que la race (Montbéliarde et Prim’holstein). L’avantage pour moi, c’est que lorsque je vais dans une ferme, je suis attendu pour travailler, donc je ne m’ennuie jamais. » Le jeune homme est enthousiaste quand il s’agit de parler de son employeur forézien : « On est assez complémentaires. Il est très pédagogue et parvient à me laisser faire pas mal de choses en autonomie, toujours en ayant un regard au loin et en n’hésitant pas à me guider. On a toujours ce lien de patron/employé mais, au fil du temps, ce sont des relations plus fortes qui se créent. »
Passionné par son métier, Lucas coche bon nombre de codes propres à la Génération Z. Il est présent sur le digital, aussi bien professionnellement que personnellement. « Je suis quand même beaucoup sur les écrans. Dans le métier, cela nous aide. Ce n’est pas indispensable, mais ça fait partie de l’évolution, je les utilise et je le reconnais. Et puis, le soir, quand je rentre, je vais sur les réseaux sociaux ou d’autres choses comme ça. »
Parmi les différentes caractéristiques de sa génération, son rapport à la confiance est également essentiel : « C’est super important pour moi de marcher à la confiance avec mon employeur. C’est comme cela que l’on avance plus vite et mieux. »
Un métier-passion
Pourtant, il dénote sur quelques autres critères, notamment sur la « chance » d’être passionné par son métier : « Le travail est loin d’être une contrainte, je suis heureux de m’y rendre. Mais aujourd’hui, quand je vois mes collègues ou amis, je me sens un peu en décalage, parce qu’ils vont préférer faire la “bringue” qu’aller au boulot. » Même son de cloche pour sa passion : « Je sens que celle des jeunes de mon âge et de mon entourage est en train de se perdre en ce qui concerne l’élevage : ils seront plus intrigués par un tracteur qui passe ou des belles machines que par faire la traite des vaches. »
Désireux de conserver sa polyvalence, celui qui se sait jeune veut en profiter au maximum pour voir et faire plein de choses, mais aussi bouger. Avec son projet d’installation, Lucas garde les pieds sur terre, conscient que le parcours est semé d’embuches. S’il veut dans l’idéal travailler pour vivre et pouvoir ensuite profiter des à-côtés, il souhaite pour l’heure vivre pour travailler, prétextant son jeune âge et sa motivation pour le faire. Adepte de la méritocratie, il est aussi un amoureux du travail : « Je peux faire dix ou deux heures de travail, je m’en fiche, il ne faut pas regarder la montre, surtout pas dans le monde agricole. Quand mes patrons me disent que je ne peux pas travailler plus parce que c’est la loi, c’est frustrant, mais c’est comme ça. »