Témoignages d’éleveurs
Des expériences diverses avec la FCO, mais la vaccination comme rempart

Le témoignage des éleveurs qui ont connu un épisode de FCO dans leur troupeau et qui ont vacciné converge : le bénéfice du vaccin est bien supérieur aux pertes et complications engendrées par le virus. Pour eux, la question ne se pose plus…

Des expériences diverses avec la FCO, mais la vaccination comme rempart
Les éleveurs qui ont été confrontés à la FCO cette année ou l’an passé sont convaincus de l’efficacité du vaccin pour protéger les bovins et ovins face à cette maladie. ©AdobeStock

Éleveur de charolaises à Saint-Forgeux-Lespinasse, Alexandre Coudour a subi de plein fouet l’épidémie de FCO (Fièvre catarrhale ovine) sur son troupeau. Fin août, deux de ses génisses avortent. Un incident regrettable, mais qui peut arriver, surtout après les fortes chaleurs du moment. Dans la foulée, il commence à rapatrier prématurément les vaches pour les préparer à la mise-bas.

Quand débutent les vêlages, les trois premiers veaux « semblent mous, sans vitalité ». L’un décède le 8 septembre, les deux autres le lendemain. Le bilan s’alourdira pour atteindre les six veaux de perdus cette semaine-là.

Le 9 septembre, des prises de sang FCO sur les broutards d’Alexandre Coudour sont effectuées pour l’export. Il en profite pour parler de la situation avec le vétérinaire, présent ce jour-là. Les deux veaux fatigués sont perfusés, puis un prélèvement est effectué sur celui mort la veille. Il en sera fait de même après les deux nouveaux décès.

Le vaccin pour limiter les symptômes

Quatre jours plus tard, le verdict tombe en deux étapes : positifs à la FCO le vendredi, de type 8 le lundi. L’interlocutrice de l’éleveur au GDS l’a aidé dans sa réflexion. « J’ai dû peser le pour et le contre, sachant que j’avais une cinquantaine de vaches prêtes à vêler. On m’a fortement recommandé la vaccination, vu ce qu’il se passait dans les autres départements, même s’il y avait quelques risques d’avortement. » Un risque minime par rapport à un éventuel pourcentage important de pertes qui menaçait le troupeau.

Alexandre Coudour décide de commander une centaine de doses de vaccins pour les FCO-4 et 8. Lors d’une réunion, il rencontre le directeur du GDS, qui lui confirme que le vaccin allait permettre de limiter les symptômes : « Le lendemain, j’ai vacciné mes vaches. » Et d’évoquer la suite des évènements : « Pendant une bonne semaine, la situation a été très compliquée, entre les vêlages et les soins des veaux. »

Depuis le 22 septembre, l’éleveur a repris « un cycle de vêlages d’une année normale ». Aujourd’hui, il ne regrette pas du tout sa décision : « J’ai moins de veaux malades, plus aucune perte liée à la FCO et le travail est plus facilement gérable. On ne s’y attendait pas du tout et en moins de huit jours, il a vite fallu réagir. Mes vaches sont en état, on ne dirait pas qu’elles ont été piquées par le moucheron, mais tout s’est reporté sur les veaux. »

Avant cet épisode, l’éleveur regardait la FCO avec un certain recul. Depuis, son approche a changé. « J’ai décidé de vacciner mes vaches contre la FCO-3 dès que les vêlages seront terminés. »

Le vaccin après un épisode en 2023

Antoine Cherrier, éleveur ovin à Saint-Martin d’Estréaux, a été concerné par la FCO dès 2023. Il est à la tête de deux troupeaux conduits en agriculture biologique : 150 brebis de race Charollaise cédées par sa mère lors de son installation en 2021 et 250 brebis de race Lacaune, dont le lait est vendu à La laiterie de la Côte roannaise - Mons fromages. Les deux cheptels sont suivis par le contrôle de performances (laitier et ovin allaitant) et tous les béliers utilisés sont inscrits au livre généalogique de la race. Autant dire que le patrimoine génétique de ses brebis et béliers est précieux pour l’éleveur, qui veille à ne pas introduire d’animaux dans son cheptel (renouvellement interne), sauf les béliers, pour éviter tout problème sanitaire.

 

La mère du jeune agriculteur, Jocelyne, lui a récemment expliqué qu’elle avait vacciné ses moutons contre la FCO-8 lorsque cela était obligatoire (fin des années 2000). En 2023, Antoine Cherrier avait eu vent de plusieurs cas de FCO dans les départements limitrophes de sa ferme (Allier et Puy-de-Dôme). « Fin novembre - début décembre, j’ai eu une première brebis malade. Ne connaissant pas la cause, je lui ai administré un antibiotique et un anti-inflammatoire. Peu de temps après, c’est un bélier, de haute valeur génétique, qui a été touché. Je n’ai pas voulu prendre de risque, je l’ai montré au vétérinaire. L’analyse a mis en évidence qu’il s’agissait de la FCO-8. J’ai ensuite surveillé de près mes animaux. »

Dans l’hiver, la coopérative Sicarev, avec laquelle il a l’habitude de travailler, a proposé aux éleveurs de pré-commander des doses de vaccins contre la FCO-8. « Je n’ai pas hésité. Je voulais éviter tout problème sanitaire et économique comme j’étais encore en phase d’installation. » Les flacons sont arrivés début avril ; il a pu vacciner lui-même l’ensemble du troupeau (brebis et béliers). « Avec le recul et en voyant ce que vivent mes collègues en ce moment, je me rends compte qu’avoir eu des cas de FCO dans mon élevage m’a fait faire le bon choix. »

L’agriculteur poursuit son récit : « En août, lorsque j’étais en vacances, je suivais l’évolution de la FCO-3. A l’annonce du cas en Saône-et-Loire, le vétérinaire a contacté les éleveurs ovins de sa clientèle pour leur demander s’ils voulaient vacciner contre ce sérotype. Une fois encore, je n’ai pas hésité. » Ce fut chose faite le 1er septembre.

Antoine Cherrier ne peut qu’encourager la vaccination : « Je n’ai pas eu d’animaux malades. Le taux de brebis gestantes est le même qu’habituellement. Bien évidemment, le coût n’est pas négligeable quand le vaccin n’est pas pris en charge par l’Etat, mais le bénéfice est intéressant sur le troupeau. » L’éleveur confie qu’il a déjà commandé les doses de vaccin contre la FCO-8 pour le printemps prochain.

Lucie Grolleau Frécon et Axel Poulain

 

Les caprins également touchés par la FCO

Conseiller ovin-caprin à la Chambre d’agriculture de la Loire, Philippe Allaix assure que « toutes les exploitations ovines du département sont touchées par la FCO, mais de façon plus ou moins importante : cela va de quelques brebis mortes à presque 20 %. Je note aussi, dans le cadre du contrôle de performances, une baisse de la croissance des agneaux dans les troupeaux atteints. Il manque 2 à 3 kg à 30 jours. Ces animaux vont consommer plus de granulés et risquent d’être vendus plus tard que d’habitude. » Enfin « je constate également que tous les éleveurs qui ont vacciné leurs animaux n’ont aucun problème. C’est bien la preuve que le vaccin est efficace ».

Les élevages caprins commencent à être touchés par la FCO, essentiellement ceux qui pâturent. « Les symptômes se rapprochent de ceux des bovins, avec de la fièvre et des croûtes sur la bouche et la mamelle. Malheureusement, aucun vaccin n’est homologué pour les protéger de cette maladie. Les préconisations sont les mêmes que pour les ovins. »

Le technicien conseille de veiller à bien déparasiter les chèvres (strongles, douves), à les alimenter convenablement (protéine, énergie, vitamines, oligo-éléments, minéraux), ce d’autant plus que les fourrages récoltés cette année sont de qualité moyenne, et à limiter le stress. De plus, « l’idéal est de pouvoir garder les animaux dans les bâtiments, car les moucherons, vecteurs de la maladie, y sont moins actifs. Il faut créer un courant d’air, qui les dissuadera d’y entrer. Si ce n’est pas possible, il faut éviter que les animaux soient dans les pâtures 1h30 après la levée du jour et 1h30 avant le coucher du soleil, périodes où le moucheron a le plus d’activité. L’eau stagnante et les tas de fumier à proximité des animaux est à bannir. » Finalement, « les fondamentaux de la conduite de l’élevage doivent être appliqués le mieux possible » pour avoir des chèvres en forme, qui pourront mieux lutter contre la maladie.

« Les éleveurs caprins sont surtout inquiets quant à la reproduction, rapporte Philippe Allaix. Je leur conseille de réaliser des constats de gestation 35 jours après la fin de la lutte. Si nécessaire et si c’est possible, une lutte de rattrapage doit être faite. »

Pour toute question, « il ne faut pas hésiter à contacter la Chambre d’agriculture, le GDS ou le vétérinaire », termine le conseiller.

LGF