FDSEA-JA
Histoire du syndicalisme : ça s'est passé en octobre
En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. Quels événements ont marqué ces 140 ans, et plus spécifiquement ces 80 ans ? Focus, une fois par mois, sur les grandes étapes de l’histoire syndicale départementale. Aujourd'hui, les dates importantes d’octobre.
Dans les années 1990 et 2000, l’élevage allaitant souffre particulièrement de crises, conduisant à des mobilisations ayant marqué les esprits. Beaucoup de revendications concernent des aides valorisant l’élevage à base d’herbe, fortement développé dans le département de la Loire. Par exemple, en octobre 1992, sur fond de réforme de la Politique agricole commune (Pac), d’importations de viande et de baisse des cours, les agriculteurs de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs (à l’époque CDJA, Centre départemental des jeunes agriculteurs) se mobilisent.
Une inauguration mouvementée en 1992
Le 14 octobre 1992, lors de l’inauguration de la quatre-voies de Roanne par Pierre Bérégovoy, alors Premier ministre, la FDSEA et le CDJA appellent à la mobilisation pour montrer leur mécontentement. Les agriculteurs bloquent la route et demandent une entrevue avec Pierre Bérégovoy. Ils lâchent même des vaches sur l’asphalte. L’inauguration a malgré tout eu lieu, mais pas comme prévu. Les agriculteurs n’ont pas la possibilité de rencontrer le Premier ministre. D’autres mobilisations ont lieu dans la Loire et en France : manifestations avec blocage des routes, opérations escargot, barrages filtrants, distributions de tracts...
Le journal Paysans de la Loire du 24 octobre relate également une mobilisation devant la DDAF (Direction départementale de l’agriculture et de la forêt), au cours de laquelle Claude Chaut, président de la FDSEA, et Raymond Vial, président de JA, font part des revendications aux représentants de l’Etat : revalorisation de la prime à l’herbe et de l’ICHN (Indemnité compensatoire de handicap naturel), évolution de l’application de la réforme de la Pac, rejet des conditions des USA dans le cadre des négociations du Gatt (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, datant de 1947 et remplacé en 1995 par l’Organisation mondiale du commerce (OMC)).
ESB et fièvre aphteuse
Quelques années après, la nouvelle loi d’orientation agricole du 9 juillet 1999 est adoptée. Elle vise à orienter l’agriculture française vers un développement durable et à redéfinir sa place dans la société. Un nouvel outil voit le jour pour les agriculteurs : les CTE, Contrat territorial d’exploitation. Sorte de contrat moral entre l’agriculteur et la société pour une durée de cinq ans, il doit permettre d’encourager le développement de productions de qualité et de concilier agriculture et environnement. Dans la Loire, les premières réunions d’information commencent à l’automne 2000.
C’est dans cette période que la seconde crise de l’ESB (Encéphalopathie spongiforme bovine) éclate, avec un cas détecté en France en octobre 2000 et une campagne médiatique offensive à l’encontre de la filière viande. Les responsables de la FDSEA et des JA estiment que les efforts faits par les éleveurs ces dernières années sont anéantis par des éclats médiatiques, qui provoquent la perte de confiance des consommateurs, la baisse des volumes achetés de viande et l’effondrement des cours. Dans la Loire comme à l’échelon national, les représentants des éleveurs multiplient des rencontres avec les services de l’Etat afin de faire des propositions pour enrayer la crise et sauver la filière.
L'histoire du syndicalisme au fil des mois précédents et des années : janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août et septembre.
En novembre 2000, les adhérents de la FDSEA et JA se mobilisent pour aller à la rencontre des consommateurs lors de la Fête du charolais de Roanne afin de leur proposer une dégustation de viande. Ils organisent aussi des manifestations jusqu’à fin décembre. L’aval est partie prenante, des négociants en bestiaux jusqu’aux bouchers.
Les actions syndicales reprennent en mars 2001, à l’initiative des agriculteurs FDSEA et JA du canton de Perreux. Tous les acteurs des filières agricoles y participent. Ils déplorent les difficultés croissantes des éleveurs allaitants, accentuées par l’épizootie de fièvre aphteuse et ses restrictions de mouvement des animaux. Le siège de la sous-préfecture de Roanne dure trois jours et deux nuits. Les manifestants souhaitent s’entretenir en direct avec Jean Glavany, ministre de l’Agriculture. Le directeur de la DDAF de l’époque, Michel Magimel, suite à la demande de Raymond Vial, alors récemment élu à la présidence de la FDSEA, décroche une entrevue avec le cabinet du ministère. « Nous avons obtenu la certitude que les aides “Glavanny“ seront réellement versées aux éleveurs spécialisés en viande bovine (800 francs par broutard, 1 200 francs par jeune bovin et 300 francs par vache de réforme). »
La naissance des CTE herbagers
Mas le désarroi est toujours palpable. Les manifestations se multiplient, comme par exemple celle de Saint-Etienne samedi 21 avril 2001, qui se place dans le cadre d’une action nationale décidée au congrès national de la FNSEA quelques jours plus tôt aux Sables d’Olonne. Congrès au cours duquel Raymond Vial, président de la FDSEA de la Loire, a demandé à la FNSEA de se battre pour « sauver les productions d’herbe ». Le 26 avril, les représentants de la FNSEA et de JA sont reçus à Matignon. Le Premier ministre s’est engagé à verser le plus tôt possible les aides promises le 28 février afin de compenser les pertes connues par les éleveurs en raison de l’ESB depuis octobre 2000. Fin avril, le ministre de l’Agriculture annonce également des mesures de simplification des CTE, prenant l’appellation de « CTE herbagers », permettant d’accompagner les éleveurs vers la sortie de crise. Ils s‘appuient sur deux piliers : soutien à la production à base d’herbe et appui aux démarches de qualité et de communication auprès des consommateurs. Fin avril, les restrictions relatives à la fièvre aphteuses sont levées.
La FDSEA, tout comme les autres OPA du département, s’emploie à aider au mieux les éleveurs dans cette conjoncture difficile, notamment en incitant à signer un CTE herbager. Finalement, en octobre 2001, les premiers agriculteurs ayant contractualisé voient l’argent arriver sur leur compte bancaire, ce qui leur permettra de sortir progressivement la tête de l’eau. La Loire deviendra le premier département en termes de signatures de CTE.
A l’automne 2001, tous les problèmes ne sont pas réglés au sein de la filière viande bovine. Les mobilisations se poursuivent. Mercredi 31 octobre 2001 à Feurs, à la suite d’un accord national entre les acteurs de la filière viande daté du 24 octobre 2001, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs lancent officiellement son application dans la Loire. L’accord prévoit le déblocage des abattoirs, une suspension provisoire des importations, un engagement d’application d’une grille de prix pour l’achat des animaux entrée abattoir.
1982 : nouvelle adhésion de la FDSEA à la FNSEA
Depuis le début des années 1970, la FDSEA et le syndicalisme jeune (CDJA) connaissent des turbulences, avec l’infiltration progressive d’un nouveau courant appelé « Paysans travailleurs » et l’apparition de clivages syndicaux. En février 1982, lors de l’assemblée générale de la FDSEA, les nouveaux responsables issus de ce mouvement font voter une motion pour suspendre l’adhésion de la FDSEA à la FNSEA. En juin 1982, le CDJA décide de ne plus adhérer au CNJA en raison de divergences. Il rejoint la FNSP (Fédération nationale des syndicats paysans), qui venait de se constituer et qui deviendra plus tard la Confédération paysanne.
Une des étapes importantes de ce conflit est le 14 octobre 1982, date de l’assemblée générale de la FDSEA à Veauche. Les responsables en place, considérant que l’encaissement des cotisations est clos au 30 juin, ne convoquent pas 200 délégués à l’assemblée générale. Or, le mot d’ordre avait été donné, le 1er septembre par l’équipe de Claude Chaut (pro-FNSEA) aux syndicats locaux, de verser leurs cotisations à la fédération départementale. C’est alors que 2 500 agriculteurs souhaitant l’unité syndicale et dénonçant le non-respect des statuts suite à la privation du droit de vote de certains délégués, empêchent la tenue de l’assemblée générale à Veauche. C’est au cours de celle-ci que devait être proposé aux adhérents l’arrêt de l’adhésion de la FDSEA à la FNSEA.
Suite à l’annonce de l’annulation de la tenue de l’assemblée générale, une motion est votée. Son contenu est le suivant : « 2 500 agriculteurs de la Loire réaffirment massivement leur volonté de conserver un syndicalisme unitaire, indépendant, revendicatif ; refusent la division voulue par l’équipe dirigeante de la FDSEA ; demandent la mise en place d’une nouvelle assemblée générale se déroulant selon les statuts de la FDSEA ; exigent en conséquence la démission de cette équipe dirigeante. »
Une nouvelle gouvernance s’est ensuite mise en place. Quelques mois plus tard, en février 1983, un nouveau bureau du CDJA, pro CNJA, est aussi reconstitué.
Lucie Grolleau Frécon
Egalement en octobre
Octobre 2005, visite du ministre de l’Agriculture
En octobre 2005, Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, vient rencontrer les agriculteurs de la Loire à l’occasion de la Fête du charolais à Roanne. Une entrevue est organisée avec les responsables de la FDSEA et des JA à la sous-préfecture, qui lui font part de leurs inquiétudes et de leurs revendications.
Octobre 2003 : livraison de trains de paille
Alors que la sécheresse sévit depuis le printemps 2003, une opération collective d’approvisionnement de fourrage et de paille est décidée par le syndicalisme majoritaire et la Chambre d’agriculture. Ils créent l’association Solidarité sécheresse Loire 2003 pour notamment organiser leur acheminement Au début du mois d’octobre 2003, les premiers trains de paille arrivent dans la Loire : 25 wagons, 700 mètres de long, 450 tonnes de paille…
Octobre 2013 : manifestation contre l’écotaxe
Dans la Loire, des actions ont été conduites par la FDSEA et les JA, à l’appel de leurs structures nationales, contre l’écotaxe. Des bâches ont été posées sur les portiques dans la nuit du 21 au 22 octobre 2013. Une délégation de représentants des structures agro-alimentaires ligériennes a également été reçue par Madame la Préfète. Après un mouvement qui a pris une ampleur nationale et qui a finalement dépassé l’agriculture, l’écotaxe a été suspendue par le Gouvernement.