Environnement
L’élevage et les prairies au cœur de l’environnement

La Loire est une terre d’élevage. Une activité qui a façonné ses paysages, tout comme ceux de l’Hexagone, et qui, aujourd’hui encore, participe au maintien et au développement d’une importante biodiversité, capitale dans la lutte contre le réchauffement climatique.

L’élevage et les prairies au cœur de l’environnement
En France, on compte 13 millions d’hectares de prairies valorisés par de l’élevage. ©LGF

L’élevage est régulièrement pointé du doigt pour son impact sur l’environnement. Or, c’est une activité dont les conséquences sont aussi positives. Sans élevage, les paysages ligériens ne ressembleraient pas à ce qu’ils sont aujourd’hui. Le cas des jasseries du Forez est très parlant. Si, en 2024, on considère les terres des Hautes Chaumes comme ‘’naturelles’’, elles ont été avant tout façonnées par l’Homme pour qu’il puisse y mener ses troupeaux.

En France, on compte 250 000 élevages, toute espèce confondue (vaches, moutons, chèvres, chevaux). Ils sont répartis entre les zones où il pleut régulièrement, permettant la pousse de l’herbe et la culture des fourrages, et les zones plus difficiles (montagnes), où qualité du sol et la géographie ne sont pas propices à la culture de céréales. 20 % du territoire français est ainsi valorisé par les élevages de ruminants qui transforment une herbe que l’homme ne peut pas manger.

Les éleveurs français, attachés au bien-être de leurs animaux, produisent en moyenne 90 % de l’alimentation qu’ils leur donnent : une bonne prairie doit pouvoir fournir tous les nutriments nécessaires aux animaux d’élevage. Elle est l’un piliers de la viabilité économique d’une exploitation. Une vache qui donne du bon lait donne du bon fromage. Idem, un bovin bien nourrit fournit une viande de qualité. Selon l’Institut de l’élevage, une ration alimentaire d’une vache contient 60 % d’herbe, se hissant même à 80 % pour les races à viande.

L’Hexagone, c’est aussi 13 millions d’hectares de prairies valorisés. Autant de surfaces dans lesquelles les éleveurs peuvent récupérer la paille pour faire la litière des bêtes dont ils réutilisent les déjections pour produire des énergies renouvelables (méthanisation).

Lutte contre le réchauffement climatique

Les prairies hébergent une très grande biodiversité : une partie visible (bovins, ovins, caprins) et une autre sur laquelle l’attention se porte moins (cervidés, gibiers, plantes, champignons, insectes, micro-organismes...). La France compte 750 000 km de haies bordant les parcelles agricoles, hébergeant de nombreux microcosmes.

L’équilibre de cet écosystème permet au bétail d’être bien nourri, et ainsi produire du lait et une viande de qualité. Le cycle est vertueux : les animaux se nourrissent des végétaux de la prairie, qu’ils fertilisent en retour avec leurs déjections. Un moyen pour l’éleveur de limiter les achats d’engrais, lui évitant une dépense coûteuse. Cette imbrication vient aussi favoriser le développement des plantes et autres fleurs sauvages, véritables joyaux pour les pollinisateurs. Dans cet écosystème, les insectes, oiseaux et petits mammifères peuvent aussi être gages de protection contre les parasites.

Les prairies sont également un moyen de lutter contre le réchauffement climatique. Toutes les espèces animales qui y vivent, fabriquent, à leur façon, de l’humus, favorisant l’émergence des plantes qui stockent le carbone tandis que les lombrics, qui creusent de nombreuses galeries, rendent la terre souple et perméable, permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer dans les sols. D’autres insectes, comme les arthropodes se nourrissent de ces mêmes lombrics et leurs déjections enrichissent le sol qui sera alors moins friable, résistant davantage aux intempéries et au piétinement du troupeau. Selon le ministère de l’Agriculture, un hectare de prairie permanente peut stocker jusqu’à 110 kg de carbone par an.

Plus de 5 millions d’hectares de prairies permanentes sont conduites en zéro phyto, soit 28 % de la Surface agricole utile (SAU). L’élevage joue donc un rôle essentiel dans le maintien des prairies. D’autant que si le bétail ne pâturait pas, elles seraient vouées à disparaître, envahies par les broussailles et les arbustes.

Alexandra Pacrot