Histoire
De deux concours à une Fête du charolais

2018 marque les 50 ans de l’unification des concours de reproducteurs charolais de Roanne et de celui de La Pacaudière. Retour sur l’histoire de ce qui est devenu la Fête du charolais.

De deux concours à une Fête du charolais
Jusqu'en 2009, la Fête du charolais se déroulait au Hall agricole, dans le centre-ville de Roanne. Les animaux reproducteurs étaient jugés dans la cour.

Le concours charolais de Roanne existait déjà au début de XXe siècle. Celui de La Pacaudière a vu le jour en 1922. Jusqu’en 1968, il a cohabité avec celui qui se tenait dans le hall agricole du centre-ville de Roanne. 

Au début des années 60, quelques signes préfigurent d’une évolution dans l’organisation des concours : dès 1960, les éleveurs de race Pie noir évoquent l’idée de faire un concours en juin ; en 1962, l’idée que la vocation du concours de Roanne soit davantage dans la viande que dans le lait fait son chemin. En 1963, les responsables de la Société d’agriculture de Roanne et la Coopérative d’élevage de La Pacaudière décident d’unifier les concours charolais de Roanne et La Pacaudière. Dans la foulée, début 1964, la Fédération d’élevage bovin annonce la spécialisation des concours départementaux : le comice de Feurs est réservé aux animaux de boucherie, les concours de La Pacaudière et Roanne aux Charolais, et création en 1964 à Feurs du concours départemental de races laitières. 

Foire de La Pacaudière en 1923.

1968 : regroupement des deux concours

Le choix de rapprocher les deux concours (un seul et même nom : Concours interdépartemental de la race Charolaise de Roanne – La Pacaudière) et de les spécialiser est fait en 1964. Chacun des deux halls accueillant ces concours étaient limités en places. Ainsi, le Concours interdépartemental de la race Charolaise de Roanne – La Pacaudière se déroule en deux temps, dans l’objectif d’optimiser l’utilisation des halls : en octobre, celui de Roanne reçoit les femelles toutes catégories et les mâles de plus de 18 mois, ainsi que des expositions ovine et porcine ; puis en décembre celui de La Pacaudière accueille uniquement les veaux mâles et les taureaux. Mais rapidement, les deux halls se font une nouvelle fois trop petits (le concours n’occupe qu’une partie du hall de Roanne).

En 1968, les concours de Roanne et de La Pacaudière se regroupent en un seul, à Roanne, offrant ainsi une meilleure vitrine de la race. L’ensemble du Hall agricole est alors utilisé pour le concours, les élus de la collectivité ayant accepté cette idée. D’autres expositions sont adjointes : ovins, matériels d’élevage. Cette année-là est lancé le concours de présentation d’animaux pour les enfants et adolescents. Malgré le regroupement des deux concours, une foire primée de veaux mâles charolais est maintenue à La Pacaudière, ce jusqu’en 2016.

De 1969 à 1992, un concours pour les professionnels

Dans les années 70, le concours se veut professionnel, permettant aux exposants de faire la promotion de leur cheptel et de vendre des reproducteurs. Le concours de reproducteurs charolais demeure l’attraction principale, mais des animations viennent s’y greffer, s’adressant principalement aux éleveurs, notamment dans une optique de promotion des outils de sélection et des filières dédiées à la viande bovine.

1993 : un nouveau tournant

Le nombre d’animaux inscrits au concours charolais de Roanne – La Pacaudière est à la baisse au début des années 90. Les organisateurs souhaitent lui redonner un second souffle, le président Louis Lapendery en tête. Il lance donc l’idée d’un concours d’animaux de boucherie, estimant qu’une telle exposition peut dynamiser la manifestation. Cette innovation doit faire ses preuves dès la première année pour convaincre les plus réticents. Les organisateurs misent sur la qualité des animaux présentés, qui est finalement au rendez-vous, les transactions commerciales le prouvent. 

Le concours de Roanne – La Pacaudière s’ouvre ainsi vers le grand public. L’objectif est de communiquer largement auprès des Roannais sur la viande bovine en s’appuyant sur cette nouvelle exposition, mais aussi sur ce qui existe déjà (animaux reproducteurs, présence de structures de la filière) ainsi que sur des nouveautés spécialement dédiées au grand public : dégustation de viande, repas dansant. C’est ainsi qu’est née la première édition de la Fête du charolais, nouvelle dénomination du concours charolais de Roanne – La Pacaudière utilisée pour communiquer auprès du grand public. Le comité d’organisation du concours et la Chambre d’agriculture sollicitent les bouchers pour qu’ils prennent part à l’organisation de la dégustation de viande et du dîner du samedi. 

De 1994 à 2008 : un outil de promotion de la viande

Après une première édition réussie de la Fête du charolais en 1993, s’appuyant sur le concours de reproducteurs charolais déjà existant, les grandes lignes du programme sont reconduites les années suivantes. Des ajustements sont néanmoins apportés et l’accent est mis sur la promotion de la manifestation et de la viande en amont de l’événement : conférence-débat, menu spécial charolais dans les restaurants, accueil d’enfants de classes d’écoles roannaises au lycée agricole de Chervé, ... Une décision visionnaire quand on sait la défiance des consommateurs envers la viande en raison de l’ESB quelques années après.

2009 : arrivée au Scarabée

Pour des raisons de sécurité, la Fête du charolais ne peut plus se tenir au Hall agricole, dans le centre de Roanne. Les organisateurs en ont eu la confirmation à l’automne 2008. Un compromis est trouvé entre le comité d’organisation, la ville de Roanne et Grand Roanne agglomération (devenu Roannais agglomération) : en février 2009, il est décidé que la Fête du charolais se tiendrait les 24 et 25 octobre au Scarabée de Roanne/Riorges (salle de spectacles). 

Le fond de la manifestation est conservé : il repose sur la promotion de la race Charolaise, et plus largement sur la promotion de la viande de qualité. En plus des animations qui existaient déjà au Hall agricole, des nouveautés sont mises en place pour attirer un large public, à la fois professionnel et non initié. 

Le site du Scarabée offre un vaste espace pour la foire-exposition et un confort inégalé pour les exposants. Le jugement des reproducteurs se déroule à l’abri, dans la salle de spectacle. 

 

Lucie Grolleau Frécon, d’après le livre « La Charolais de la Loire à travers le temps et ses concours »