Sondage
Européennes : les intentions de vote des agriculteurs
Sciences-Po Paris, l’Institut national polytechnique AgroToulouse et le groupe Réussir ont rendu publics le 28 mai les résultats d’un sondage sur les intentions de vote des agriculteurs aux prochaines élections européennes. Si les agriculteurs se sentent en majorité concernés par ce scrutin, ils restent politiquement divisés même si leur bulletin de vote s’oriente plus à droite qu’à gauche.
Le dernier sondage rendu public à l’occasion du grand débat organisé sur les prochaines élections européennes par Sciences-Po Paris, l’INP AgroToulouse et Réussir le 28 mai à Paris, est riche d’enseignements. Il pointe en premier lieu un réel intérêt des agriculteurs pour ces élections. En effet, 75,9 % d’entre eux se déclarent intéressés voire très intéressés. Seuls 6,2 % d’entre eux n’y « trouvent aucun intérêt ».
Coude-à-coude
Sur les intentions de vote, les agriculteurs semblent refléter à quelque chose près les intentions de la plupart des Français en marquant une nette préférence pour la liste de Jordan Bardella (Rasemblement national). En effet plus d’un cinquième des exploitants interrogés (20,9 %) déclare vouloir voter pour ce dernier et ses colistiers, devant la liste de la majorité présidentielle conduite par Valérie Hayer (11,4 %) au coude à coude avec celle de François-Xavier Bellamy (Les Républicains – 11,3 %).
Les intentions de vote sont tout aussi proches chez les agriculteurs pour la liste des Écologistes de Marie Toussaint (7,2 %) celle d’Alliance rurale (6,2 %) conduite par Jean Lassalle et la liste Reconquête (5,9 %) de Marion Maréchal. Ils sont tout autant (7,1 %) à déclarer ne pas savoir pour qui voter ou à déclarer voter blanc ou nul (5,9 %).
Enfin une poignée d’entre eux s’apprête à déposer un bulletin dans l’urne pour la liste PS-Place publique de Raphaël Gluscksmann (5,2 %) ou celle de La France insoumise (LFI) pilotée par Manon Aubry (3,9 %). Ce qui déterminera le vote des agriculteurs, toutes listes confondues, tiendra autant aux questions de politiques générales (46,7 %) que des questions agricoles (53,3 %) elles-mêmes.
Poussée de fièvre ?
Les sondeurs se sont également intéressés aux intentions de vote en fonction de l’âge et du mode de production : conventionnel ou certifié bio. Sur le premier item, il est étonnant de remarquer que ce sont les plus jeunes (40 ans et moins) accordent leur préférence à la liste Jordan Bardella (37 %). « Si l’on ajoute les intentions de vote pour les listes Reconquête, Debout la France et les Patriotes, ce chiffre grimpe à 46 % », indique le sociologue François Purseigle.
Cette sensibilité des jeunes agriculteurs pour l’extrême-droite est-elle le reflet d’un mouvement d’humeur, d’une poussée de fièvre ? Ou bien le signe d’un malaise beaucoup plus profond. Pour les sociologues, il est encore trop tôt pour dégager une tendance… Quoi qu’il en soit, les partis de gouvernement que sont notamment LR et Renaissance résistent assez bien et peuvent cependant compter des électeurs stables. Pas moins de 12 % des 40 ans et moins votent pour Renaissance, un chiffre qui grimpe à 14 % sur la même tranche d’âge pour LR.
Ces chiffres sont stables pour les 41-55 ans et varient un peu pour les 56 ans et plus : 18 % pour Renaissance et toujours 14 % pour LR. « C’est parmi les plus âgés que l’on rencontre le plus d’agriculteurs souhaitant apporter leur vote aux listes de gauche (hormis LFI) et notamment la liste Les Ecologistes », a ajouté François Purseigle.
L’avenir
Enfin, sur l’avenir, les agriculteurs sondés affirment clairement parmi leurs priorités que la politique agricole commune et le Plan stratégique national doit soutenir la production, les revenus et les investissements (54 %) et prendre des mesures en faveur des petites exploitations (45,7 %). Assez curieusement, les mesures en faveurs de l’installation (27,6 %) et celles visant une meilleure définition des actifs agricoles (30 %) leur semble moins prioritaires.
Les 1 258 agriculteurs interrogés estiment majoritairement que les trois stratégies les plus efficaces pour soutenir l’agriculture européenne est de protéger le marché européen (65,2 %), de limiter les normes environnementales (44,4 %) et de leur garantir des prix planchers (38,6 %).
Christophe Soulard
Les Chambres d’agricultures émettent leurs propositions
Dans un communiqué paru le 21 mai, les chambres d’agriculture présentent leurs 47 propositions en vue des élections européennes, qui ne recèlent pas de nouveautés marquantes à l’exception d’une position en faveur des aides contracycliques. Chambres d’agriculture France propose d’« augmenter les aides de la Pac lorsque les prix baissent, afin de maintenir le revenu des agriculteurs et de leur donner plus de visibilité et de stabilité face à la volatilité des prix ». Le mécanisme évoque le filet de sécurité couvrant les baisses de prix mis en place par les États-Unis depuis 2014, en association avec l’assurance récolte, et en remplacement des aides directes.