Événement
« Quand on fonctionne en circuit court, on est plus fort »
Ce lundi 18 mars se déroulait la cinquième édition des Rendez-vous professionnels de l’alimentation de proximité, organisés par la Chambre d’agriculture de la Loire, la Chambre de commerce et d’industrie Saint-Étienne Roanne et la Chambre des métiers et de l’artisanat. 112 participants étaient présents pour tenter de trouver de nouveaux partenaires locaux.
« Bonjour, j’avais rendez-vous pour 15 h 15 », lance un arrivant en poussant la porte de la salle Arena, à Andrézieux-Bouthéon. Cet homme, acheteur pour de la restauration collective, vient participer aux Rendez-vous professionnels de l’alimentation de proximité organisé par les Chambres consulaires de la Loire. Son but ? « Trouver de nouveaux fournisseurs, locaux et bio si possible », détaille-t-il avant de filer à son entretien. Tous durent environ quinze minutes et sont basés sur le principe du speed dating : un laps de temps très court pour convaincre.
Attablé, Joël Maisonnial, co-fondateur de Santalim, attend son premier rendez-vous de l’après-midi. « C’est important d’être présent, cela nous permet d’échanger, de nous faire connaître et de développer notre porte-feuille de clients », développe celui qui participe à l’événement pour la première fois. Des plats de céréales et de légumineuses prêts à être consommés sortent de l’usine basée à Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône). « Il faut que nous consommions plus de ces produits. Or, ce qui pose problème, c’est le temps dont nous avons besoin pour les préparer puisqu’il faut très souvent faire tremper les légumineuses avant de les manger », détaille-t-il. Un discours qui attire l’oreille d’une acheteuse, qui profite du retard de l’autre interlocuteur pour prendre quelques renseignements.
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La foule se fait un peu plus dense après la conférence du début d’après-midi, les acheteurs se succèdent autour des tables, les 33 producteurs et 22 artisans présents arborent un sourire. L’ambiance est électrique, le business, palpable. Murielle Soulier est productrice de kombucha, une boisson fermentée à base de thé et naturellement pétillante. Elle précise n’avoir que deux minutes avant son prochain entretien qu’elle guette dans la salle. « C’est important de se mettre en contact avec tous les acteurs du secteur. Je propose une production et, en face, il y a des gens qui cherchent des fournisseurs plus locaux, indique-t-elle. Je suis aussi présente pour créer du lien, rencontrer des producteurs qui sont à côté de chez nous. » Murielle Soulier ne découvre pas l’événement, elle y avait participé lorsqu’il était organisé sur le territoire du Roannais. Mais pour elle, pas question de faire l’impasse. « Ça permet de faire tourner l’économie locale. »
« Construire un modèle durable et résilient »
Les Rendez-vous professionnels de l’alimentation de proximité mis en place cette année notamment par les collectivités de Saint-Étienne Métropole (SEM) et Loire Forez Agglomération (LFA) avaient convié deux nouveaux partenaires : AgriBio Rhône et Loire et le Clusterbio Auvergne-Rhône-Alpes.
Adrien Petit, directeur de cette dernière structure, a témoigné sa confiance dans une agriculture locale et biolocale malgré les difficultés. « C’est à nous de construire un modèle durable et résilient. Quand on fonctionne en circuit court, on est plus fort. Il faut tendre vers ce type de modèle. » D’après une étude de la Chambre de commerce et d’industrie, 83 % des consommateurs achètent bio. « Le circuit court, c’est gagnant-gagnant. »
Une conférence autour de l’alimentation bio et biolocale hors domicile a d’ailleurs permis aux intervenants d’Agribio et de Clusterbio de reparler de loi Egalim et de la défendre : dans la restauration collective, il faut 50 % de produits durables et de qualité, dont 20 % de produits bio. Une intervention appréciée par les producteurs présents dans la salle.
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Dans la Loire, sur 4 056 exploitations, 580 fermes sont bio (soit 14 % des fermes). LFA et SEM sont les premiers territoires en surface biologique : le premier totalise 6 769 hectares bio avec 146 fermes conventionnés ; le second 5 333 hectares pour 112 structures.
« En magasin biologique, on constate un ralentissement de la baisse, indique Adrien Petit. Les clients sont fidèles et soutiennent la filière. Les attentes sont fortes, particulièrement pour les fruits et légumes qui boostent le rayon. Il faut montrer que la filière va repartir. »
Dans le contexte économique actuel, les magasins bio connaissent une inflation de 4,7 %. « Alors qu’elle est plutôt de 16 % pour le reste du secteur », commente le directeur de Clusterbio. Si l’inflation est au cœur des préoccupations, l’expert rappelle qu’elle est surtout portée par les produits vendus par le biais de filières longues et moins les circuits courts : les producteurs locaux ont moins augmenté leurs prix que les plateformes ou les grossistes. « C’est tout l’intérêt de cette filière : elle est résiliente parce que locale et stable. Sur le territoire, elle est suffisamment bien organisée pour répondre aux demandes de la restauration collective et commerciale. »